Des astronomes de l’Université Queen Mary de Londres, ont découvert qu’une molécule organique détectée dans l’amas de matière à partir duquel une étoile se forme, pourrait nous renseigner sur la manière dont la vie a émergé sur Terre.
Les chercheurs rapportent la toute première détection de glycolonitrile (HOCH2CN), une molécule prébiotique — soit une molécule organique formée sans l’intervention externe d’un être vivant — qui existait avant l’émergence de la vie, dans une proto-étoile de type similaire au Soleil, et connue sous le nom de IRAS16293-2422 B.
L’étude a été effectuée en collaboration avec le Centro de Astrobiología en Espagne, l’INAF-Osservatorio Astrofisico di Arcetri en Italie, l’Observatoire européen austral et le Centre Harvard-Smithsonian d’astrophysique, aux États-Unis.
La région chaude et dense dans laquelle se situe IRAS16293-2422 B contient de jeunes étoiles en début de formation, entourées d’un cocon de poussière et de gaz — des conditions nécessaires à la formation d’étoiles, similaires à celles ayant permis le développement de notre système solaire.
La détection de molécules prébiotiques dans des proto-étoiles de type solaire améliore notre compréhension de la formation du système solaire, car elle indique que les planètes créées autour de l’étoile pourraient débuter leur existence avec un approvisionnement en ingrédients chimiques nécessaires à l’apparition d’une forme de vie.
Cette découverte constitue un important pas en avant pour l’astrochimie prébiotique, car le glycolonitrile est reconnu comme étant un précurseur essentiel de la formation de l’adénine, l’une des bases nucléiques (ou nucléobases) formant à la fois l’ADN et l’ARN chez les organismes vivants. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society: Letters.
IRAS16293-2422 B, située dans la constellation d’Ophiuchus, est une proto-étoile déjà bien étudiée et connue des astronomes. Elle se situe dans un système stellaire appelé Rho Ophiuchi, une nébuleuse sombre située à environ 450 années-lumière de la Terre.
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« Nous avons montré que cette importante molécule prébiotique peut être formée dans le matériau à partir duquel les étoiles et les planètes émergent, ce qui nous rapproche encore plus des processus ayant conduit à l’origine de la vie sur Terre » a déclaré l’auteur principal de l’étude, Shaoshan Zeng, de l’Université Queen Mary.
Les chercheurs ont utilisé des données issues du télescope ALMA (Large Millimeter/Subillimetre Array) d’Atacama au Chili pour mettre au jour des preuves de la présence de glycolonitrile dans le matériau à partir duquel l’étoile est en train de se former, en milieu interstellaire.
Avec les données d’ALMA, ils ont pu identifier les signatures chimiques du glycolonitrile et déterminer les conditions dans lesquelles la molécule a été détectée. Ils ont également suivi cette démarche en utilisant une modélisation chimique visant à reproduire les données observées, ce qui leur a permis d’enquêter sur les processus chimiques qui pourraient expliquer l’origine de cette molécule.
Il faut noter que cette découverte fait notamment suite à la détection antérieure d’isocyanate de méthyle (C2H3NO) — ou MIC — au sein du même objet par d’autres chercheurs de l’Université Queen Mary. L’isocyanate de méthyle est un isomère du glycolonitrile : il est constitué des mêmes atomes que le glycolonitrile mais dans une disposition légèrement différente, ce qui signifie que ses propriétés chimiques diffèrent également.