COVID : l’hypothèse d’une fuite de laboratoire appuyée par une nouvelle étude

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Alors que la plupart des études se sont concentrées sur une potentielle origine zoonotique, certains chercheurs soupçonnent encore à ce jour que le SARS-CoV-2 pourrait être d’origine non naturelle. De récentes enquêtes, basées sur une évaluation complexe et précise des risques, suggèrent qu’il y a 68 % de chances que le virus ne soit pas d’origine naturelle. Bien que les données ne suggèrent pas nécessairement une provenance spécifique, la possibilité d’une origine en laboratoire ne peut pas être exclue.

Depuis son émergence en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine, l’origine du SARS-CoV-2 est encore sujette à la controverse. Les enquêtes menées par l’OMS ont suggéré 4 origines probables de la transmission de la maladie à l’Homme : une introduction zoonotique avec ou sans hôte intermédiaire, une transmission par le biais de produits de la chaîne du froid et finalement, une origine non naturelle due à un incident de laboratoire.

La majorité des recherches se sont jusqu’ici principalement concentrées sur l’origine zoonotique, un large éventail d’espèces animales étant soupçonnées d’être des réservoirs naturels pour le SARS-CoV-2. Les chauves-souris sont particulièrement pointées du doigt pour être potentiellement à l’origine du virus. En effet, un coronavirus de chauve-souris appelé RaTG13 montre une correspondance à 96,1 % avec le SARS-CoV-2.

Plus tôt cette année, des expériences concernant une souche de coronavirus de pangolin proche du SARS-CoV-2, ont également révélé qu’il était létal à 100 % chez les modèles murins « humanisés ». À noter que la Chine est l’une des plaques tournantes du commerce d’espèces sauvages. Ce n’est qu’après l’émergence de la crise sanitaire et le rôle présumé du pangolin que le pays a décidé de renforcer les réglementations concernant son commerce.

D’autre part, une analyse épidémiologique s’est concentrée sur le marché de fruits de mer de Huanan, qui a enregistré l’un des premiers groupes de cas de COVID-19 connu. Cependant, plusieurs de ces premiers cas n’ont jamais visité ce marché. De plus, des analyses sérologiques ont révélé une propagation du virus aux États-Unis et en Europe, respectivement en décembre et en novembre 2019 — ce qui ne concorde pas avec le début présumé de la propagation depuis le marché de Huanan. En définitive, aucune espèce animale n’a encore été définitivement identifiée comme hôte naturel ou intermédiaire du virus.

D’un autre côté, un éventail d’outils sont disponibles pour analyser les origines potentielles des maladies à tendance épidémique. Cependant, aucun n’a jusqu’à présent été utilisé pour le SARS-CoV-2. Afin de combler les lacunes de la recherche dans ce domaine, des scientifiques de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (en Australie) se sont appuyés sur un outil d’analyse des risques d’épidémie couramment utilisé, pour étudier la provenance du virus. Les résultats de l’enquête sont détaillés dans la revue Risk Analysis.

68 % de chances qu’il puisse s’agir d’une origine non naturelle

Dans le cadre de leur enquête, les chercheurs ont développé une version modifiée du Grunow-Finke (mGFT). GFT est un outil de référence se basant sur une série de critères et un algorithme de notation des risques pour fournir un aperçu complet de l’origine des épidémies et de la probabilité d’une provenance naturelle ou non. Le mGFT a quant lui été conçu pour fournir des prédictions plus précises, en étant formé à partir des données d’épidémies historiques. Il possède ainsi une sensibilité plus élevée pour différencier les épidémies naturelles de celles non naturelles.

Les 11 critères analysés par le mGFT incluent la répartition géographie du virus, sa présence dans les laboratoires, les réservoirs naturels potentiels, la datation de l’épidémie par rapport à d’autres événements, tout schéma de propagation ou de manifestation inhabituel, … Chaque critère est évalué sur la base des preuves disponibles, notamment la littérature scientifique et d’autres sources d’information accessibles au public.

Les résultats ont révélé une plus grande probabilité d’une origine non naturelle que naturelle. En effet, le mGFT a indiqué un score de 41 points sur 60 (68 %) pour une provenance non naturelle — et ce avec une fiabilité de 100 %.

Cependant, il est important de noter que « cette évaluation des risques ne peut pas prouver l’origine du SARS-CoV-2, mais montre que la possibilité d’une origine en laboratoire ne peut pas être facilement écartée », ont précisé les experts dans un communiqué du Society For Risk Analysis. Ces résultats pourraient aider les chercheurs, les épidémiologistes et les responsables de la santé publique à évaluer systématiquement les données et à déterminer l’origine la plus probable de la pandémie. Cela favorisera des décisions plus éclairées sur les réponses en matière de prévention et de prise en charge de la maladie.

Source : Risk Analysis

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