Alors que Neuralink s’apprête à lancer les premiers tests sur les humains, de nouvelles informations mettent la lumière sur ce qu’ont subi les singes durant les essais animaux d’il y a quelques années. L’un d’entre eux s’est retrouvé avec un cerveau déformé suite à une inflammation provoquée par l’implant cérébral.
Depuis toujours, les essais scientifiques sur les animaux suscitent de vives controverses, les débats oscillant entre arguments sur la nécessité scientifique et les préoccupations éthiques. L’industrie de la neurotechnologie n’est pas en reste. Neuralink, la startup d’Elon Musk, se retrouve au cœur de ces débats. En effet, cette entreprise a eu recours à des primates pour tester ses avancées technologiques en matière d’implants cérébraux entre 2017 et 2020. Les essais ont été menés au California National Primate Research Center (CNPRC) de l’université UC Davis par des scientifiques de la startup.
L’attention médiatique s’est concentrée sur Neuralink lorsque 15 des 23 singes impliqués dans les tests ont perdu la vie. Ces décès ont non seulement provoqué l’indignation du public, mais ont également entraîné une plainte formelle déposée par le comité des médecins, une organisation représentant un collectif de 17 000 professionnels de la santé.
Aujourd’hui, le sujet revient sur le devant de la scène médiatique après que le média Wired a effectué une enquête de suivi concernant cette affaire. Leur article dévoile notamment une expérience atroce vécue par l’un des primates lors des essais.
Une déformation du cerveau ?
L’enquête de Wired révèle une situation particulièrement préoccupante concernant une femelle macaque de sept ans soumise à une intervention de Neuralink surnommée Animal21. Selon les informations recueillies, l’autopsie de l’animal a mis en évidence un problème majeur avec l’implant : l’adhésif du dispositif présentait une fuite qui a provoqué une inflammation grave dans une région cérébrale responsable de la sécrétion du liquide céphalo-rachidien.
Cette complication a eu des conséquences dramatiques. Un gonflement significatif s’est développé sur la partie postérieure du cerveau du singe, à tel point que cette zone enflée dépassait visiblement du crâne de l’animal. Confrontée à une telle situation, l’équipe aurait pu décider d’euthanasier le singe pour mettre fin à sa souffrance. Mais au lieu de cela, les chercheurs auraient choisi de le garder en vie pendant 24 heures.
Ce délai supplémentaire a été marqué par des signes manifestes de souffrance intense de la part du primate, qui aurait présenté des symptômes tels que des convulsions, des vomissements, des tremblements intenses et des difficultés respiratoires. Le macaque peinait notamment à se tenir normalement, sa jambe droite ne parvenant plus à soutenir son poids.
Pourtant, rappelons qu’il y a quelques semaines, Elon Musk avait affirmé sur la plateforme X que ces singes étaient en phase terminale, et que leur mort n’était pas causée par l’implant de Neuralink.
No monkey has died as a result of a Neuralink implant.
First our early implants, to minimize risk to healthy monkeys, we chose terminal moneys (close to death already),
— Elon Musk (@elonmusk) September 10, 2023
Un manque de transparence
Dans la plainte déposée l’année dernière, le comité des médecins a demandé à ce que les images des expériences de Neuralink soient publiées. Les médecins argumentent qu’étant une institution publique, l’UC Davis devrait se soumettre à une certaine transparence. Jusqu’à présent, l’établissement refuse de publier les images, arguant que cela ne servirait à rien.
Neuralink craint que la divulgation des photos et les potentielles réactions négatives du public à leur égard ne mettent en danger la sécurité ou le bien-être des scientifiques impliqués dans les essais. Cela pourrait notamment mener à des actions directes contre ces derniers ou l’établissement.
Si les scientifiques craignent des répercussions négatives suite à la divulgation de leurs travaux, cela pourrait les décourager à documenter en détail leurs expériences à l’avenir. Une telle réticence pourrait entraver la transparence et l’exactitude de la documentation scientifique.