La dysfonction érectile est un trouble qui devient de plus en plus fréquent dans le monde. Alors qu’il est normal que les hommes puissent parfois ne pas être en mesure d’avoir une érection, la dysfonction érectile peut parfois être irréversible dans les cas les plus graves. Cependant, afin de s’orienter vers une meilleure prise en charge, il est important de connaître la différence entre une dysfonction érectile temporaire et chronique.
Le dysfonctionnement érectile est un trouble affectant environ la moitié des hommes âgés de 40 à 70 ans, avec une incidence augmentant avec l’âge. On estime que sa prévalence pourrait atteindre 322 millions de personnes au niveau mondial d’ici 2025.
Cette condition se définit par l’incapacité à maintenir ou à atteindre une dureté d’érection suffisante pour assurer une performance sexuelle satisfaisante. Alors qu’il est normal que de légères difficultés érectiles surviennent parfois de manière passagère, ce trouble se caractérise soit par l’incapacité permanente à avoir une érection, soit par des érections trop brèves pour permettre des rapports sexuels, soit par des érections efficaces mais aléatoires.
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’une dysfonction érectile. La plupart des études à ce jour suggèrent une origine organique, c’est-à-dire des pathologies sous-jacentes telles que le diabète et les maladies cardiaques. Des facteurs psychologiques (stress, anxiété, dépression, …), iatrogènes (causés par des blessures traumatiques ou chirurgicales) ainsi que le vieillissement sont également suggérés.
Cependant, la dysfonction érectile a tendance à être sous-estimée, voire ignorée par de nombreux cliniciens, en raison de difficultés liées au diagnostic. En effet, les principales méthodes de diagnostic s’appuient sur des questionnaires (tels que l’indice international de la fonction érectile, ou IIEF) et des évaluations psychologiques. Ces méthodes manquent non seulement de précision, mais sont également sujettes aux réponses subjectives. Les diagnostics basés sur les analyses de laboratoire ne sont généralement effectués qu’en second recourt. Son aspect multifactoriel peut également entraver sa détection.
D’un autre côté, des facteurs psychologiques peuvent aussi entraver la prise de contact avec un clinicien. De nombreux patients ont tendance à attendre que l’affection s’aggrave avant de consulter un médecin. En outre, il peut aussi être difficile de distinguer une dysfonction érectile temporaire d’une dysfonction chronique, ce qui entrave l’adoption de traitements adaptés.
Les mécanismes de l’érection
Afin d’apprendre à faire la différence entre une dysfonction érectile temporaire et chronique, il est important de comprendre les mécanismes de l’érection. Pour qu’elle se produise, le pénis a à la fois besoin d’un apport sanguin suffisant et d’une évacuation sanguine ralentie. Pour ce faire, un fonctionnement approprié des nerfs et des vaisseaux sanguins allant vers le pénis et partant du pénis, des quantités adéquates d’hormones sexuelles ainsi qu’une libido suffisante sont essentielles.
La régulation de ces processus implique différents systèmes neuronaux, y compris les interneurones spinaux ainsi que les nerfs sympathiques et parasympathiques. Les troubles survenant au niveau de ces systèmes peuvent entraîner des anomalies endocriniennes ou cardiovasculaires, qui, à leur tour, peuvent affecter la fonction sexuelle. En conséquence, environ 10 à 19 % des dysfonctions érectiles peuvent être catégorisées en tant que neuropathies centrales, périphériques ou les deux.
D’autre part, l’érection nécessite une stimulation de l’hypothalamus, qui reçoit les informations des organes tactiles, visuels et auditifs. Ce processus implique une voie neuronale entière et des dommages à n’importe quel niveau de cette voie sont ainsi susceptibles de provoquer une dysfonction érectile.
Dysfonction érectile chronique Vs temporaire
Un trouble ou une maladie est dit « chronique » lorsqu’elle persiste dans le temps (généralement plus de 3 mois), est évolutive et a un retentissement sur la vie quotidienne. En revanche, elle est temporaire lorsqu’elle est de courte durée et n’a pas d’impacts majeurs sur le quotidien.
