Une étude suggère que le comportement des chiens n’est pas lié à leur race

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Lorsque nous croisons un chien que nous ne connaissons pas, sa race nous donne généralement une idée de son comportement. Ainsi, un pitbull ou un rottweiler nous paraîtra potentiellement plus agressif qu’un cocker ou un Westie par exemple. Si la race peut effectivement influer sur le tempérament naturel d’un chien, une étude publiée dans Science montre que c’est loin d’être le principal déterminant. Au risque de briser un mythe, un golden retriever n’est finalement pas beaucoup plus susceptible d’être affectueux qu’une autre race.

Avant les années 1800, les chiens étaient principalement sélectionnés pour des rôles fonctionnels tels que la chasse, la garde et l’élevage — des comportements hérités du loup. Les races de chiens modernes ont moins de 160 ans ; pure invention de l’Homme, elles se définissent par la conformation à un idéal physique et la pureté de la lignée. Les différentes races de chiens se distinguent avant tout par leurs caractéristiques morphologiques, mais certains tempéraments ou tendances comportementales leur sont parfois attribués (sur la base de ceux observés chez leurs ancêtres) — et par extension, l’ascendance raciale des chiens est supposée être prédictive de leur comportement.

Cependant, des études ont montré que la variation comportementale au sein d’une même race est similaire à la variation observée entre races. Des chercheurs américains ont donc entrepris d’examiner plus avant la relation entre race et comportement, à travers un projet scientifique communautaire baptisé Darwin’s Ark, qui vise à faire progresser les soins de santé pour les animaux de compagnie. Cette base de données comprend notamment les phénotypes et les données génétiques de plus de 32 000 chiens. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont interrogé les propriétaires de 18 385 chiens (dont 49% étaient de race pure), puis ont séquencé l’ADN de 2155 chiens. Leurs résultats montrent que la race n’explique que 9% des variations de comportement chez ces animaux.

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Des traits de comportement non exclusifs

Les réponses des propriétaires de chiens concernant les traits physiques et le comportement de leur animal ont révélé que chaque race englobait en réalité une grande diversité de comportements. « La plupart des traits comportementaux sont héréditaires, mais le comportement ne différencie que subtilement les races », notent les chercheurs dans Science. Plus précisément, il apparaît que certains comportements sont davantage dépendants de la race que d’autres.

L’équipe explique en particulier que la soumission (soit la réactivité du chien aux ordres de son maître, notamment dans le cadre du dressage) est plus liée à la race du chien que le seuil agonistique (soit la facilité avec laquelle un chien est provoqué par des stimuli effrayants ou inconfortables), pour lequel la race ne semble au contraire avoir aucune influence.

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(A) La soumission fait partie des 8 facteurs comportementaux définis à partir des enquêtes. (B) Les chiens de certaines races ont tendance à obtenir des scores inhabituellement élevés ou bas pour ce facteur par rapport à l’ensemble des chiens. (C et D) Les border collies obtiennent en moyenne des scores plus faibles pour l’aptitude à la soumission, mais ils varient considérablement, y compris chez les chiens de race pure. (E) Chez les chiens de race mixte, l’ascendance border collie a un faible effet génétique sur la capacité de soumission. © K. Morrill et al.

Il ressort par exemple de leurs analyses que le chien de berger belge malinois obtient un score très élevé pour la soumission, à l’inverse du basset hound. Bien qu’étant le facteur comportemental le plus héréditaire selon la race, il varie considérablement d’un chien à l’autre, notent les chercheurs.

Finalement, aucun comportement spécifique n’a pu être attribué à une race en particulier : l’équipe rapporte par exemple que parmi certaines races montrant une nette tendance à hurler fréquemment ou à ne jamais enterrer leurs jouets, plusieurs individus adoptaient pourtant un comportement opposé. En outre, pour certains autres traits comportementaux, tels que les schémas moteurs dirigés par les jouets (soit l’intérêt du chien pour les jouets), l’âge était un meilleur prédicteur du comportement : les jeunes chiens étaient plus susceptibles d’obtenir des scores plus élevés dans cette catégorie.

Des races qui prédisent davantage les traits physiques

Pour tester l’effet génétique de l’ascendance de la race sur le comportement, les chercheurs ont examiné le comportement des chiens de race mixte (à partir des réponses fournies par leurs propriétaires) et l’ont comparé aux réponses concernant les chiens de race pure. À noter que la plupart des chiens de race mixte ont une ascendance de quatre races ou plus. Pour certains traits, comme la soumission et l’ascendance border collie, l’effet génétique de la race correspond aux réponses fournies. En revanche, pour d’autres, comme la sociabilité humaine et l’ascendance labrador retriever, aucun effet significatif n’a été mis en évidence.

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(A) L’analyse classe les questions comportementales en 8 facteurs, qui correspondent à des propensions comportementales latentes (bleu, score négatif ; rouge, score positif). (B) Dans une série de sept analyses, les chercheurs ont exploré comment le comportement est lié à la race (par rapport à la taille, qui est un trait fortement différencié selon la race). © K. Morrill et al.

L’analyse génétique a révélé que seules 11 régions du génome canin sont significativement associées au comportement, notamment à la fréquence des hurlements et à la sociabilité humaine, mais aucune n’est spécifique à la race. Les différences génétiques entre les races, telles que les golden retrievers, les chihuahuas, les bergers allemands et d’autres, ont principalement affecté les gènes qui contrôlent les traits physiques (couleur du pelage, longueur des poils, etc.) — la couleur du pelage est en particulier plus de cinq fois plus susceptible d’être prédite par la race que les traits comportementaux. « La personnalité et le comportement d’un chien sont façonnés par de nombreux gènes ainsi que par ses expériences de vie », souligne le Dr Elinor Karlsson, professeure agrégée de médecine moléculaire à UMass Chan Medical School et co-auteure de l’étude.

La plupart des comportements que nous considérons comme caractéristiques de certaines races (ex. un pitbull agressif, un labrador affectueux, etc.) sont très probablement le résultat de milliers d’années d’évolution du loup au chien domestique. Mais ces traits héréditaires sont bien antérieurs aux races de chiens modernes ; chacune a hérité de la variation génétique portée par ces ancêtres communs, mais pas toujours exactement aux mêmes fréquences. C’est pourquoi on observe aujourd’hui des différences de personnalité et de comportement chez certains chiens d’une même race, mais pas tous, expliquent les chercheurs.

« La race de chien est généralement un mauvais prédicteur du comportement individuel et ne doit pas être utilisée pour éclairer les décisions relatives à la sélection d’un chien de compagnie », conclut l’équipe.

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