Une méthode simple et efficace pour éviter la dégradation des vaccins lors de leur exposition à des hautes températures a été développée. Cela pourrait permettre leur transport dans des régions sous-développées en manque d’infrastructures pour les conserver.
Dans certaines régions du monde, l’importation des vaccins peut représenter un véritable défi. La qualité de leur conservation en est la cause. Ces traitements doivent obligatoirement être conservés au frais tout le long du voyage, pour ne pas briser ce qu’on appelle « la chaîne de froid », un principe qui veut que les vaccins (et également la plupart des aliments qui doivent être gardés au frais) restent jusqu’à leur utilisation entre 2 et 8 °C. Une fois une température plus haute atteinte par le produit, sa détérioration débute. Il faut dès lors l’administrer dans l’heure qui suit, autrement, il perdra toute son efficacité.
L’Afrique est particulièrement concernée par ce problème, avec des régions reculées ne possédant aucune infrastructure ni électricité pour le maintien des vaccins.
Des méthodes faisant appel au génie génétique pour rendre les vecteurs plus résistants existent, mais des immunologistes de l’Université McMaster au Canada ont mis au point une solution permettant de protéger le vaccin pendant plusieurs semaines, et ce, sans réfrigération. Cette technique est plus facile que le remaniement des vecteurs, car elle nécessite simplement l’ajout de deux sucres : le pullulane et la tréhalose, connus pour être des conservateurs d’aliments.
Lors de la préparation du vaccin, le vecteur (dans leur cas des virus atténués) est mélangé et séché dans un film composé de ces deux sucres. Le vaccin peut être exporté sous cette forme sans réfrigération, et lors de leur administration, les médecins doivent uniquement ajouter de l’eau pour réactiver le vecteur.
Les chercheurs expliquent dans leur papier publié la semaine dernière, que les deux sucres agissent certainement en synergie, avec le tréhalose qui protège le traitement durant la dessiccation, et le pullulane qui immobilise le virus dans une sorte de matrice, permettant une stabilité de longue durée.
Grâce à cette méthode, les vaccins pour les virus de l’Herpès simplex de type 2 et de l’Influenza A ont montré une conservation de leur efficacité non seulement après leur exposition à la lumière, mais également à 40 °C pendant au moins 2 mois. Cependant, les tests ont été réalisés uniquement sur des souris, bien que les essais sur des humains sont prévus.
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Cette découverte pourrait non seulement bénéficier les régions où le maintien de la chaîne de froid est difficile (voire impossible), mais aussi permettre une importante baisse des coûts, le transport et la conservation pouvant représenter jusqu’à 80% du prix de la vaccination.
L’élaboration de plusieurs autres vaccins avec d’autres vecteurs est en cours. Les chercheurs espèrent particulièrement, grâce à cette technique, permettre une distribution plus efficace du vaccin contre l’Ebola, qui nécessite normalement une conservation entre -70 et -80 °C.