Ce drôle d’engin a écopé du surnom « d’égouttoir volant » dans certains médias américains. S’il est vrai que son allure est un peu étrange, le drone développé par Undefined Technologies est un petit concentré de technologie. Il utilise notamment le « vent ionique » pour se déplacer dans les airs.
Cela fait déjà deux ans que l’entreprise, basée aux États-Unis, fait parler de son projet de drone à propulsion ionique. Il semble cependant que le projet ait poursuivi sa progression, puisque Undefined Technologies a annoncé sa volonté d’amener un lancement commercial de ce drone en 2024. Dénommé « Silent Ventus », la machine a la particularité de n’utiliser aucun propulseur pour se maintenir dans les airs. En réalité, c’est sa structure dans son ensemble qui lui permet de se déplacer.
Le processus est le suivant : les « grilles » dont il est composé sont conçues pour créer des champs électriques à haute tension. Ceux-ci peuvent ioniser (charger d’électricité) les molécules d’azote et d’oxygène dans l’air, libérant des électrons. Une grande quantité de molécules d’azote, principalement, chargées positivement, est alors créée. Celles-ci sont attirées vers une électrode chargée négativement. À mesure qu’elles accélèrent, elles frappent d’autres molécules d’air et les heurtent dans la même direction. C’est ce qu’on appelle le « vent ionique ». La poussée qui en résulte sert à propulser le drone dans les airs.
La technologie en elle-même n’est pas nouvelle. Elle a notamment déjà été exploitée dans le domaine spatial, lors de différentes missions. Quelques projets terrestres l’ont aussi utilisée, à petite échelle : dans le cadre d’un projet français, Orville la souris avait pris son envol dans une grande structure planante très légère en 2003.
Pourtant, Undefined Technologies affirme que sa technologie, baptisée « Air Tantrum », produit « des niveaux de poussée plus élevés, jusqu’à 150% par rapport aux technologies actuelles de propulseurs ioniques ». Cela représenterait une belle évolution en comparaison de la première vidéo de démonstration qui avait été publiée en 2020. Celle-ci ne montrait que quelques secondes d’un vol somme toute assez bancal en intérieur, dans un espace très réduit.
Un temps de vol en augmentation
En décembre 2021, l’entreprise avait publié une vidéo de 39 secondes, et affirmait avoir réussi à finaliser un vol de deux minutes trente. Aujourd’hui, c’est quatre minutes et trente secondes de vol qu’elle assure avoir réalisé, bien que la nouvelle vidéo de présentation soit éditée, et montre une minute et 17 secondes d’images montées.
L’entreprise affirme également avoir atteint un niveau sonore de 75 décibels, soit plus ou moins l’équivalent d’un aspirateur. Pas vraiment silencieux, donc : les concepteurs du drone ont cependant réduit le bruit, puisque leur premier prototype était plutôt à un niveau sonore de 90 décibels. Undefined Technologies appelle à de nouveaux investissements dans un produit de drone de livraison de fret qui, selon lui, volera pendant 15 minutes et générera moins de 70 dB d’ici la fin de 2023. « Ce vol de plus de 4 minutes a nécessité des avancées dans la composition chimique des batteries, qui peuvent désormais nous fournir des densités d’énergie plus élevées », déclare l’ingénieur aérospatial en chef d’Undefined, Thomas Benda Jr., dans un communiqué de presse.
Ce qui n’empêche pas certains médias, comme le New Atlas, de se montrer sceptiques dans leurs articles. « ll reste un flou quant au fait de savoir si atteindre 15 minutes d’endurance nécessitera de nouvelles avancées dans la chimie des batteries, ou si cette société a d’autres tours dans sa manche ». La question de la charge, concernant un drone de livraison, se pose également. Enfin, concernant le bruit émis, il est difficile de savoir à quelle distance il a été enregistré, ce qui peut indéniablement faire varier la performance. Si l’entreprise parvient à convaincre les investisseurs, ces points seront peut-être élucidés dans un futur proche.