Samedi matin à 03h23 (heure française), une gigantesque éruption solaire de classe X5.8 a eu lieu, suivie de près par une autre de classe X1.5. Émanant de la région de taches solaires AR3664, les éruptions ont provoqué une tempête géomagnétique de niveau G5, la plus extrême depuis 2003. Cela a engendré des pannes radio un peu partout en Asie de l’Est et en Amérique du Nord, tandis que des aurores ont pu être observées jusqu’au sud de la France et, quant aux États-Unis, jusqu’en Floride.
Sur le point d’atteindre son pic d’activité (selon un cycle de 11 ans), le Soleil est extrêmement actif depuis de début de l’année. Rien que ce mois-ci, 83 éruptions de classe M et 11 de classe X se sont produites entre le 1er et le 11 mai. De catégorie X5.8, celle de samedi 11 mai a été la deuxième éruption la plus intense du cycle solaire actuel (cycle solaire 25), suivant celle du 22 février de cette année, de catégorie X6.3. Celles du 6 et du 10 mai, catégorisées respectivement X4.5 et X3.9, la suivent de près. La catégorie X désigne les éruptions solaires les plus intenses.
Selon le Space Weather Prediction Center (SWPC) de la NOAA, l’éruption de classe X5.8 a culminé exactement à 03h23 samedi dernier (heure française). Puis, à 10h44 dans la même journée, une autre éruption de classe X1.5 a eu lieu. Les deux proviennent d’une vaste région de taches solaires s’étendant sur environ 17 fois le diamètre de la Terre.
Une intense activité qui pourrait persister encore aujourd’hui
Les éruptions solaires de samedi ont provoqué une tempête géomagnétique extrême de catégorie G5 (le niveau le plus élevé), qui figurera probablement longtemps parmi les records. Enregistrant un indice de perturbation du temps de tempête (« Disturbance Storm Time », ou DST) de -412 nanoteslas (nT), il s’agit de la tempête la plus intense depuis 2003, cette dernière ayant culminé à -422 nT.
Le DST est une mesure utilisée pour évaluer l’intensité des tempêtes géomagnétiques. Il se traduit par la moyenne de la composante horizontale du champ magnétique terrestre mesurée dans quatre observatoires géomagnétiques proches de l’équateur. Il mesure également la croissance et l’accumulation du courant annulaire (le courant électrique transporté par les particules chargées) dans la magnétosphère terrestre. Plus ces valeurs sont basses, plus la magnétosphère stocke de l’énergie et plus la tempête géomagnétique est intense.
Les éruptions solaires peuvent avoir un impact sur les communications radio, les réseaux électriques, les signaux de navigation et présenter des risques pour les vaisseaux spatiaux et les astronautes, indique la NASA. La récente tempête géomagnétique a ainsi provoqué des pertes temporaires ou complètes des signaux radio à haute fréquence au niveau de certaines zones ensoleillées du globe (au moment des éruptions), notamment en Asie de l’Est, en Australie et en Nouvelle-Zélande, dans les îles du Pacifique, en Alaska et au Canada. Des perturbations des réseaux électriques et de télécommunications pourraient survenir dans les prochains jours.
Les flux de particules chargées amenés par la tempête géomagnétique ont provoqué des aurores jusqu’aux basses latitudes, notamment jusqu’en Allemagne, en Hongrie, en Autriche, en France (jusqu’au sud), en Australie. Aux États-Unis, des aurores ont été visibles jusqu’en Floride. Par ailleurs, selon les estimations de la SWPC, les éjections de masse coronale (CME) attendues pourraient provoquer d’autres tempêtes allant du niveau G4 à G5.
D’autre part, la région solaire AR3664 pourrait rester très active jusqu’à aujourd’hui, avec une forte probabilité d’éruptions de classe M (95%) et X (75%). « Nous allons encore vivre quelques jours avec une météo spatiale orageuse », a conclu l’agence.