On en finit jamais d’en apprendre concernant le potentiel des cellules souches pour soigner ou remplacer des organes défaillants. Et cette fois encore, une nouvelle possibilité d’utilisation a été découverte, pour soigner certaines pathologies du squelette. Le lieu d’origine de ces cellules souches est plus étonnant encore, car elles se trouveraient non seulement dans les os, mais également dans les tissus adipeux.
Une équipe de biologistes des cellules souches de l’Université Stanford en Californie a entamé, en 2015, une étude sur les cellules mésenchymateuses, des cellules souches présentes en faible quantité dans la moelle osseuse des adultes. Elles ont la particularité d’être un mélange de différents types de cellules indifférenciées pouvant former une variété de tissus : tissu musculaire, adipeux, conjonctif, sanguin, ou encore osseux.
Les scientifiques ont cherché à reconnaître précisément lesquelles de ces cellules souches seraient capables de se différencier en un nouveau squelette. Pour cela, ils ont travaillé sur des souris génétiquement modifiées, dans lesquelles chaque type de cellule souche avait été coloré différemment pour pouvoir les distinguer, ce qui leur a permis de repérer celui étant capable de former un squelette. Ils ont également identifié les gènes exprimés par les cellules souches, et ont donc pu établir leur signature spécifique.
À lire aussi :
Jeûner pendant 24 heures stimule la régénération des cellules souches, selon une récente étude
Les chercheurs ont ensuite tenté d’identifier ces gènes chez les humains. Cependant, comme ils ne pouvaient pas effectuer de modifications génétiques comme chez les souris dans le but de les repérer, ils ont travaillé sur des os obtenus par le biais d’une compagnie fournissant des tissus prélevés de fœtus humains avortés, ou décédés durant la grossesse.
Dans la région du cartilage, lieu où la croissance des os se produit durant le développement, les scientifiques ont recherché des cellules souches squelettiques en repérant la signature génétique trouvée chez les souris. Ils ont ainsi pu les localiser et les isoler dans des plaques.
Mais il était nécessaire de confirmer que cette signature permettait avec certitude de localiser les cellules souches désirées. Pour cela, les chercheurs ont reçu des fragments d’os provenant d’adultes ayant subi des opérations de la hanche ou du genou. Ils y ont retrouvé cette signature sur certaines cellules, les ont isolées, et ont laissé proliférer ces dernières dans des plaques. Au bout d’un certain temps, les cellules ont formé de nouveaux os et cartilages, et aucune trace d’autres types de tissus n’a été retrouvée.
Les chercheurs ont ensuite reproduit ce type de cellule en grande quantité. Ils ont inséré des cellules souches pluripotentes induites — des cellules auparavant différenciées, mais génétiquement modifiées afin qu’elles perdent leur différenciation — dans des cultures contenant des vitamines et des facteurs de croissance pour les os.
Grâce aux différents composés du milieu dans lequel elles proliféraient, elles ont pu également former de nouveaux os et cartilages. Cette méthode pouvait ainsi leur permettre de reproduire ces cellules en masse.
Cependant, leur recherche ne s’est pas arrêtée là, car ils ont essayé d’identifier d’autres probables sources de cellules souches dans le corps humain, qui permettraient d’en obtenir en plus grande quantité. Et les scientifiques ont fini par en localiser une : les graisses extraites par liposuccion.
En effet, dans les vaisseaux sanguins des tissus adipeux se cachent les cellules stromales, un autre type de cellule souche. Ils ont effectué sur ces dernières la même expérience que sur les cellules souches induites pluripotentes, en les isolant et en ajoutant des facteurs de croissance des os. Elles sont finalement également devenues des cellules souches squelettiques.
Michael Longaker, principal investigateur de la recherche, déclare : « Un demi-million de fois par année, des citoyens américains se font aspirer leur graisse, et elle est rejetée comme un déchet médical. C’est une quantité importante de matériel que nous pourrions utiliser pour générer des cellules souches ».
Il est vrai qu’avec le nombre de personnes ayant recours à la liposuccion, les scientifiques ne risquent pas de manquer de cellules souches pour avancer dans leur recherche, qui pourrait à l’avenir permettre de soigner les rhumatismes, l’ostéoporose, ou encore certaines fractures. Mais comme d’habitude après une découverte importante, il faudra attendre des années avant d’espérer une telle possibilité, car produire en quantité suffisante ces cellules pour des usages médicaux n’est pas une tâche facile.