Des centaines de grands flashs provenant de la planète Terre ont été récemment filmés et ont aidé la NASA à résoudre un mystère resté inexpliqué depuis plus de deux décennies.
Ces flashs sont si grands qu’ils peuvent être vus depuis l’espace. À l’origine, les scientifiques pensaient qu’il s’agissait de la lumière du Soleil se reflétant sur l’océan. Mais lorsque la NASA a commencé à repérer ces flash sur la terre ferme, personne n’a pu expliquer de quoi il s’agissait. « Nous avons aussi observé quelques flashs très lumineux sur la terre ferme », explique Alexander Marshak du Goddard Space Flight Center, de la NASA. « Quand je les ai vus pour la première fois, je pensais qu’il y avait de l’eau là-bas, ou un lac, qui reflèterait la lumière du Soleil. Mais le reflet était bien trop grand, alors ce ne pouvait pas être cela », ajoute-t-il.
Grâce à la sonde spatiale Galileo, l’astronome Carl Sagan avait déjà remarqué d’étranges éclairs très lumineux provenant de la Terre, en 1993 déjà. La sonde sans pilote avait été lancée quatre ans plus tôt pour étudier Jupiter et ses lunes, mais Sagan et son équipe ont décidé de profiter de l’un de ses survols au-dessus de la Terre, et ont analysé les données dans le but de trouver des signes de vie sur notre propre planète.
Le but était que, si des signes de vie sur Terre pouvaient être détectés depuis l’espace par les scientifiques, alors tous les potentiels voisins extraterrestres non découverts, pourraient l’être aussi. Dans les données de Galileo, l’équipe a découvert de grands flashs lumineux, réfléchissant la lumière comme des miroirs. Mais à l’époque, ils n’ont découvert ces reflets que dans des régions de la planète couvertes d’eau. « De grandes étendues d’océan bleu et des côtes apparentes sont présentes, et un examen attentif des images montre une région de réflexion spéculaire [en miroir] dans l’océan, mais pas sur terre », a déclaré l’équipe, à l’époque.
Il est donc assez surprenant que, 24 ans plus tard, la NASA ait détecté 866 éclats très lumineux entre juin 2015 et août 2016, tous provenant de la planète Terre.
Lorsque les chercheurs de la NASA ont décidé d’analyser à nouveau les anciennes photos capturées par la sonde Galileo afin de les comparer aux données actuelles, ils se sont vite rendus compte que Sagan et son équipe avaient manqué un détail important : ces étranges flashs étaient également apparus sur la terre ferme durant leur enquête. Ayant pour tâche d’expliquer ce phénomène étrange, Marshak et son équipe ont alors catalogué tous les flashs détectés sur la terre ferme à partir des images de Galileo et du télescope EPIC (Earth Polychromatic Imaging Camera), et ont tracé leurs emplacements.
L’équipe a ensuite émis l’hypothèse que si les flashs étaient causés par la lumière du Soleil, réfléchie par un quelconque élément, alors ils ne pourraient les observer que sur certaines parties du globe, à des endroits où l’angle d’incidence entre le Soleil et la Terre est le même que celui entre l’engin spatial et cette dernière, ce qui permettrait à la sonde spatiale de voir la lumière réfléchie. Grâce à cette hypothèse, les chercheurs ont pu éliminer une cause potentielle des reflets : la foudre. « La foudre ne se soucie pas de l’emplacement du Soleil et du télescope EPIC », explique Marshak.
Pour découvrir ce qui permettait la réflexion de la lumière du Soleil, l’équipe a supposé que l’eau serait toujours la coupable, mais plutôt celle située dans l’atmosphère de la planète, et non à sa surface. C’est à l’aide des données d’EPIC que les scientifiques ont été en mesure de tracer la provenance exacte des reflets, et ont déterminé que la source se situait entre 5 et 8 kilomètres au-dessus de la surface, là où se trouvaient des cirrus (des nuages pleins de cristaux de glace).
Lorsqu’ils ont modélisé la direction de la lumière du Soleil, se reflétant hypothétiquement par le biais des cristaux de glace qui flottaient dans l’air, sur un angle horizontal, les chiffres correspondaient parfaitement aux données d’EPIC et de Galileo. « La source des flashs n’est certainement pas sur la terre ferme. Il s’agit définitivement de la glace, et très probablement de la réflexion solaire en provenance des particules orientées horizontalement », explique Marshak.
La recherche n’a pas encore été évaluée par les pairs. Certains éléments de la découverte pourraient donc encore changer une fois que les données auront été vérifiées de manière indépendante. À présent, les chercheurs examinent la fréquence de ces cristaux de glace horizontaux et tentent de déterminer s’ils ont un impact significatif sur la quantité de lumière solaire qui se reflète dans notre atmosphère.