L’élévation du sol sous l’Antarctique pourrait ralentir l’élévation du niveau de la mer

Une lueur d'espoir pour les populations côtières.

reseau fluvial antarctique
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Le continent glacé de l’Antarctique, souvent perçu comme une vaste étendue immobile, cache en réalité des dynamiques sous-jacentes si complexes que nous commençons à peine à les comprendre. Récemment, des chercheurs ont découvert que la montée du sol sous l’Antarctique, un phénomène connu sous le nom de rebond isostatique, pourrait considérablement ralentir l’élévation du niveau de la mer. Cette découverte offre une lueur d’espoir pour les populations côtières, menacées par cette élévation imminente du niveau de la mer.

Le rebond isostatique est un processus géologique où la croûte terrestre se relève après avoir été déchargée du poids massif des glaciers. Ce phénomène, également appelé ajustement isostatique glaciaire, se produit lorsque les calottes glaciaires fondent, libérant ainsi la pression sur la croûte terrestre, qui commence alors à se soulever lentement. C’est un peu comme un ressort qui revient à sa forme initiale après avoir été comprimé.

Ce processus a donc un impact sur le niveau de la mer. En soulevant le sol, il peut compenser partiellement la montée des eaux due à la fonte des glaces. Selon une étude antérieure menée en 2018 par une équipe internationale dirigée par DTU Space, le soulèvement du lit rocheux sous la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental pourrait ralentir la perte de glace en stabilisant la ligne d’ancrage critique.

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Des recherches plus récentes ont utilisé des données GPS pour mesurer ce soulèvement, révélant que la partie occidentale de l’Antarctique se relève de plusieurs millimètres par an. Ces données ont permis d’affiner les modèles de prévision de l’élévation du niveau de la mer.

Ainsi, une récente étude de l’Université McGill suggère que les forces naturelles du sol pourraient significativement réduire l’impact de l’Antarctique sur l’élévation du niveau de la mer, mais seulement si les émissions de carbone sont rapidement réduites dans les décennies à venir.

Conséquences pour le changement climatique

Les chercheurs de la nouvelle étude, publiée le 2 août 2024 dans la revue Science Advances, ont développé un modèle tridimensionnel de l’intérieur de la Terre pour étudier comment la calotte glaciaire de l’Antarctique interagit avec le manteau terrestre sous-jacent. Ce modèle, qui utilise des mesures géophysiques du projet ANET-POLENET, révèle des variations dramatiques dans l’épaisseur et la consistance du manteau.

En comprenant mieux ces variations, les scientifiques peuvent prédire plus précisément comment différentes zones réagissent à la fonte des glaces. « Notre modèle 3D épluche les couches de la Terre comme un oignon, révélant des variations importantes dans le manteau de l’Antarctique », explique Maryam Yousefi dans un communiqué, co-auteure de l’étude et géodésiste à Natural Resources Canada.

mecanisme retroaction antarctique glace niveau mer 2024
Schéma illustrant les mécanismes de rétroaction du niveau de la mer et d’expulsion de l’eau. Lorsque le climat se réchauffe légèrement, le rebond du sol sous l’Antarctique soulève le fond marin et abaisse le niveau de la mer localement, réduisant ainsi la perte de glace et la montée des eaux distantes. En revanche, sous un fort réchauffement, la fonte accélérée des glaces expulse l’eau des zones marines exposées, augmentant davantage le niveau des mers. L’image illustre ces mécanismes : à gauche, le retour à la normale avec faible réchauffement ; à droite, l’expulsion d’eau avec fort réchauffement. © N. Gomez et al. (Science Advances 2024)

Le rebond isostatique n’est qu’un des nombreux facteurs influençant l’élévation du niveau de la mer. La fonte des glaciers antarctiques reste un contributeur majeur à l’élévation du niveau des océans. En effet, les spécialistes s’accordent à dire que, bien que le rebond isostatique offre une certaine atténuation, il ne peut pas inverser les tendances actuelles de l’élévation du niveau de la mer.

Le Dr Natalya Gomez de l’Université McGill (au Canada) souligne : « Avec près de 700 millions de personnes vivant dans des zones côtières et le coût potentiel de l’élévation du niveau de la mer atteignant des milliers de milliards de dollars d’ici la fin du siècle, il est crucial de comprendre l’effet domino de la fonte des glaces antarctiques ». La compréhension et l’intégration de ces processus géologiques dans nos modèles climatiques sont donc essentielles pour prévoir et atténuer les impacts futurs.

« Nos conclusions montrent que si une certaine élévation du niveau de la mer est inévitable, une action rapide et substantielle visant à réduire les émissions pourrait prévenir certains des effets les plus destructeurs du changement climatique, en particulier pour les communautés côtières », conclut Gomez. En croisant ces données avec des efforts globaux pour réduire les émissions, nous pouvons ainsi espérer stabiliser, voire réduire, l’élévation du niveau des mers et protéger les générations futures.

Source : Science Advances

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