Voyager en avion sur de courtes distances peut être low cost, cependant, les émissions de CO2 engendrées sont tout sauf basses. Pour pallier ce problème, une petite entreprise britannique a pour projet de mettre en service des dirigeables destinés à des vols commerciaux courts d’ici 2025. Selon les estimations, ce modèle de transport aérien permettrait de réduire de 90% les émissions de CO2 par rapport aux avions.
La société derrière ce projet est Hybrid Air Vehicles (HAV). Elle a présenté mercredi une série de liaisons qu’elle espère desservir dès 2025. Pour cela, elle comptera entre autres sur son dirigeable Airlander 10, d’une capacité de 100 passagers, qui reliera notamment Barcelone à Palma de Majorque en quatre heures et demie.
Selon la société, un tel voyage en dirigeable serait donc approximativement de même durée qu’un voyage en avion, tout en générant une empreinte carbone beaucoup plus faible. HAV a déclaré que l’empreinte CO2 par passager sur son dirigeable serait d’environ 4,5 kg, contre environ 53 kg pour un avion à réaction moyen. Parmi les autres liaisons prévues : Liverpool-Belfast, qui prendrait cinq heures et vingt minutes ; Oslo à Stockholm, en six heures et demie ; et Seattle à Vancouver, en un peu plus de quatre heures.
Une solution pratique aux défis posés par la crise climatique
HAV a déclaré que son avion était « parfaitement adapté aux applications de mobilité interurbaine telles que Liverpool à Belfast et Seattle à Vancouver, qu’Airlander peut desservir avec une fraction infime des émissions des options aériennes actuelles ».
« Ce n’est pas un produit de luxe, c’est une solution pratique aux défis posés par la crise climatique », a déclaré Tom Grundy, directeur général de HAV, qui compare l’Airlander à un « ferry rapide ». Selon lui, 47% des vols régionaux en avion relient des villes distantes de moins de 370 km et émettent ainsi une énorme quantité de dioxyde de carbone. « Nous avons des avions conçus pour parcourir de très longues distances, utilisés sur de très courtes distances, alors qu’il existe en fait une meilleure solution », a déclaré Grundy. « Combien de temps encore allons-nous pouvoir nous offrir le luxe de parcourir ces courtes distances avec une empreinte carbone aussi importante ? ».
Selon Grundy, l’Airlander 10 hybride-électrique pourrait effectuer les mêmes liaisons avec 90% d’empreinte carbone en moins à partir de 2025, et avec des émissions encore plus faibles à l’avenir, lorsque les dirigeables devraient être entièrement électriques. « C’est une victoire rapide pour le climat », a-t-il déclaré. « Surtout lorsque vous l’utilisez pour franchir un obstacle comme l’eau ou les collines ».
HAV a déjà signé un accord pour livrer un dirigeable à la société de voyage de luxe suédoise OceanSky Cruises, qui a déclaré qu’elle avait l’intention d’utiliser l’engin pour offrir un « voyage expérimental » au-dessus du pôle Nord avec l’explorateur arctique Robert Swan.
Produire 12 dirigeables par an à partir de 2025
Grundy a déclaré que l’entreprise était en phase finale de choix d’un emplacement pour sa ligne de production de dirigeables, qu’il espère sera au Royaume-Uni. Il a ajouté que l’entreprise embaucherait environ 500 personnes directement impliquées dans la construction des dirigeables, et qu’elle soutiendrait 1500 autres emplois dans la chaîne d’approvisionnement. HAV emploie actuellement environ 70 personnes, principalement dans la conception, dans ses bureaux de Bedford. Grundy a aussi déclaré que l’entreprise avait pour objectif de produire environ 12 dirigeables par an à partir de 2025.
L’engin de base a été conçu à l’origine comme un véhicule de surveillance pour les missions de renseignement en Afghanistan. HAV affirme que des estimations indépendantes évaluent la valeur du marché des dirigeables à 50 milliards de dollars pour les 20 prochaines années. L’entreprise vise à vendre 265 de ses Airlander au cours de cette période.
Le prototype Airlander 10, d’une valeur de 29 millions d’euros, a effectué six vols d’essai, dont certains se sont mal terminés. Il s’est écrasé en 2016 lors de son deuxième vol d’essai, après un voyage inaugural réussi de 30 minutes. « L’Airlander a subi des dommages à l’atterrissage pendant le vol d’aujourd’hui. Aucun dommage n’a été subi en plein vol ou à cause d’un poteau télégraphique comme cela a été signalé », a tweeté à l’époque HAV.
L’Airlander 10, qui peut décoller et atterrir de presque n’importe quelle surface plane, a atteint des hauteurs de 2100 m et des vitesses allant jusqu’à 50 nœuds (92 km/h) lors de ses derniers tests. Pour l’instant, HAV est en discussion avec un certain nombre de compagnies aériennes pour exploiter les routes, et devrait annoncer les premières compagnies aériennes clientes (et itinéraires) dans les prochains mois. Les compagnies qui adhéreront au projet pourront alors commencer à réduire leur nombre de vols entre les villes voisines.
Qui paye ? À ses débuts, HAV a bénéficié des fonds de Peter Hambro, fondateur de l’entreprise russe d’extraction d’or Petropavlovsk, et de Bruce Dickinson, leader d’Iron Maiden. L’entreprise a aussi eu le soutien du gouvernement britannique et des subventions de l’Union européenne.
Tour virtuel présentant la cabine du Airlander :