Alors qu’une réunion de son Comité d’urgence est attendue au plus tard la semaine du 18 juillet, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a recensé jeudi plus de 7000 cas de variole du singe dans 60 pays. Alors même que les vacances ont débuté et que la nouvelle vague de COVID-19 est en train de monter en puissance, la variole du singe continue de se propager extrêmement rapidement. L’OMS met en garde tous les pays, face à une augmentation des cas de 77%.
La variole du singe (ou orthopoxvirose simienne) est une zoonose virale (virus transmis à l’être humain par les animaux) dont les symptômes ressemblent (en moins grave) à ceux que l’on observait dans le passé chez les sujets atteints de variole. Avec l’éradication de cette dernière en 1980 et l’arrêt de la vaccination antivariolique qui a suivi, le virus responsable de la variole du singe est apparu comme l’orthopoxvirus le plus important en matière de santé publique. La variole du singe est principalement présente en Afrique centrale et de l’Ouest, souvent à proximité des forêts tropicales humides. Néanmoins, on la rencontre de plus en plus dans les zones urbaines. Parmi les hôtes animaux figurent divers rongeurs et primates.
L’identification, en mai 2022, de foyers épidémiques simultanés de variole du singe dans plusieurs pays non endémiques, sans qu’un lien direct de déplacement vers une zone endémique ait été établi, est atypique. Effectivement, la plupart des cas confirmés ont voyagé dans des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, plutôt qu’en Afrique de l’Ouest ou centrale, où le virus de la variole du singe circule. Ceci suggère qu’une transmission non détectée pourrait avoir eu lieu pendant un certain temps.
Réunion d’urgence à l’OMS
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique : « Du 1er janvier au 4 juillet 2022, 6027 cas de variole du singe confirmés en laboratoire et trois décès ont été signalés à l’OMS dans 59 pays/territoires/zones de cinq régions de l’OMS (Région africaine, Région des Amériques, Région de la Méditerranée orientale, Région européenne, Région du Pacifique occidental) ».
En Afrique, des cas apparaissent également dans des pays qui n’avaient pas été touchés auparavant, tandis que les pays ayant une expérience de la maladie constatent des niveaux record d’infection.
Selon l’OMS, 2614 nouveaux cas (soit une augmentation de 77%) et deux nouveaux décès ont été signalés. Neuf nouveaux pays/territoires/zones ont signalé des cas. Sans compter que les tests ne sont pas en nombre suffisant, induisant de fait une part importante de cas non détectés.
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné lors de sa conférence de presse mercredi qu’il restait « préoccupé par l’ampleur et la propagation du virus », notant que plus de 80% des cas ont été déclarés en Europe. Il a ajouté qu’il convoquerait la prochaine réunion d’un groupe d’experts de l’OMS qui surveille l’épidémie au plus tard dans la semaine du 18 juillet, afin d’évaluer si cette situation est une urgence de santé publique de portée internationale et de mettre en œuvre des contre-mesures rapides et efficaces.
Les traitements et vaccins disponibles sont rares
Ghebreyesus explique : « L’OMS travaille avec les pays et les fabricants de vaccins pour coordonner le partage des vaccins, qui sont rares et doivent être accessibles aux personnes à risque. Il est nécessaire de collecter des données sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins et des traitements contre le monkeypox, et l’OMS aide à coordonner les efforts de recherche pour ce faire ».
Il faut savoir que plusieurs études observationnelles ont démontré que la vaccination préalable contre la variole était efficace à environ 85% pour prévenir la variole du singe et qu’elle permettait d’atténuer les symptômes de la maladie. À l’heure actuelle, les vaccins antivarioliques originaux (de première génération) ne sont plus disponibles pour le grand public. Il est possible que certains membres du personnel de laboratoire ou agents de santé aient reçu un vaccin antivariolique plus récent pour les protéger en cas d’exposition aux orthopoxvirus sur leur lieu de travail.
Un vaccin encore plus récent basé sur un virus de la vaccine atténué modifié (souche Ankara) a été approuvé pour la prévention de la variole du singe en 2019. Il s’agit d’Imvanex ou Jynneos aux États-Unis. Le vaccin peut même être administré dans les deux semaines suivant l’exposition pour prévenir ou atténuer la maladie. Il est administré en deux doses, à 28 jours d’intervalle, mais la disponibilité reste limitée.
Aux États unis, depuis jeudi, la vaccination avec Jynneos a été mise en place, suite aux annonces fin juin de l’administration Biden, désireuse d’élargir la disponibilité du vaccin contre la variole du singe. Les responsables de la ville affirment avoir reçu une cargaison de 6000 doses, mais elles sont toutes comptabilisées. Même si n’importe qui peut contracter la variole du singe, le vaccin n’est actuellement disponible que pour les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Ce plan vaccinal est déjà établi dans plusieurs autres juridictions, dont les provinces canadiennes du Québec et de l’Ontario, ainsi que le Royaume-Uni.
En ce qui concerne les traitements, un seul agent antiviral connu sous le nom de Tecovirimat, qui a été conçu pour la variole, a été homologué par l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour la variole du singe en 2022 sur la base de données venant des études menées sur les animaux et les humains. Il n’est pas encore largement disponible. S’il est utilisé, le Tecovirimat devrait idéalement faire l’objet d’une surveillance dans un contexte de recherches cliniques, assorties d’une collecte de données prospectives.
L’OMS poursuit ses études dans les pays touchés afin de déterminer quelle est la source d’infection de chaque cas. L’agence met en place, grâce à ses groupes d’experts, des mesures pour la prise en charge des patients et pour limiter la propagation du virus. Elles consistent notamment à sensibiliser les groupes de population touchés et encouragent les comportements sûrs et les mesures de protection.