Selon une étude, près de 5% des adultes sont des psychopathes

Un psychopathe pourrait être près de vous en ce moment...

prévalence psychopathie
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Une méta-analyse publiée cet été dans Frontiers in Psychology révèle la prévalence de la psychopathie dans la population générale : 4,5% des adultes seraient atteints de ce trouble de la personnalité. Les auteurs de l’étude précisent toutefois que ce taux varie selon le sexe des participants, le type d’échantillon de la population générale étudié et la méthode utilisée pour définir la psychopathie. Selon la Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) établie par le psychologue Robert Hare, le pourcentage tombe à 1,2%.

Cette méta-analyse repose sur une quinzaine d’études — la plupart publiées au cours des dix dernières années — impliquant 16 échantillons de participants représentant un total d’environ 11 500 adultes. La plupart de ces participants étaient des étudiants universitaires (43,75% du total des échantillons) et des adultes de la communauté (37,5%), composant respectivement sept et six des échantillons considérés. Les trois autres cohortes étudiées (18,75%) ont été recrutées dans différentes organisations.

Pour étudier l’influence éventuelle du pays d’origine sur la prévalence de la psychopathie, les échantillons ont été regroupés en trois catégories : Amérique du Nord (USA et Canada : 43,75%), Royaume-Uni-Australie (31,25%) et Europe continentale (Suède, Belgique et Portugal : 25%). Dans la plupart des études répertoriées (60%), la psychopathie a été évaluée et définie avec des instruments d’auto-évaluation (notamment les échelles d’auto-évaluation développées par Michael Levenson et Robert Hare) ; 33% d’entre elles ont impliqué des instruments d’évaluation de cliniciens (la PCL-R) et les autres évaluations reposaient sur un entretien.

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Seriez-vous un psychopathe qui s’ignore ?

La psychopathie est généralement définie comme « un type de trouble de la personnalité caractérisé, entre autres caractéristiques importantes, par la présence de comportements qui sont en conflit avec les normes sociales, morales ou juridiques de la société, donnant lieu dans de nombreux cas à des comportements clairement criminels », précisent les auteurs. Pour autant, le comportement criminel ne définit pas fondamentalement ce trouble.

Dans les années 1940, le psychiatre américain Hervey Cleckley, considéré comme un pionnier de l’étude de la psychopathie, a mis en évidence les traits de personnalité propres aux psychopathes, notamment le manque d’émotion (manque de nervosité, absence de remords ou de honte, incapacité à aimer, réactions affectives superficielles), associé à une apparence « normale » (absence de délires ou d’autres signes de pensée irrationnelle, charme superficiel et bonne « intelligence »). En d’autres termes, être un criminel ne signifie donc pas que l’on soit psychopathe. Et certaines personnes pourraient donc être psychopathes sans pour autant avoir commis de crimes (et ne jamais en commettre).

Les recherches de Cleckley ont largement inspiré le travail de Robert Hare, qui est devenu l’une des plus hautes autorités dans le domaine de la psychopathie, notamment depuis qu’il a établi, en 1991, la Psychopathy Checklist-Revised (ou PCL-R), une échelle d’évaluation regroupant différents symptômes typiques du trouble. Au fil des années, cet outil est devenu une référence pour l’évaluation de la psychopathie en contexte médico-légal et carcéral, et a donné naissance à plusieurs versions toujours plus affinées.

Mieux comprendre la psychopathie et l’évaluer de façon pertinente permet de mettre en exergue d’éventuels facteurs environnementaux, sociaux et situationnels menant à la criminalité, et d’améliorer l’évaluation du risque de récidive et de violence afin de sélectionner des programmes de traitement appropriés.

Un trouble majoritairement masculin

La recherche a toujours montré que la prévalence de la psychopathie est plus élevée chez les délinquants et les détenus de sexe masculin. Il a également été constaté que la prévalence de la psychopathie et les niveaux de psychopathie sont plus élevés chez les détenus (des deux sexes) nord-américains que chez les détenus européens.

Par ailleurs, la littérature scientifique reconnaît l’existence de personnes présentant des niveaux élevés de psychopathie, qui ne sont ni délinquants ni violents ; ces psychopathes sont dits « intégrés », voire « à succès » lorsqu’ils réussissent très bien dans leur vie. L’absence de peur, une grande confiance en soi ou le charisme qui les caractérisent peuvent en effet être de véritables atouts dans certains contextes. Par exemple, il a été suggéré que les psychopathes gravissent plus facilement les échelons au sein de leur entreprise, car ils dégagent naturellement charisme et confiance.

La méta-analyse semble confirmer cette dernière hypothèse, car la prévalence de la psychopathie dans les échantillons d’organisations est bien plus élevée que dans les échantillons communautaires (12,9% vs. 1,9%) ; elle s’avère aussi plus élevée parmi les échantillons d’étudiants (8,1%). De même, les résultats confirment que le sexe influence significativement la prévalence de la psychopathie : dans les 13 échantillons retenus pour évaluer le rôle du sexe, le trouble a été diagnostiqué chez 7,9% des hommes et « seulement » 2,9% des femmes.

Enfin, les auteurs de cette méta-analyse précisent que dans les 13 échantillons retenus, « le sexe était le seul modérateur significativement lié à la prévalence de la psychopathie », car ni le pays d’origine, ni la méthode d’évaluation, ni le type d’échantillon ne se sont avérés significatifs dans leurs analyses de méta-régression individuelles respectives.

La moyenne des résultats a permis d’estimer la prévalence de la psychopathie dans la population adulte générale à 4,5% — une prévalence bien inférieure à celle trouvée dans des échantillons obtenus dans des contextes médico-légaux ou pénitentiaires (qui varie entre 10 et 35%), notent les chercheurs. Mais il se trouve que les taux de prévalence obtenus dans les études examinées ici montrent une variation considérable, de 0% à 21% ! Cette analyse confirme que cette variation est due au type d’instrument utilisé pour définir la psychopathie, au sexe des participants et au type d’échantillon de la population générale ; en revanche, le pays d’origine n’apparaît pas comme un paramètre significatif.

Source : Frontiers in Psychology, A. Sanz-Garcia et al.

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