Ces dernières années, le secteur de l’aéronautique a vu émerger une multitude d’initiatives audacieuses. Parmi elles, la start-up française Beyond Aero s’apprête à dévoiler le premier jet électrique à hydrogène. En parallèle, les sociétés Turbotech, Safran et Air Liquide ont uni leurs expertises dans le cadre du projet BeautyHyFuel afin de concevoir la première turbine à gaz aéronautique fonctionnant à l’hydrogène. Du côté de la Chine, XPeng capte l’attention avec ses prototypes de voitures volantes futuristes. Les États-Unis ne sont pas en reste. Dans la course à l’innovation aérospatiale, la société Electra s’est récemment illustrée avec l’EL9 Ultra Short, un avion hybride-électrique ultrasilencieux.
Doté d’un design classique associé à un système de sustentation novateur, cet appareil est capable de décoller et d’atterrir à très basse vitesse. Une prouesse technique qui a séduit les investisseurs : Electra revendique 2 200 précommandes, représentant quelque 9 milliards de dollars, soit environ 8,3 milliards d’euros en ventes potentielles.
Alors que les eVTOL (electric Vertical Take-off and Landing), longtemps cantonnés aux laboratoires, suscitent désormais un véritable engouement industriel, Electra a choisi une voie différente. Son ambition : concevoir un avion qui réponde aux promesses des eVTOL tout en abaissant significativement les coûts d’exploitation.
C’est dans cette optique que l’entreprise a dévoilé, en 2021, son concept d’eSTOL – pour electric Short Take-off and Landing –, un appareil électrique capable d’opérer sur des distances de piste extrêmement réduites, sans émissions polluantes. Après deux années de développement intensif et de tests rigoureux au sol, Electra a franchi une étape décisive en novembre 2023 : le vol inaugural de son premier prototype piloté, baptisé Goldfinch EL-2.
L’EL-2 a démontré les capacités silencieuses et performantes de la propulsion électrique, parvenant à décoller depuis une piste de seulement 30 mètres, dans un calme remarquable comparé aux moteurs thermiques traditionnels. En octobre 2024, un prototype biplace – vraisemblablement une version améliorée du Goldfinch EL-2 – doté d’un groupe motopropulseur hybride et d’ailes soufflées, a effectué un décollage sur 46 mètres et un atterrissage en 34,7 mètres.
Mais c’est aussi par son silence que l’appareil impressionne : lors des essais, il n’émettait que 55 décibels à 152 mètres d’altitude – l’équivalent du niveau sonore d’une conversation à la maison. Fort de ce succès, Electra a officialisé avoir engrangé 2 200 précommandes émanant de 52 opérateurs à travers le monde pour son EL9 Ultra Short, un avion hybride-électrique de nouvelle génération, pour une valeur estimée à près de 9 milliards de dollars. Ce carnet de commandes est l’un des plus importants dans le jeune secteur de la mobilité aérienne électrique.
Une conception aérodynamique de pointe
« L’Ultra Short d’Electra inaugure une nouvelle ère du transport aérien – ce que nous appelons l’aviation directe – aussi transformatrice que pragmatique », a déclaré Marc Allen, PDG de l’entreprise, dans un communiqué. « La propulsion hybride-électrique permet d’atteindre ce que le kérosène seul ne saurait accomplir : un avion à voilure fixe, offrant la flexibilité d’un hélicoptère, avec 100 fois moins de bruit, 70 % de coûts en moins, une sécurité améliorée et une forte réduction des émissions », a-t-il ajouté.
L’EL9 se distingue par une architecture innovante : huit hélices électriques sont disposées le long du bord d’attaque des ailes, tandis que de larges volets occupent le bord de fuite. Ce dispositif crée un effet de « portance soufflée » qui autorise un décollage à la vitesse exceptionnellement basse de 56 km/h.
L’alimentation repose sur un turbogénérateur compact, chargé de fournir l’énergie à une batterie embarquée, elle-même connectée aux huit moteurs. Electra insiste sur la flexibilité de son système énergétique, compatible avec les carburants aéronautiques durables, ainsi qu’avec les biocarburants et les carburants synthétiques.
Grâce à un système de sustentation optimisé, l’EL9 peut opérer sur des pistes de dimensions réduites : 92 x 30 mètres, soit dix fois moins grandes que les pistes conventionnelles. Cette caractéristique lui confère un avantage opérationnel notable face aux eVTOL classiques.
Vers un déploiement à grande échelle
Une fois opérationnel, l’appareil offrira une large palette d’usages : transport de fret jusqu’à 1 361 kg avec un pilote, ou embarquement de neuf passagers avec bagages. Sa portée est de 2 037 km pour une vitesse de croisière de 322 km/h. Sa faible empreinte sonore et sa capacité à décoller de sites exigus lui permettront d’opérer depuis une grande variété de terrains – champs, zones restreintes, héliports ou aéroports.
Electra prévoit ses premiers essais en vol en 2027, pour une certification et une mise en service commerciale dès 2029. « La réaction de l’industrie aéronautique mondiale a été remarquable », a souligné Marc Allen. « Nos clients perçoivent l’EL9 comme une véritable rupture technologique, capable d’ouvrir de nouvelles routes dans des zones contraintes par l’espace ou le bruit », a-t-il ajouté.
Parallèlement aux essais de l’EL9, Electra poursuit ses avancées technologiques. L’entreprise planche actuellement sur la conception d’un démonstrateur de neuf places, dont le premier vol est prévu en 2026. Bien qu’il ne s’agisse pas de la version commerciale définitive, ce prototype s’en rapprochera étroitement et servira de base à la certification par la FAA. Fidèle à sa feuille de route, Electra ambitionne toujours une entrée en service de son appareil certifié d’ici trois ans.