Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus infectant l’humain et responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Ce dernier correspond à un très fort affaiblissement du système immunitaire par destruction des cellules immunitaires, rendant ainsi l’organisme vulnérable à diverses pathologies appelées « maladies opportunistes ». Dans la lutte contre le virus, une équipe de biologistes a indiqué qu’elle commencerait les essais cliniques humains d’un nouveau vaccin d’ici 2019.
Au cours de ces dernières années, les nombreuses avancées en immunologie et immunothérapie ont permis le développement de plusieurs vaccins expérimentaux extrêmement prometteurs, tels qu’un vaccin contre certaines allergies alimentaires, un vaccin contre le cancer ou encore un vaccin contre le virus de l’herpès. Grâce à ces nouvelles techniques, une équipe de médecins et virologues du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) souhaite débuter dès 2019, les essais cliniques humains d’un nouveau vaccin ayant induit une importante réponse immunitaire chez la souris, le cochon d’inde et le singe. Les travaux sur le vaccin ont été publiés dans la revue Nature.
Ce vaccin cible particulièrement une protéine de surface du VIH nécessaire au virus pour que celui-ci puisse s’introduire dans les cellules hôtes. Ce peptide de fusion du VIH-1, qui est un site de la protéine « Env gp120 », a été identifié en 2016 comme cible potentielle d’un vaccin, après que des chercheurs aient analysé les anticorps contre le VIH produits par un patient porteur-sain (personne qui héberge un agent infectieux sans présenter de symptômes visibles).
L’analyse a démontré que le système immunitaire du sujet produisait des anticorps neutralisants dont le paratope (site de reconnaissance) correspondait à l’épitope (site de liaison) d’Env gp120. Les scientifiques ont constaté que cet épitope possédait toutes les caractéristiques requises pour être la cible d’un vaccin : il reste constant malgré les mutations du virus et ne peut être caché par des molécules glycosilées.
À partir de cela, les auteurs de la publication ont entrepris d’élaborer une protéine qui inciterait le système immunitaire du receveur à créer un grand nombre d’anticorps neutralisants spécifiques à l’épitope du peptide de fusion du VIH-1. Ils ont développé et testé diverses formulations d’une protéine de huit acides aminés, liée à une molécule stimulant la réaction immunitaire et combinée à des répliques de la protéine de surface du VIH dont le peptide de fusion n’est qu’une sous-unité.
Une fois la meilleure formulation sélectionnée, les biologistes ont injecté le vaccin à des souris infectées par différentes formes du virus issus des 208 souches de VIH existantes. Le vaccin a provoqué une réponse immunitaire chez l’animal, dont les anticorps ont réussi à correctement se fixer à Env gp120 et ainsi à détruire 31% des virus. Des tests supplémentaires sur les cochons d’inde et les singes ont montré des résultats identiques, démontrant que le vaccin fonctionne sur des espèces différentes.
« Les scientifiques du NIAID ont exploité leurs connaissances détaillées de la structure du VIH pour identifier un site inhabituel de vulnérabilité sur le virus, et développer un vaccin nouveau et potentiellement très efficace. Cette formidable étude représente potentiellement une avancée très importante dans la quête d’un vaccin sûr et efficace contre le VIH » conclut Anthony S. Fauci, directeur du NIAID. Selon les propos du NIAID, les chercheurs sont actuellement en train de développer, à partir des données issues du singe, une version du vaccin adaptée aux essais cliniques humains, qui auront lieu d’ici 2019.