Un appel à la vigilance : une analyse révèle que l’infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI) — la forme la plus grave de crise cardiaque — est plus susceptible de survenir le lundi. Bien qu’il existe un certain nombre de facteurs potentiels tels que le stress, les scientifiques attribuent davantage cette déroutante ponctualité à la perturbation du rythme circadien.
Touchant plus de 30 000 personnes au Royaume-Uni, le STEMI est l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Comme son nom l’indique, il est caractérisé par une élévation du segment ST sur l’électrocardiogramme de surface. Cette élévation est due à un blocage complet et persistant du flux sanguin au niveau de l’artère coronaire. Ce blocus entrave l’apport en oxygène dans le tissu cardiaque et entraine des lésions se propageant du myocarde sous-endocardique au myocarde sous-épicardique, et altère le rythme cardiaque.
Les dommages surviennent immédiatement après l’interruption du flux sanguin et nécessitent une prise en charge d’urgence. Lors d’un STEMI, le myocarde commence à se nécroser dès les 30 premières minutes après la survenue de l’infarctus. Ainsi, chaque minute perdue augmente le risque de mortalité, le tissu cardiaque ne pouvant survivre à plus de 6 à 12 heures sans apport sanguin. Les procédures d’urgence consistent généralement à une angioplastie ou à la pose de stents, afin de décongestionner l’artère coronaire et rétablir le flux sanguin dans l’ensemble du cœur.
À l’occasion de la dernière conférence de la British Cardiovascular Society (BCS) à Manchester, des chercheurs ont révélé que les STEMI sont particulièrement fréquents en début de semaine, surtout le lundi. Étant le premier jour de travail de la semaine, il est généralement source de stress, un facteur important qui pourrait impacter la santé cardiovasculaire. Néanmoins, les chercheurs affirment que les causes exactes ne sont pas entièrement définies et soupçonnent davantage la perturbation du rythme circadien. Les détails de l’analyse sont disponibles dans la revue BMJ Journals.
Une perturbation du rythme circadien ?
La nouvelle analyse, effectuée par des médecins du Belfast Health and Social Care Trust et du Royal College of Surgeons d’Irlande, concerne 10 528 participants. Entre 2013 et 2018, ces patients ont tous été hospitalisés pour un STEMI. Les dates d’admission ont été regroupées selon les jours de la semaine.
D’une manière surprenante, les résultats ont révélé que ces évènements cardiaques potentiellement mortels se produisaient plus souvent en début de semaine. L’incidence la plus élevée a été observée les lundis, avec une augmentation de 13% en comparaison des autres jours de la semaine. Les taux étaient également étonnamment plus élevés le dimanche. Les taux les plus bas ont été observés les jeudis.
À savoir que la forte incidence d’infarctus du myocarde le lundi a déjà été mentionnée dans des études antérieures et concerne surtout la population active. Cependant, les causes exactes restent à déterminer. « La cause est probablement multifactorielle. Cependant, sur la base de ce que nous savons des études précédentes, il est raisonnable de supposer un élément circadien », suggère dans un communiqué le cardiologue et auteur principal de la nouvelle étude, Jack Laffan, du Belfast Health and Social Care Trust.
Une recherche précédente semble confirmer cette hypothèse, en révélant que la plupart des infarctus montrent un pic de gravité aux alentours de minuit ainsi qu’en hiver, et ce indépendamment du temps ischémique (au cours duquel le cœur n’est pas alimenté en oxygène) et de la qualité de la prise en charge d’urgence. Les STEMI sont, quant eux, plus fréquents en fin de matinée, entre 10 et 11 heures. De ce fait, la répartition de la survenue des infarctus n’est pas uniforme, selon la saison ou l’heure dans la journée.
Différentes raisons ont été évoquées pour établir le lien entre la perturbation du rythme circadien et les infarctus. L’exposition au froid peut par exemple déclencher une hyperactivité du système nerveux sympathique et des infections des voies respiratoires, qui peuvent également dépendre de la charge de particules fines dans l’air. Par ailleurs, en fin de matinée, l’activation du système adrénergique neuro-hormonal ainsi que l’agrégation plaquettaire sont susceptibles d’être plus élevés.
Bien que les facteurs d’influence hebdomadaires sont pour l’instant méconnus, « cette étude ajoute des preuves sur le moment où les crises cardiaques particulièrement graves surviennent et pourrait aider les médecins à mieux comprendre cette affection mortelle afin que nous puissions sauver plus de vies à l’avenir », conclut Laffan.