Dans le cas de la dysfonction érectile, la gravité du trouble dépend des facteurs déclencheurs en amont. La plupart incluent des anomalies au niveau des vaisseaux sanguins ou des nerfs du pénis. Les maladies cardiovasculaires peuvent ainsi être impliquées. Par exemple, l’athérosclérose peut entraver le flux sanguin vers le bas du corps, y compris la circulation au niveau des artères allant vers les pénis. D’un autre côté, le sang peut aussi s’évacuer trop rapidement des veines situées dans le pénis, ce qui y diminue la pression sanguine et par extension l’érection. En outre, étant donné ces facteurs, le trouble de l’érection résultant peut être chronique.
D’autres maladies telles que l’obésité et le diabète peuvent également provoquer un trouble de l’érection chronique. La première peut induire une neuropathie périphérique et une athérosclérose, tandis que la seconde engendre des altérations de la structure tissulaire, telles qu’un épaississement des parois vasculaires, une diminution de l’élasticité et un dysfonctionnement endothélial (le tissu tapissant les parois internes). De plus, étant donné qu’ils sont associés à des maladies métaboliques et cardiovasculaires, le tabagisme et l’alcool peuvent aussi être impliqués dans le dysfonctionnement érectile.
Les lésions nerveuses dues à des traumatismes peuvent aussi entraîner une dysfonction érectile chronique. Le nerf caverneux du pénis peut aussi être affecté, ce qui réduit sa densité axonale et ainsi sa conductivité. Si les nerfs sympathiques et parasympathiques émanant de la colonne lombaire sont atteints, les signaux nerveux correspondants sont également entravés et ne peuvent pas parvenir correctement jusqu’au pénis pour induire une érection stable.
De nombreuses interventions chirurgicales peuvent être à l’origine de ces traumatismes, telles que l’ablation de la prostate et la chirurgie colorectale. Une récente enquête a par exemple révélé que les risques de souffrir d’un trouble de l’érection suite à une chirurgie pour un cancer colorectal sont de 10 à 35 %.
Des troubles neurologiques mineurs peuvent être à l’origine d’une dysfonction érectile temporaire, tels qu’une tension prolongée au niveau des nerfs fessiers et autour des régions sexuelles. Cela peut par exemple se produire pendant un long trajet à vélo ou à cheval. Des facteurs psychologiques, tels que le stress et l’anxiété, peuvent aussi être impliqués. Cela peut par exemple se produire face à une situation ou un partenaire spécifiques, tandis qu’une érection normale se produit dans d’autres cas.
Les options de traitement de la dysfonction érectile
Les stratégies actuelles pour traiter la dysfonction érectile incluent les médicaments, la physiothérapie, la psychothérapie et la chirurgie. Les premiers constituent la majorité des traitements de première intention. Ils incluent principalement les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (PDE-5), tels que le sildénafil (ou Viagra), le vardénafil, le tadalafil et l’avanafil. Ces composés permettent de maintenir des taux élevés de Guanosine MonoPhosphate cyclique (GMPc), induisant l’irrigation des corps caverneux du pénis. Tout médicament contre la dysfonction érectile, dont le sildénafil, est disponible en différentes doses. Seul le médecin décide laquelle prescrire au patient.
Les techniques de physiothérapie incluent la stimulation électrique à basse fréquence, les ondes de choc extracorporelles de faible intensité, l’acupuncture, etc. Des dispositifs de pompes électriques à vide maintenant l’érection par le biais d’une pression négative peuvent également être utilisés. La pression négative dilate le sinus veineux caverneux, augmente la perfusion de l’artère caverneuse et, à terme, permet d’obtenir une érection de manière autonome.
La chirurgie est généralement utilisée en dernier recourt et consiste par exemple à la revascularisation de la verge par le biais de pontages artériels. Cette technique s’adresse surtout aux jeunes patients ayant subi une lésion suite à un traumatisme. Une autre possibilité consiste à implanter une prothèse pénienne à l’intérieur des corps caverneux. Il s’agit d’une intervention relativement lourde et généralement réservée aux hommes adultes souffrant de troubles érectiles irréversibles.
Il est toutefois important de considérer qu’afin de bénéficier de la meilleure prise en charge, la meilleure option est de consulter l’avis d’un professionnel. Comme tout traitement, l’automédication est fortement déconseillée.