Des chercheurs suisses ont développé une nouvelle méthode de récupération de l’or des composants électroniques. Elle est basée sur un produit alimentaire insoupçonné : le petit lait, issu de la fabrication du fromage. À en croire les résultats de l’étude, la technique rapporterait 50 dollars par dollar dépensé dans le processus de recyclage. Un chiffre qui classe cette méthode parmi les plus rentables.
L’or est largement utilisé en bijouterie, mais ses propriétés uniques le rendent également incontournable dans d’autres secteurs, dont celui de l’électronique. Le recyclage des déchets électroniques et informatiques permet ainsi de récupérer non seulement des métaux rares, mais aussi de l’or.
Au fil des ans, diverses techniques de recyclage ont été élaborées. Pour donner des exemples, il y a l’incinération, visant à extraire les métaux qui résistent aux hautes températures, le broyage, ou encore un processus de séparation des métaux par tamisage. Récemment, une équipe de scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), en Suisse, a mis au point une méthode de recyclage innovante exploitant un produit surprenant issu de l’industrie fromagère : le lactosérum (ou petit-lait). Les détails ont été publiés dans la revue Advanced Materials.
Plus de 454 mg d’or récupérés avec seulement 20 cartes mères
Le lactosérum, sur lequel repose la nouvelle méthode, est le liquide résultant de la coagulation du lait et de la séparation du caillé lors de la fabrication du fromage. Les chercheurs ont utilisé ce liquide en transformant ses protéines en ce qu’on appelle des « fibrilles amyloïdes » — des agrégats de protéines avec une structure bien ordonnée. L’agrégation des protéines a donné lieu à des nanofibrilles (de très fines fibres, à l’échelle nanométrique) formant un gel qui, une fois sec, devient une sorte d’éponge.
Dans leur expérience, les chercheurs affirment avoir récupéré environ 454 mg d’or de 21 ou 22 carats à partir de 20 vieilles cartes mères d’ordinateur. Pour y parvenir, ils ont commencé par extraire les éléments métalliques de ces composants électroniques avant de les dissoudre dans un bain d’acide. Cette étape sert à ioniser les métaux. L’éponge de fibrilles de protéines, produite à partir du lactosérum, a été introduite dans cette solution d’ions métalliques. Grâce à ses propriétés absorbantes et adsorbantes, l’éponge a capturé en majorité les ions d’or, même si d’autres types d’ions s’y sont accrochés.
L’étape suivante a été de transformer les ions capturés en pépites au moyen du chauffage. Ce processus a permis aux métaux de passer d’une forme ionisée à un état métallique pur. La pépite obtenue pesait 500 mg, dont environ 454 mg d’or et 46 mg de cuivre et de nickel.
Une méthode commercialement viable
Selon l’étude menée par les chercheurs suisses, la méthode est commercialement viable. Ils ont constaté que le coût de récupération était 50 fois inférieur à la valeur de l’or récupéré. En d’autres termes, pour chaque dollar dépensé dans le processus de recyclage, la valeur de l’or récupéré est de 50 dollars. Compte tenu de cette conclusion, les chercheurs prévoient de commercialiser la technologie. Ils comptent toutefois d’abord étudier la possibilité d’utiliser du lait végétal au lieu de lait animal. Concernant son impact environnemental, l’éponge protéique générerait environ 87 grammes de gaz à effet de serre par gramme d’or récupéré.