Le plus gros diamant du monde, toutes couleurs confondues, sera mis aux enchères chez Sotheby’s le 3 février 2022. Il a été exposé à Dubaï jusqu’au 20 janvier avant d’être envoyé à Los Angeles (puis à Londres). Il s’agit d’un diamant noir (ou carbonado) baptisé « The Enigma ». Pourquoi fascine-t-il autant les amateurs de belles pierres et les scientifiques du monde entier ? Retour sur un diamant hors du commun.
Ce diamant pesant 555,55 carats et possédant 55 facettes a été façonné pour symboliser la « khamsa » ou « main de Fatma », synonyme de « force et de protection ». Ce mot se traduit en arabe par le chiffre 5, chiffre qui caractérise donc ce diamant. Il pesait environ 800 carats lors de sa découverte, avant d’être taillé. Il a été répertorié au Guinness Book des records en 2006. Les diamants noirs sont extrêmement rares et ne se retrouvent que dans deux zones géographiques limitées, le Brésil et la République Centre-Afrique.
Les premiers diamants noirs furent découverts en 1840 au Brésil, et nommés carbonados en référence à leur aspect carbonisé. Longtemps, ils furent délaissés par les joailliers, et seulement utilisés dans l’exploitation minière pour creuser la roche, tant ils sont durs. Ils ont ensuite servi à tailler les autres diamants à destination de la bijouterie. Mais depuis quelques années, l’engouement pour ce type de diamant grandit, avec des ventes allant jusqu’au million. Leur rareté et leur origine extraterrestre en sont les principales raisons…
Une création cosmique
L’origine des diamants noirs ne semble donc pas être la même que les autres diamants naturels. D’une part. ils ne sont pas retrouvés dans les roches caractéristiques de la formation des diamants. Pour rappel, les diamants naturels, comme les diamants blancs, se forment entre 150 et 800 km de profondeur, là où les pressions et les températures sont telles qu’elles permettent la cristallisation du carbone. Ils remontent à la surface en raison d’éruptions volcaniques. Le magma en fusion forme des roches volcaniques rares contenant ces diamants : la kimberlite en majorité, la lamproïte ou encore la komatiite.
D’autre part, en analysant les carbonados, les géologues se sont aperçus qu’ils étaient constitués d’un agrégat de petits cristaux collés les uns aux autres. Les diamants naturels utilisés en joaillerie sont tous monocristallins, c’est-à-dire formés d’un grand cristal unique.
Il existe diverses théories sur la formation de ces diamants, comme celle des impacts de météorites qui provoqueraient les pressions extrêmes nécessaires à la création des diamants (via un processus appelé métamorphisme d’impact).
En 2006, Stephen Haggerty et Jozsef Garai, lors d’études sur la porosité des carbonados, ont signalé la présence de divers minéraux et éléments, ainsi que l’aspect lustré de la surface et une teneur élevée en hydrogène. Ces données laissent penser que les diamants noirs proviennent « d’un environnement semblable à celui d’une étoile en explosion », les supernovas.
L’onde de choc de l’explosion de la supernova comprime et chauffe la matière environnante. Les carbonados formés lors de cette explosion se retrouveraient alors inclus dans des météorites en formation autour d’une autre étoile, au niveau du disque protoplanétaire. Ce disque correspond au disque de gaz et de poussières entourant une étoile. En l’occurrence, ici, il s’agirait du disque protoplanétaire de notre système solaire.
Ces diamants noirs sont probablement arrivés sur Terre par la chute d’un grand astéroïde, à une époque où Amérique du Sud et Afrique n’étaient pas séparées. C’est pour cela que l’on en retrouve seulement dans ces deux régions. Examinés sous rayonnement infrarouge, ils se sont avérés avoir une gamme chimique les datant d’une période plus ancienne que celle de la formation de la Terre, les situant à environ 4,5 milliards d’années !
Ce diamant noir sera exposé à Londres avant sa mise aux enchères en ligne, le 3 février 2022. Cette vente étant unique, les cryptomonnaies seront de la partie…