Près d’un demi-million de dollars, c’est la somme que le département américain de la Défense a consacrée à la recherche scientifique « marginale », avec pour objectif de pouvoir disposer un jour d’un avion hors norme, défiant les lois de la physique. L’équipe de The Drive, qui s’intéresse de près à ces technologies expérimentales, a obtenu récemment de nouveaux documents de la Défense décrivant le projet.
Ce projet d’avion hors du commun s’inscrit dans une recherche plus large dirigée par le Dr Salvatore Cezar Pais, un ingénieur aérospatial employé par la Naval Air Warfare Center Aircraft Division (NAWCAD). Cet inventeur est à l’origine de nombreux brevets encadrant des technologies relativement futuristes, destinées à l’armée ou à la production d’énergie. L’homme est cependant controversé dans la communauté scientifique, du fait que ses inventions semblent la plupart du temps irréalisables.
Ces dernières années, Pais a ainsi breveté un certain nombre de concepts pour le gouvernement fédéral, dont la plupart sont liés à la création d’un engin hybride, aérospatial et sous-marin, capable de « façonner le tissu de notre réalité au niveau le plus fondamental », selon ses propres termes. L’engin dépasserait en effet toutes les technologies connues, en termes de vitesse et de maniabilité, aussi bien dans l’air et dans l’espace que dans l’eau, le tout sans laisser de signature thermique.
Objectif : régner sur le champ de bataille
Dans la série de brevets dont il est l’auteur, Pais écrit que la vitesse et la manoeuvrabilité exceptionnelles de l’appareil peuvent être obtenues en couplant un « spin accéléré » ou une « vibration accélérée » avec des « vibrations à haute fréquence de systèmes chargés électriquement ». Une technologie qui révolutionnerait les systèmes de propulsion, selon lui.
En d’autres termes, si l’on dispose d’un supraconducteur à température ambiante capable de stocker une quantité d’énergie incroyablement élevée et du champ d’énergie créé par ce supraconducteur, autour ou à l’intérieur de l’engin se déplaçant à très grande vitesse, il est théoriquement possible de créer un vide d’énergie autour de lui. C’est pourquoi, comme expliqué dans le brevet décrivant le « générateur de champ électromagnétique à haute énergie », l’engin en question peut ignorer les forces aérodynamiques ou hydrodynamiques.
La NAWCAD aurait ainsi passé trois ans à tester cette théorie, baptisée « effet Pais », via son Naval Innovative Science and Engineering – Basic & Applied Research Program. Selon les documents récemment obtenus (grâce au Freedom of Information Act) par l’équipe de The Drive, des expériences réussies, visant à tester les principes sur lesquels repose ce vaisseau, suggèrent qu’il pourrait être possible de créer à terme « des systèmes de propulsion de nouvelle génération pour toutes les branches de l’armée », afin de garantir que les États-Unis « gagnent l’avenir et atteignent la suprématie sur le champ de bataille ».
Les photographies, dessins techniques détaillés et comptes-rendus de tests réels inclus dans les documents, montrent que la faisabilité du vaisseau imaginé par Pais a été très sérieusement étudiée par les chercheurs. Ceux-ci ont notamment réfléchi à la manière dont certains éléments pourraient aboutir à « une arme de modification de l’espace-temps » si l’on en croit les documents. Mais ce concept sorti tout droit d’un film de science-fiction n’a pas été détaillé plus que cela.
À noter que les brevets déposés par Salvatore Cezar Pais sont disponibles et consultables sur Google Patents. Parmi eux se trouve le brevet décrivant le prototype d’avion utilisant un dispositif de réduction de masse inertielle, déposé fin 2018. L’appareil, de forme triangulaire, n’est pas sans rappeler les appareils étranges signalés par les amateurs d’ovnis.
Une guerre froide « technologique »
Si les forces armées américaines investissent dans ces technologies futuristes « clandestines », c’est surtout par crainte que la Chine ne surpasse les États-Unis dans ce domaine. Le chef de la technologie de l’US Navy a lui-même confirmé l’existence d’une pseudo guerre froide entre les deux nations. Au moment de la demande de dépôt, le Dr James Sheehy, Chief Technical Officer (CTO) de la Naval Aviation Enterprise avait personnellement écrit une lettre à l’attention de l’US Patent Office (l’office américain des brevets) affirmant que les États-Unis avaient besoin du brevet, car les Chinois « investissaient déjà de manière significative » dans ces technologies aérospatiales, qui semblent étrangement similaires aux ovnis signalés par des pilotes de l’US Navy.
Depuis plusieurs années, le département américain de la Défense investit dans cette science atypique et futuriste, dans le but de découvrir de nouveaux avantages contre de potentiels « ennemis ». Ces recherches englobent un large éventail d’expérimentations, telles que le projet STAR GATE, lancé par la CIA dans les années 1970 (en réponse aux recherches que menaient les Russes sur les phénomènes psychiques) ; ce projet, qui visait à développer la « visualisation à distance contrôlée », a été abandonné en 1995.
Autre sujet de recherche étrange : une technologie permettant de faire entendre des voix aux gens (ou aux animaux), un type de dispositif appelé Voice-To-Skull, qui permettrait de contrôler les esprits. Cette arme, désignée comme non létale, comprend un dispositif neuroélectromagnétique utilisant la transmission de sons via un rayonnement micro-ondes modulé par impulsions et un dispositif sonore silencieux, pouvant transmettre ces sons.
Si l’armée semble avoir fait une croix sur ces projets, l’avion hybride imaginé par Pais reste à l’étude. Le fameux générateur de champ électromagnétique à haute énergie intéresserait d’autres agences de défense, dont l’Office of Naval Research (ONR), le Air Force Research Laboratory (AFRL), la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) et la NASA. Les documents recueillis attestent qu’une équipe d’une dizaine de techniciens et ingénieurs a été affectée à la conception du projet et que des tests ont été menés en septembre 2019.