Le lancement de Terran 1, la première fusée imprimée en 3D au monde, a été suivi hier par des millions de personnes à travers le globe. Malheureusement, ce décollage depuis la Floride (États-Unis) tant attendu ne s’est pas déroulé comme prévu et pour cause : un problème de température du carburant. Cet imprévu est probablement la conséquence de la décision précipitée de Relativity Space — la start-up qui a conçu la fusée — de sauter une étape de test pour passer directement à la mise en orbite.
Mesurant environ 35 mètres de haut, Terran 1 est le plus grand objet imprimé en 3D à tenter un vol orbital, 85% de sa masse totale étant imprimée. Malgré ces mensurations, il s’agit tout de même de l’une des plus petites fusées orbitales de l’industrie aérospatiale. Elle est d’ailleurs conçue pour supporter jusqu’à 1250 kilogrammes de charge en orbite terrestre basse. Les dispositifs assemblés de la fusée sont entièrement réutilisables et chaque vol se chiffrerait à 12 millions de dollars, selon les responsables de Relativity Space. À titre de comparaison, la fusée Falcon 9 de Space X peut supporter 22 000 kilogrammes et un vol coûte environ 67 millions de dollars.
Afin de maximiser les chances de réussite du premier vol d’essai, Terran 1 n’a pas porté de charge utile. Cependant, la start-up a décidé de ne pas effectuer de « tir statique », une étape classique de test où l’on démarre et l’on vérifie la résistance du moteur de la fusée, pendant qu’elle est fixée au sol. En effectuant cet essai et les ajustements éventuels, la probabilité d’échec/report du premier lancement aurait été largement réduite. Malheureusement, la société a décidé de sauter cette étape afin de préserver les moteurs d’une usure prématurée.
L’impression 3D pour réduire les coûts
La fusée Terran 1 est un prototype de test pour Terran R, une plus grande fusée de 66 mètres de haut (et qui pourrait supporter 20 000 kilogrammes de charge) que la start-up compte lancer en 2024. À savoir que les dispositifs des fusées Terran sont conçus pour être entièrement réutilisables, grâce à la combinaison de l’impression 3D, de l’intelligence artificielle et de la robotique autonome. L’entreprise imprime elle-même les dispositifs structurels et les moteurs des fusées, simplifiant ainsi les délais de la chaîne d’approvisionnement. De plus, grâce à cette simplification, les fusées peuvent être construites avec 100 fois moins de pièces que les fusées standard, et en seulement 60 jours.
Plus précisément, Relativity Space se concentre sur la production de dispositifs aérospatiaux plus légers et plus rentables, par le biais d’une itération rapide. Pour ce faire, l’entreprise a développé une série d’imprimantes baptisées Stargate capables d’utiliser des matériaux spécialement adaptés aux grandes dimensions (très résistants). Cette prouesse est notamment rendue possible grâce à une impression à l’horizontale, une nouveauté dans le domaine de l’impression 3D.
« Terran R sera le premier produit d’une série à bénéficier de l’utilisation de matériaux plus légers et d’un temps de production plus rapide, engendrant des réductions de coûts significatives pour les clients en aval », écrivent les responsables de l’entreprise dans un communiqué. Cette rapidité d’itération permet de concevoir en un temps record des appareils qui nécessiteraient plusieurs années de construction avec les méthodes traditionnelles. À l’heure actuelle, Relativity Space serait opérationnelle à 33% et une douzaine d’imprimantes Stargate sont prévues pour la construction des fusées Terran R. Chaque imprimante permettra de produire 4 fusées par an d’après les estimations de l’entreprise.
Par ailleurs, les moteurs de Terran 1 fonctionnent au méthalox, un mélange de méthane et d’oxygène liquide. Ce carburant présenterait notamment de nombreux avantages par rapport au kérolox (un composé à base de kérosène couramment utilisé par la plupart des fusées), si bien que d’autres entreprises telles que SpaceX se sont tournées vers son utilisation.
Malgré ces prouesses technologiques, l’entreprise rencontre visiblement des problèmes techniques. Anticipant probablement la réaction des internautes, l’entreprise a désactivé les commentaires sur la vidéo de retransmission en direct du lancement de Terran 1. Aux dernières nouvelles, la société communiquera prochainement une nouvelle date de lancement après avoir réglé le problème lié à la température du carburant.
L’objectif de Relativity Space est de développer des offres aérospatiales commerciales « abordables » pour un jour faciliter les missions entre la Terre, la Lune et Mars en servant de cargo de réapprovisionnement et de relais. Le but ultime étant d’établir une base industrielle sur Mars.
VIDÉO : enregistrement de la retransmission en direct du lancement de Terran 1 (© Relativity Space) :