Une étude montre que l’extinction des plantes est encore plus rapide que pour les animaux, et que les régions ayant la plus importante biodiversité sont les plus concernées.
Il n’y a à présent aucun doute que la présence humaine a causé une perte plus rapide des espèces vivantes. Mais l’impact sur les plantes a été largement sous-estimé.
C’est ce que conclut une étude publiée cette semaine, en alertant que trois espèces de plantes disparaissent en moyenne chaque année depuis le début du 20ème siècle, ce qui serait selon eux 500 fois plus rapide que s’il n’y avait que des extinctions naturelles, et deux fois plus rapide que toutes les extinctions d’amphibiens, mammifères, et oiseaux répertoriées.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Ce changement d’estimation serait dû à un manque significatif de données récoltées par le passé. Selon les botanistes des Jardins botaniques royaux de Kew, la majorité des recherches se concentreraient sur les animaux, du fait de la fausse impression que leur rôle sur la nature est plus important.
Leur étude est la première analyse globale du taux d’extinction incluant les plantes. Ils ont utilisé une base de données de plantes éteintes contenant plus de 30 années de revues importantes sur le sujet ainsi que des rapports de recherches sur le terrain qui n’avaient jamais été publiées, conservées aux jardins de Kew.
Les chercheurs ont également constaté qu’un peu moins de la moitié des extinctions d’espèces signalées s’avère exacte, la plupart provenant juste d’estimations plutôt que d’analyses comme ils l’ont fait.
Autre fait montrant l’imprécision des précédentes données : sur les 122 espèces de plantes de la liste rouge des extinctions de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 50 d’entre elles ont été redécouvertes ou devraient être reclassées. Cependant, plus de 491 espèces éteintes ne sont pas sur cette liste.
Les données qu’ils ont ressorti de leur base montrent que seulement 0.2% des plantes auraient disparu, contre 5% pour les oiseaux et mammifères. Mais cela serait dû en partie au délai d’extinction chez les plantes, qui est plus long avant qu’elles ne soient considérées comme étant complètement éteintes.
« Cela correspond à 89% des espèces redécouvertes présentant un risque d’extinction élevé, plusieurs n’étant connues que de quelques individus survivants », expliquent les auteurs de l’étude. « Par conséquent, notre taux d’extinction estimé, bien qu’il soit élevé, restera probablement une sous-estimation de l’extinction en cours de la diversité végétale ».
Sur le même sujet : Rapport de l’ONU sur la biodiversité : plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction
Le groupe a également analysé les parties du monde qui seraient les plus sensibles à l’extinction des végétaux. Ils ont remarqué que les zones ayant une biodiversité importante (les hotspots) comme les régions du Pacifique (Inde, Australie, Hawaï), ou encore les tropiques et la Méditerranée, sont les plus touchés. Plus de la moitié des plantes disparues se trouvait sur une île, et 18% dans le Pacifique. Les espèces endémiques des îles seraient selon eux plus sensibles aux invasions biologiques.
Cependant, le groupe ajoute que les erreurs d’estimation seraient peut-être également dues à un intérêt plus important des humains pour les plantes historiquement utiles, biaisant ainsi les résultats par rapport aux autres espèces pour lesquelles moins de données avaient été répertoriées.
Mais le taux de redécouverte de certains végétaux par le groupe reste bien plus faible que la moyenne de 3 espèces disparaissant chaque année, et les îles continueront d’être les plus touchées par ce problème. Les nouvelles espèces récemment découvertes pourraient également être ajoutées à la liste rouge plus rapidement qu’on ne le pense, à cause de l’exploitation humaine, la destruction des habitats et les changements climatiques, au point que certaines ne soient jamais découvertes avant leur disparition.
« Les scientifiques n’étudient pas en détail la grande majorité des plantes dans le monde. Les auteurs ont donc raison de penser que les chiffres qu’ils ont produits sont largement sous-estimés, et que des extinctions ont probablement été négligées », déclare Alan Gray, un écologiste des plantes qui n’a pas participé à l’étude.