Alors que la Russie vient d’être frappée par un séisme de magnitude 8,8, le volcan Klyuchevskoy, situé dans la même région du Kamtchatka, est entré en éruption. Selon les experts, le volcan présentait déjà des signes d’instabilité avant le tremblement de terre, mais l’intensité de l’éruption a probablement été amplifiée par celui-ci. L’étendue des dégâts reste à ce jour inconnue, et de nouvelles explosions de cendres pourraient survenir à tout moment.
Située à l’extrémité orientale de la Russie, à la frontière du Pacifique, la péninsule du Kamtchatka figure parmi les zones tectoniques les plus actives de la planète, en raison de sa position au cœur de la « Ceinture de feu du Pacifique ». Cette zone, en forme de fer à cheval, s’étend du sud du Chili jusqu’à la côte ouest des États-Unis, en passant par les littoraux russes et japonais. Elle est connue pour ses éruptions volcaniques explosives et ses séismes particulièrement violents.
Cette activité est due à la subduction de plusieurs plaques océaniques du Pacifique, lorsque l’une d’elles glisse sous une autre. Ce phénomène abaisse le point de fusion des roches du manteau terrestre, entraînant la formation de poches de magma susceptibles de remonter à la surface sous forme d’éruptions. Le rapprochement des plaques engendre par ailleurs des séismes. On estime que la Ceinture de feu concentre près de 75 % des volcans actifs de la planète, et qu’elle est à l’origine de 90 % des séismes recensés.
Classé comme mégaséisme — c’est-à-dire d’une magnitude supérieure à 8 —, le tremblement de terre survenu à environ 137 kilomètres au large des côtes du Kamtchatka, hier à 11h25 (heure locale), est l’un des plus puissants jamais enregistrés. Il se classe en sixième position, à égalité avec ceux de Maule (Chili, 2010) et de la frontière équatoro-colombienne (1906). À titre de comparaison, le plus fort jamais mesuré, de magnitude 9,5, a eu lieu à Valdivia, au Chili, en 1960.
En réponse à la secousse, des alertes au tsunami ont été émises dans l’ensemble du bassin pacifique, notamment à Hawaï, en Alaska, en Californie, mais aussi en Russie et au Japon. Les premières vagues ont atteint les côtes hawaïennes, entraînant l’évacuation précipitée de milliers de personnes. Celles qui ont frappé la Californie n’ont toutefois pas causé de dommages notables. À ce stade, toutes les alertes au tsunami ont été levées, tant en Amérique que dans les autres régions concernées.
Les effets du séisme semblent néanmoins plus étendus que prévu : quelques heures après les premières secousses, le volcan Klyuchevskoy est entré en éruption. « Une descente de lave chaude est observée sur le versant ouest », a indiqué le Centre géophysique de l’Académie des sciences de Russie dans une publication sur Telegram. Les autorités font également état d’explosions, manifestées par un puissant flash visible au sommet du volcan.
Des panaches de cendre s’élevant jusqu’à 2,5 kilomètres de haut
Culminant à 4 754 mètres, le Klyuchevskoy est le volcan actif le plus élevé d’Asie et d’Europe, et figure parmi les volcans les plus actifs actuellement observés. Il se situe à quelque 450 kilomètres au nord de Petropavlovsk-Kamtchatski, capitale régionale du Kamtchatka. Sa dernière éruption, survenue en 2023, avait projeté des panaches de poussière et de cendres longs de 1 600 kilomètres, s’élevant jusqu’à 12 kilomètres d’altitude.
La nouvelle éruption a généré des panaches de cendres atteignant 2,5 kilomètres de hauteur et s’étendant sur au moins 58 kilomètres vers l’est. Les experts locaux alertent sur la possibilité de colonnes s’élevant jusqu’à 8 kilomètres dans les heures ou jours à venir. D’après un représentant de l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), ce type d’éruption violente est typique des volcans très actifs.
Cependant, cette manifestation volcanique pourrait avoir été accentuée par le séisme. « Bien que le grand tremblement de terre d’hier n’ait pas provoqué le début de l’éruption, il a probablement augmenté sa vigueur, notamment l’émission de cendres », a expliqué ce même responsable au site LiveScience.
Pour l’heure, les conséquences exactes de l’éruption demeurent incertaines. Mais le village de Klouïchi, situé à une trentaine de kilomètres du volcan, pourrait être affecté si les coulées de lave et de cendres se poursuivent.