Ce samedi 3 juillet, à 14h29 UTC, notre soleil a émis une puissante éruption de classe X, la première de son nouveau cycle. Il s’agissait de l’éruption la plus intense depuis septembre 2017 ; elle a d’ailleurs provoqué un black-out radio au-dessus de l’Atlantique. Pour les experts, ce 25e cycle solaire devient définitivement plus actif.
Les éruptions solaires sont classées en différentes catégories (A, B, C, M et X) selon l’intensité maximale de leur flux énergétique. Chaque catégorie correspond à une éruption solaire d’une intensité dix fois plus importante que la précédente ; la classe X correspond aux éruptions ayant une intensité de 10−4 W/m². La force d’une éruption au sein d’une classe est indiquée par un suffixe numérique. L’éruption la plus puissante jamais enregistrée a eu lieu en novembre 2003 : elle était de type X28 — soit 28 fois plus intense qu’une éruption de type X1.
L’éruption qui s’est produite ce week-end, estimée à X1,5, était donc relativement plus faible ; bien moindre également que l’éruption X8,2 de septembre 2017. Mais toutes les éruptions de classe X constituent des événements majeurs à surveiller, car ils peuvent entraîner des pannes radio et des tempêtes de rayonnement de longue durée dans la haute atmosphère.
Un « crochet magnétique » significatif
L’impulsion de rayons X de ce 3 juillet a brièvement ionisé le sommet de l’atmosphère terrestre, provoquant une panne radio à ondes courtes au-dessus de l’océan Atlantique. « Cela a perturbé tous mes instruments. C’est une première depuis de nombreuses années », témoigne Rob Stammes, qui exploite un observatoire météorologique spatial à Lofoten, en Norvège. L’éruption a produit un sursaut radio, une perturbation ionosphérique, une poussée de courants électriques dans le sol et une déviation du champ magnétique local.
Le phénomène particulier qui a eu lieu est appelé « crochet magnétique » : le rayonnement de l’éruption a ionisé le sommet de l’atmosphère terrestre, faisant circuler des courants de 60 à 100 km au-dessus de la surface de la Terre. Ces courants ont, à leur tour, modifié le champ magnétique polaire de la Terre. Contrairement aux perturbations géomagnétiques générées quelques jours après les éjections de masse coronale, les crochets magnétiques se produisent pendant que l’éruption est en cours. Depuis notre point d’observation, le Soleil ne semble pas avoir changé. Mais cet événement intense, ajouté à l’augmentation de boucles coronales observées au niveau de la couronne solaire, est une preuve que le cycle solaire actuel est bel et bien entré dans une phase plus active.
Les scientifiques n’ont pas encore déterminé pourquoi notre étoile évoluait selon des cycles de 11 ans, enchaînant des périodes d’activité intense et des périodes plus calmes. Une étude récente suggère toutefois que ces cycles sont liés à la périodicité d’alignement de 11,07 ans des planètes à marée dominante, à savoir Vénus, la Terre et Jupiter. Selon les auteurs de cette étude, même si les planètes du système solaire sont beaucoup plus petites que le Soleil, la gravité de certaines d’entre elles serait capable d’influencer le champ magnétique de notre étoile.
Un cycle plutôt faible… ou l’un des plus puissants
Bien que cela soit complètement transparent pour nous, il se trouve que le champ magnétique du Soleil s’inverse à chaque cycle, tous les 11 ans ; en d’autres termes, les pôles magnétiques nord et sud échangent leurs positions, et ceci se produit lorsque le champ magnétique est à son minimum. L’activité solaire est contrôlée par ce champ magnétique : ainsi, lorsque celui-ci est plus faible, l’activité du Soleil est minimale et les taches solaires, les éruptions et les éjections de masse coronale se font plus rares. Mais dès que les pôles magnétiques sont inversés, le champ magnétique se renforce et l’activité solaire reprend de plus belle pour atteindre son maximum… avant de s’affaiblir à nouveau jusqu’à la prochaine inversion.
Le Soleil est entré dans un nouveau cycle, le 25e, en décembre 2019. Selon la NASA et la National Oceanic and Atmospheric Administration, il est prévu que son activité culmine en juillet 2025, avec 115 taches solaires ; ce cycle devrait donc être plus faible que la moyenne (le nombre moyen de taches solaires pour un maximum solaire est de 179).
D’autres experts du National Center for Atmospheric Research estiment au contraire que nous devons nous attendre à l’un des maxima solaires les plus puissants jamais enregistrés : selon eux, il pourrait culminer avec un nombre maximal de taches solaires compris entre environ 210 et 260 ! Si leurs prévisions se confirment, elles contribueront à soutenir une théorie selon laquelle le Soleil suivrait en réalité des cycles magnétiques de 22 ans, qui se chevauchent et interagissent, produisant le cycle bien connu des taches solaires d’environ 11 ans — qui ne serait alors qu’une sorte de « sous-produit ».
En attendant, à quoi devons-nous nous attendre ? Les radiations dues aux éruptions solaires et aux éjections de masse coronale sont sans danger pour nous, car notre atmosphère agit comme un bouclier. En revanche, ces événements — notamment ceux des classes M et X — ont le potentiel de perturber largement les systèmes de communication et de navigation ; dans les cas les plus extrêmes, ces perturbations peuvent également nuire aux réseaux électriques terrestres.
Selon les prévisions, il faudra attendre la première moitié de 2027 pour que le Soleil entre à nouveau dans une phase plus calme.