Éducation : un secteur d’activité qui ne fait plus rêver

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L’enseignement traverse actuellement une crise de recrutement : « le plus beau métier du monde » ne semble plus attirer autant de jeunes candidats qu’il y a quelques années. En vingt ans, le nombre d’inscrits aux concours de professeurs a diminué de moitié, si bien que l’Éducation nationale doit aujourd’hui recourir massivement à des enseignants contractuels, pas toujours formés et préparés au mieux à affronter une classe de 30 élèves prêts à en découdre. Parallèlement, le nombre de démissions augmente. Pourquoi le métier ne fait-il plus rêver aujourd’hui ?

Après le baccalauréat, les étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation s’inscrivent en licence. L’obtention de la licence (ou d’un diplôme équivalent), leur permet d’accéder au master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF), au cours duquel ils ont la possibilité de passer le concours. En cas de réussite, ils sont admis à l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) en tant que professeurs stagiaires.

Pendant un an, ils partagent leur temps entre l’établissement où ils ont été affectés pour effectuer leur stage et l’Inspé où ils bénéficient d’une formation plus ciblée, dont le contenu peut (en théorie) les aider à progresser sur le terrain. C’est à ce moment-là que la réalité les rattrape : nombreux sont les candidats qui déchantent une fois dans leur salle de classe. Des classes surchargées (et parfois multiniveaux dans le primaire), des élèves perturbateurs, des heures passées à crier plutôt qu’à enseigner, des « fiches de prep » très chronophages, des PPS, PAP, PPRE et PAI (l’Éducation nationale aime les acronymes) à renseigner, des ressources matérielles pas toujours à la pointe (voire inexistantes), le tout pour un salaire pas vraiment attractif (1700 euros net par mois pour un enseignant débutant).

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Des conditions de plus en plus difficiles

Bien souvent, pour leur premier poste, les candidats sont envoyés loin de leur région d’origine, de surcroît dans des établissements réputés « difficiles » (classés REP ou REP+, pour « réseau d’éducation prioritaire ») — des postes délaissés par les enseignants plus expérimentés qui, eux, ont cumulé suffisamment de points pour espérer enseigner dans la région/l’établissement de leur choix. Parfois, ils doivent changer d’établissement (et de niveau) chaque jour de la semaine. Il arrive qu’ils comptent même dans leur classe des élèves en situation de handicap qui auraient grand besoin d’être accompagnés par un(e) auxiliaire de vie scolaire (AVS), mais qui n’en bénéficient pas. Finalement, ce métier dont ils avaient tant rêvé n’est qu’une accumulation de stress et de frustration.

Résultat : malgré la sécurité de l’emploi, malgré 16 semaines de vacances par an et malgré la satisfaction d’exercer un métier « qui a du sens », les enseignants stagiaires sont de plus en plus nombreux à démissionner, avant même d’être titularisés. D’autres résistent, puis finissent par abandonner au bout de trois ou quatre ans. « Certains, pragmatiques, m’ont dit que c’était mieux de me rendre compte maintenant que je n’étais pas fait pour ça. D’autres, visiblement en souffrance, m’ont confié que s’ils n’avaient pas d’enfants à charge ou de crédit sur les bras, ils feraient pareil que moi. C’était le plus douloureux », confie aux Echos un ex-professeur qui a démissionné à la fin de sa première année de titularisation.

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© Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP)/ministère de l’Éducation nationale – novembre 2020

Le nombre de démissions d’enseignants a triplé en 10 ans. À la rentrée 2018, on recensait 1417 démissions (soit 2 enseignants sur 1000). « J’ai commencé ce métier par conviction, vraiment en y croyant. Et je vois les situations dans la classe et en dehors de la classe qui se dégradent. Les élèves ne sont plus les mêmes. Les parents ne sont plus les mêmes », témoigne un professeur des écoles, qui a démissionné après 25 ans de métier. Tous les âges et tous les niveaux sont concernés, mais le primaire est plus touché que les collèges et les lycées, et les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir abandonner, rapporte FranceInfo. La proportion de professeurs stagiaires interpelle : alors qu’ils représentaient un départ sur six il y a 10 ans, ils constituaient la moitié des démissions en 2018 ! Depuis, aucun chiffre n’a été communiqué par l’Éducation nationale.

Après le désenchantement, la reconversion

Quitter son poste d’enseignant ne signifie pas nécessairement que l’on doive mettre définitivement une croix sur l’éducation. Enseigner à un public adulte, au sein d’un GRETA (géré par le même ministère), peut être une bonne solution de reconversion. Certains enseignants font également le choix de rejoindre le secteur privé en donnant des cours particuliers — un secteur qui a le vent en poupe, de nombreux parents souhaitant que leurs enfants aient les meilleures chances de réussir. Les sociétés de cours particuliers ne manquent pas, mais elles n’offrent pas toutes les mêmes conditions et il peut être utile d’effectuer une recherche d’avis d’entreprises avant de faire son choix.

Par ailleurs, si l’on prend la peine de considérer le terme « éducation » dans son sens large, on réalise qu’il englobe en réalité plusieurs types de professions : conseiller d’éducation, accompagnant d’élèves en situation de handicap, éducateur spécialisé, conseiller d’orientation, éducateur/entraîneur sportif, métiers de la petite enfance, etc., voilà tant d’autres métiers en lien avec la jeunesse et/ou la transmission des connaissances.

Enfin, le « détachement » — un dispositif qui permet à un fonctionnaire titulaire d’exercer dans un autre corps de métier, de niveau équivalent, tout en conservant ses droits à l’avancement et à la retraite — peut également être envisagé. D’une durée maximale de cinq ans, il permet d’occuper un poste au sein d’une administration ou d’une collectivité locale par exemple. À l’issue du détachement, il est possible de réintégrer son emploi ou d’intégrer son corps d’accueil.

Les métiers de l’éducation permettent généralement de développer un sens de la pédagogie, des qualités relationnelles (communication, sens de l’écoute) et des compétences techniques — notamment la maîtrise des technologies de l’information — qui pourront être mis à profit dans bien d’autres professions.

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