Alors que Boeing fait actuellement face à une crise des relations publiques sans précédent, les deux astronautes testant son nouveau vaisseau Starliner sont bloqués à bord de la Station spatiale internationale (ISS). L’équipage devait entamer un retour sur Terre hier, mais des problèmes techniques de la capsule ont retardé les manœuvres. La NASA procède à un examen technique approfondi avant de décider de la date pour rapatrier les astronautes.
La capsule Starliner a été lancée le 5 juin pour un vol d’essai depuis la station Cap Canaveral en Floride, avec les astronautes Barry Wilmore et Sunita Williams à son bord. Cependant, avec un an de retard et un dépassement de budget de 1,5 milliard de dollars, la mission a enregistré des problèmes techniques bien avant son lancement, liés notamment aux propulseurs du Starliner.
Néanmoins, après deux décollages infructueux (respectivement le 6 mai et le 1er juin) et une petite fuite des réservoirs d’hélium, le lancement a tout de même été effectué. Les responsables de Boeing avaient assuré que les fuites d’hélium et la plupart des problèmes de propulseurs étaient stables et ne constitueraient pas un problème pour la mission de retour.
Cependant, 4 nouvelles fuites d’hélium se sont produites au cours du vol et 5 des 28 propulseurs sont tombés en panne lors de l’approche et de la manœuvre d’amarrage sur l’ISS. Bien que 4 propulseurs aient pu être redémarrés, la date de retour de la mission a été reportée. Alors que la mission devait initialement durer 8 jours, la NASA avait annoncé le 18 juin que la capsule serait rapatriée le 26 juin.
La NASA a également affirmé que les fuites des réservoirs ne représentaient pas de risque pour la sécurité des astronautes. « Seulement sept heures de vol libre sont nécessaires pour effectuer une fin normale de mission, et Starliner a actuellement suffisamment d’hélium dans ses réservoirs pour prendre en charge 70 heures d’activité de vol libre après le désamarrage », a déclaré l’agence dans un article de blog.
Toutefois, à l’issue d’une réunion de haut niveau, le calendrier a encore une fois été ajusté pour reporter la date de retour au mois prochain, le temps que les ingénieurs effectuent une enquête technique approfondie. Plus précisément, la possibilité de retour de l’équipage du Starliner sera évaluée après une sortie dans l’espace le 2 juillet, ce qui signifie qu’il n’y a pas encore de date exacte pour le retour. En attendant, cela fait déjà presque un mois que l’équipage est bloqué à bord de l’ISS.
Un manque de vérification par souci d’économie ?
Les équipes de la NASA et de Boeing évaluent actuellement les impacts potentiels de 5 petites fuites au niveau des réservoirs à hélium sur la mission. Sur la base du taux de fuite actuel, le vaisseau disposerait d’une marge suffisante pour assurer le trajet de retour depuis la station. D’autre part, une vanne d’isolement du comburant (une substance chimique permettant la combustion d’un combustible) du module de service n’était pas correctement verrouillée et a été rectifiée par les équipes au sol. Toutes les autres vannes de comburant et de carburant fonctionnent correctement, selon les ingénieurs.
Toutefois, « nous prenons notre temps et suivons le processus standard de notre équipe de gestion de mission », indique Steve Stich, responsable du programme d’équipage commercial de la NASA, en référence à l’ajustement du calendrier de retour. « Nous laissons les données guider notre prise de décision concernant la gestion des petites fuites du système d’hélium et les performances des propulseurs que nous avons observées lors de l’amarrage », explique-t-il.
D’un autre côté, certains experts soupçonnent que la NASA et Boeing n’ont pas suffisamment considéré ces problèmes de fuite, probablement par souci d’économie. « J’ai le sentiment qu’ils n’ont peut-être pas suffisamment pris en compte l’aggravation de la fuite après le lancement », a déclaré à la BBC Adam Baker, directeur de Rocket Engineering. Cela aurait notamment été extrêmement coûteux, car il aurait fallu retirer la fusée de la rampe de lancement ainsi que le système de propulsion pour les vérifications.
Stich insiste néanmoins sur le fait que Starliner fonctionne correctement en étant amarré à l’ISS. Le temps de mission supplémentaire sera selon lui à la fois utilisé pour les activités de la station et la préparation du retour des deux astronautes. Cela permettrait d’obtenir des informations supplémentaires sur la mise à niveau du vaisseau pour ses prochaines missions de certification. En outre, l’équipage n’est pas limité au niveau du temps pour quitter la station, car il y a beaucoup de ravitaillement en orbite et le programme de missions à bord est ouvert jusqu’à la mi-août.
Starliner est également autorisé à se désamarrer et à retourner sur Terre en cas d’urgence. Par ailleurs, si le vaisseau ne parvient pas à respecter toutes les conditions de sécurité, les astronautes pourront en dernier recours revenir à bord de l’une des capsules Dragon de SpaceX, qui est également actuellement amarrée à l’ISS.