Avec les douleurs lombaires, les douleurs cervicales (ou cervicalgies) constituent un motif fréquent de consultation médicale. Et pour cause : nous sommes nombreux à passer nos journées assis devant un écran, souvent bien mal positionnés — d’autant plus depuis l’augmentation du télétravail. Outre une mauvaise posture, l’arthrose ou un traumatisme peuvent également être à l’origine d’une cervicalgie. En plus de la douleur ressentie au moindre mouvement de la tête, d’autres symptômes peuvent apparaître : maux de tête, vertiges, fatigue. Des traitements permettent néanmoins de soulager rapidement la douleur.
Notre cou assure la (lourde) tâche de supporter notre tête toute la journée ; mais si l’on adopte une mauvaise posture, la tâche est d’autant plus difficile et entraîne des contractures dans la colonne cervicale. Celle-ci se compose de sept vertèbres (C1 à C7), séparées par des disques fibrocartilagineux qui lient les vertèbres entre elles, assurent la mobilité de l’articulation et amortissent les chocs — tout comme dans le reste de la colonne vertébrale. À noter au passage que la plupart des mammifères possèdent sept vertèbres cervicales, même la girafe !
Une douleur cervicale peut être due à une lésion au niveau des os, des muscles, des disques ou des ligaments ; les contractures musculaires (torticolis), l’arthrose ou encore une hernie discale sont les causes les plus fréquentes. La douleur peut également être due à une lésion des nerfs ou de la moelle épinière. Lorsque la douleur irradie dans l’épaule et/ou le bras, on parle de névralgie cervico-brachiale ; celle-ci résulte de l’irritation d’une racine nerveuse par une excroissance osseuse. Par ailleurs, si vous faites partie des personnes dont le cou craque au moindre mouvement (ou presque), vous souffrez de cervicales trop mobiles — un trouble qui entraîne un manque de stabilité articulaire.
Le smartphone à l’origine d’un nouveau syndrome
Les mauvaises postures sont fréquentes, notamment de par l’usage intensif des smartphones. Une étude publiée dans PLOS One en 2018 a révélé que l’utilisation prolongée du téléphone portable — et en particulier des applications de messagerie, qui nécessitent d’avoir les yeux rivés sur l’écran — peut provoquer des douleurs au cou et avoir un impact sur les tissus mous qui entourent la colonne vertébrale. Ce trouble très fréquent a été nommé syndrome « text-neck ». Très souvent, la tête est trop penchée vers l’avant, afin de diriger le regard vers l’écran du téléphone, ce qui entraîne un allongement excessif des muscles et ligaments à l’arrière du cou. Un (mauvais) mouvement qui est malheureusement répété jusqu’à plusieurs centaines de fois par jour…
Une étude plus récente, publiée en novembre 2021 dans Journal of Musculoskeletal Surgery and Research, menée sur plus de 400 étudiants en médecine, a révélé une prévalence de 68% du syndrome text-neck parmi ces derniers. Les chercheurs ont précisé que les plaintes musculo-squelettiques les plus fréquentes des utilisateurs d’appareils mobiles sont liées au cou et que plusieurs études avaient déjà mis en évidence une relation significative entre les douleurs cervicales et la dépendance au smartphone.
Même problème de posture devant un écran d’ordinateur : la tête est généralement fléchie à l’avant du corps, ce qui entraîne une tension au niveau de la nuque ; les muscles se contractent et causent des douleurs. À savoir que le stress ou le froid (en particulier en cette période hivernale) nous incitent malgré nous à surélever les épaules. Résultat : les parties latérales du muscle trapèze se contractent et la douleur se ressent dans la nuque.
En dehors des cervicalgies posturales, un autre trouble est fréquemment source de douleurs, notamment chez les personnes plus âgées : l’arthrose cervicale (ou cervicarthrose). Cette maladie, dont la prévalence augmente avec l’âge, provoque l’usure du cartilage des disques intervertébraux, qui dès lors n’assurent plus leur rôle d’amortisseurs. Les nerfs qui émergent à travers les vertèbres peuvent littéralement être pincés. La mobilité du cou est alors diminuée et devient douloureuse.
Des mouvements simples, qui soulagent rapidement
Dans la plupart des cas, les douleurs peuvent être soulagées via la prise de médicaments antalgiques. Mais au quotidien, il est possible de prévenir d’éventuels troubles musculo-squelettiques, via quelques habitudes simples. Pour commencer, sachez qu’il existe de nombreux équipements et accessoires spécialement conçus pour préserver les cervicales. L’utilisation d’un hamac cervical permet par exemple d’étirer en douceur chaque disque du rachis, jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur position naturelle. Il est également possible d’opter pour un oreiller à mémoire de forme, qui en épousant parfaitement votre morphologie, assure un parfait maintien de la tête pendant le sommeil.
Lorsque l’on passe la plupart du temps assis devant un ordinateur, il faut veiller à adopter la position optimale : l’écran doit être positionné à hauteur des yeux, les avant-bras doivent reposer sur le bureau et le dos doit être droit et calé contre le dossier de la chaise. En outre, si vous êtes accro à votre smartphone, il est indispensable de penser à corriger votre posture en tenant votre téléphone plus haut qu’à l’habitude pour le consulter. Et bien entendu, il va de soi que coincer son téléphone entre la tête et l’épaule pendant un appel est un comportement à bannir !
Par ailleurs, il est possible de limiter les douleurs cervicales en pratiquant régulièrement des flexions-extensions de la nuque (menton sur poitrine, puis tête en arrière) lentement et sans à-coups. Vous pouvez également effectuer des mouvements lents de la tête, en demi-cercles (du bas vers la droite et de la droite vers la gauche). Pour finir, vous pouvez réaliser facilement un automassage de la nuque : appuyez fermement sur le muscle trapèze au bas de la nuque, puis tirez-le lentement vers l’avant en passant par-dessus l’épaule (procédez d’un côté, puis de l’autre). Répété plusieurs fois par semaine, ce geste soulage efficacement les tensions.