Des chercheurs ont élaboré une stratégie permettant aux cellules immunitaires exprimant des anticorps d’en produire des plus efficaces, épargnant ainsi la vie de souris infectées par des virus potentiellement mortels. Une méthode qui pourrait dans un avenir proche être utilisée sur l’Homme.
Lors de la production de vaccins, les chercheurs introduisent l’agent infectieux qu’ils ont modifié génétiquement pour le rendre inoffensif, ou une des molécules le constituant. Cela permet au système immunitaire — et plus particulièrement aux lymphocytes B (ou cellules B), de réagir rapidement lors d’une vraie infection après avoir reconnu cette dernière, de produire des anticorps ciblant le pathogène.
Mais la vaccination ne fonctionne pas à chaque fois. Il arrive que des anticorps restent inefficaces contre certaines infections. De nombreux essais de vaccins élaborés contre des microbes ou virus mortels, comme le VIH ou le virus respiratoire syncytial (VRS) (qui cause des infections pulmonaires), se sont conclus par des échecs.
Des immunologistes du Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle et de l’Université de Washington avaient pour objectif de modifier génétiquement des lymphocytes B afin que ces derniers puissent reproduire un anticorps qui avait auparavant montré une certaine efficacité contre le VRS.
Avec l’aide de la technologie CRISPR, ils ont inséré le gène de l’anticorps anti-VRS dans une région du génome de lymphocytes B provenant de souris, qui commencèrent rapidement à l’exprimer. Selon Justin Taylor, directeur de l’étude, plus de 60% des lymphocytes B modifiés étaient capables de produire l’anticorps, un pourcentage qui serait bien plus haut que leur précédentes tentatives de modifications de cellules B.
Le groupe est ensuite passé aux tests in vivo pour vérifier si la transplantation de ces lymphocytes B modifiés dans les souris les protégeait efficacement après qu’ils aient été infectés par le VRS.
Cinq jours après l’exposition au virus, le groupe de contrôle (constitué de souris dans lesquelles des lymphocytes B ne portant pas le gène de l’anticorps anti-VRS avaient été transplantés), montraient des poumons complètement envahis par le pathogène, tandis que ceux des rongeurs qui avaient reçu les lymphocytes B modifiés ne montraient aucune trace de virus.
Les chercheurs ont ensuite transplanté les cellules B modifiées dans des souris immunodéficientes. 82 jours après l’infection, le virus avait disparu de leur organisme.
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Les chercheurs envisagent d’utiliser cette stratégie pour produire des lymphocytes B capables de produire des anticorps efficaces contre d’autres pathogènes dangereux montrant une résistance face aux vaccins conventionnels, comme le VIH. Bien que cela soit rare, certains individus produisent des anticorps d’une grande efficacité contre ce dernier. Il serait possible de reproduire un gène à partir des anticorps de ces personnes, que les chercheurs inséreraient dans des lymphocytes B qui combattraient ainsi le VIH.
Le groupe est optimiste face aux diverses possibilités que cette découverte pourrait offrir. Mais d’autres chercheurs pensent que la vaccination traditionnelle restera pour longtemps la voie la plus employée. En effet, les nombreux traitements basés sur la modification de cellules immunitaires, comme l’immunothérapie contre le cancer, peuvent coûter des centaines de milliers d’euros. Cette méthode sera donc loin d’être accessible à tout le monde.