C’était il y a moins d’un mois qu’Elon Musk partageait son plan audacieux visant à lancer un million de personnes vers Mars (et au-delà), dans l’espoir de sauver l’humanité d’un futur désastre potentiellement apocalyptique.
La présentation d’Elon Musk ne démontrait alors que des rendus informatiques complexes ainsi que diverses fusées et vaisseaux spatiaux, tous faisant partie de son système de transport interplanétaire (Interplanetary Transport System – ITS). Lors de sa présentation, Musk avait cependant omis nombre de détails techniques, mais ce dernier s’est connecté sur Reddit dimanche dernier, afin de répondre à certaines questions.
Durant cette session de questions-réponses, nous avons pu en apprendre plus concernant un test prévu par SpaceX qui devrait avoir lieu « dans les prochaines semaines », explique Musk. « Il faut remplir un énorme réservoir en fibre de carbone de carburant, il sera essentiel pour faire fonctionner le vaisseau ITS », explique-t-il.
Le réservoir qui se trouve être la structure centrale de base du vaisseau spatial (autour duquel tout le reste est construit), doit absolument résister à des pressions incroyables ainsi qu’à des températures très froides. Autrement il pourrait fuir, ou même exploser.
Lorsqu’un utilisateur de Reddit a demandé à Musk plus d’informations concernant le réservoir, ce dernier a expliqué que le réservoir gargantuesque en fibre de carbone était « vraiment la grande nouvelle » de son discours à l’IAC (Congrès astronautique international), ou du moins « pour ceux qui pouvaient le comprendre ».
Le réservoir, la partie la plus délicate du vaisseau spatial : « il s’agit vraiment de la partie la plus compliquée du vaisseau spatial. Les autres pièces… nous en avons une bonne maîtrise, mais celle-ci fut la plus délicate à créer. Nous avons donc voulu l’attaquer en premier », a expliqué Musk lors de l’IAC.
En gros, la totalité du vaisseau sera construite autour de cette pièce centrale, alors la concevoir et la fabriquer correctement est une étape cruciale pour la survie du projet. Vous pouvez voir ci-dessous où se situera le réservoir en fibre de carbone au sein du vaisseau spatial.
Les réservoirs en fibre de carbone ne sont pas un nouveau concept : Boeing et la NASA ont commencé à travailler sur ce type de réservoirs en 2014 déjà, mais il est vrai qu’il n’y en a encore jamais eu d’aussi gros. Les ingénieurs ont créé cet élément en fibre de carbone probablement car ce matériau est plus léger, rétrécit moins, et est plus solide que les alliages en métal qui sont utilisés dans la création de nombreux réservoirs cryogéniques. Cela signifie que le transport jusqu’à Mars sera probablement plus sécurisé. Sans compter que moins de carburant sera utilisé en raison du poids réduit.
Ce matériau n’est cependant pas facile à utiliser, comme l’a expliqué Musk lors de son discours à l’IAC : « Même si la fibre de carbone est très résistante aux poids extrêmes, lorsque vous voulez remplir un réservoir entier d’oxygène liquide et de méthane liquide super froids, mais en particulier d’oxygène liquide, le réservoir créé à partir de fibre de carbone peut se fissurer et générer des fuites, donc il est très difficile d’en concevoir un solide de ce type. Rien que l’ampleur de celui-ci est un véritable challenge en soi, car vous devez disposer la quantité correcte et exacte de fibre de carbone dans un moule absolument gigantesque et ce à la bonne température, et puis c’est… juste vraiment difficile de faire de si grandes structures en fibre de carbone pouvant faire toutes ces choses et transporter par la suite des charges incroyables », a-t-il expliqué.
Durant la session de questions-réponses sur Reddit dimanche dernier, Musk a également donné quelques nouvelles informations concernant le réservoir définitif : le réservoir de vol qui sera utilisé dans la fusée sera légèrement plus long que le réservoir de développement montré, mais possédera le même diamètre. Musk a également ajouté que le réservoir « a été construit avec la meilleure fibre de carbone préimprégnée », il s’agit d’une fibre de carbone préimprégnée avec de la résine, afin de la rendre encore plus solide. « En théorie, il ne devrait pas y avoir de problèmes d’étanchéité. Les premiers tests seront prometteurs », explique Musk. De plus, ce dernier a annoncé un test important qui « testera jusqu’à 2/3 de la pression d’éclatement du réservoir sur une barge dans l’océan, d’ici les prochaines semaines ».
Bien que Musk n’ait pas donné plus d’informations par la suite quant à ce test mystérieux, nous supposons que par « barge », il désigne l’un des navires qui ont notamment été utilisés pour effectuer les tests de la fusée Falcon 9 de SpaceX. La voici ci-dessous.
Nous ne savons pas encore comment SpaceX prévoit de pressuriser le réservoir géant. Ils pourraient utiliser de l’air, mais il pourrait également s’agir d’un élément inflammable (et explosif) : du méthane. En effet, plusieurs éléments le suggèreraient, comme par exemple le fait de devoir faire parvenir cet énorme réservoir jusqu’au milieu de l’océan : peut-être que cela signifie que le dispositif pourrait potentiellement exploser (et non seulement simplement fuir) ? Dans ce cas, mieux vaut effectivement qu’il se trouve à un tel endroit, car l’effet shrapnel (ainsi que des flammes potentielles) provoqués par une éventuelle explosion ne blesseraient alors personne. D’ailleurs, et heureusement, les barges de SpaceX ont déjà su prouver par le passé leur excellente résistance aux explosions.
De plus, « lors des tests initiaux de propulsion cryogénique qui avaient l’air positifs (…) Nous n’avons pas observé de fuites ou de problèmes majeurs », a annoncé Musk. Si SpaceX a déjà pompé du méthane dans un réservoir sphérique similaire, il y a de fortes chances qu’ils fassent plusieurs tests afin d’obtenir encore plus de données quant à son rendement. Affaire à suivre.
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