Après plusieurs essais visant à évaluer la sécurité et la fiabilité de son véhicule autonome, l’EZ10, la start-up toulousaine EasyMile vient d’obtenir l’autorisation de niveau 4 (sans accompagnateur humain à bord et en trafic mixte) pour circuler sur la voie publique en toute autonomie, délivrée par le gouvernement français. Une première en Europe. Cette autorisation a été délivrée à titre expérimental : le véhicule assurera un trajet de 600 mètres sur le campus médical de l’Oncopole de Toulouse.
À noter que l’EZ10, un véhicule 100% électrique, a été testé dans plus d’une trentaine de pays à travers le monde — notamment à Singapour, aux États-Unis, en Finlande et en Australie — la plupart du temps sans personne à bord, mais sous la supervision d’un opérateur à distance. L’objectif d’EasyMile est de positionner son véhicule comme une solution de transport autonome pour les campus privés, les usines, les aéroports et autres communautés organisées.
Depuis le mois de mars 2021, la navette EZ10 assure une liaison de 600 mètres entre l’Oncopole de Toulouse et le parking des usagers ; il y circule sans aucun humain au volant le long d’une route à trafic mixte partagée entre vélos, piétons, voitures et bus. Après avoir prouvé la sécurité et la fiabilité du service, EasyMile est devenue la première entreprise en Europe à recevoir l’autorisation d’autonomie de niveau 4 pour son minibus, qui passera à un système entièrement autonome dans les mois à venir.
Vers une commercialisation de la conduite autonome
L’approbation obtenue porte à sept le nombre total de véhicules autonomes de niveau 4 déployés par EasyMile dans le monde, faisant de l’entreprise le fournisseur le plus avancé en matière de navettes sans pilote ; celles-ci sont notamment exploitées dans le cadre d’un service de livraison de banque alimentaire en Amérique du Nord, dans des transports urbains de pays nordiques, ou encore au sein du jardin botanique de Coffs Harbour en Australie, où évolue la navette sans pilote BusBot. « Il s’agit d’une étape importante vers une véritable commercialisation de la conduite autonome, aussi bien sur les grands sites privés que sur la voie publique », a déclaré Benoit Perrin, directeur général d’EasyMile.
À noter que cette autorisation d’expérimentation précède la mise en œuvre du cadre réglementaire définitif, fixé par décret du 29 juin 2021, autorisant la circulation de véhicules autonomes sur la voie publique en France à partir de septembre 2022. « La France est le premier pays en Europe et au sein du G7, à disposer d’un cadre réglementaire aussi avancé dans ce domaine, permettant le développement de la mobilité automatisée », a souligné Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports.
La dernière version de l’EZ10 peut accueillir 12 personnes (900 kg max.), avec des sièges rembourrés, équipés de ceintures de sécurité. L’entreprise a également ajouté récemment une rampe automatisée et des points d’ancrage pour les fauteuils roulants des passagers handicapés. Elle a aussi récemment mis à niveau la suite de capteurs embarqués sur le véhicule et s’est associée à la start-up allemande Sono Motors pour intégrer des cellules solaires et ainsi étendre l’autonomie du véhicule — les bornes de recharge pour véhicules électriques étant encore trop peu nombreuses.
L’approche de Sono Motors repose sur la modification de la structure externe du véhicule : des cellules solaires sont intégrées dans du polymère flexible, au lieu de verre. Cela le rend alors plus léger, robuste, moins cher et plus efficace que toute autre technologie solaire pour véhicule actuellement disponible. La navette électrique EZ10 fonctionne jusqu’à 16 heures avec une seule charge de batterie et doit être branchée pendant environ 6 heures pour être complètement rechargée. Le nombre d’intervalles de charge pourrait être considérablement réduit avec cette nouvelle technologie solaire.
Une conduite sûre, qui s’adapte à plusieurs environnements
L’EZ10 peut fonctionner dans une variété d’espaces, y compris les centres-villes, les universités, les campus d’entreprise, les hôpitaux, les parcs, etc. Il peut évoluer selon des itinéraires prédéfinis, mais peut aussi fonctionner à la demande via une application. Ces navettes circulent en outre de manière sûre et efficace dans un large éventail d’environnements, selon EasyMile, y compris des conditions de circulation variables (route séparée, circulation mixte avec vélos et piétons, circulation mixte avec voitures à basse vitesse, etc.) et des conditions météorologiques changeantes (chaleur extrême, neige, pluie, etc.). Tous les véhicules conçus par l’entreprise sont équipés « de niveaux appropriés de sécurité et de redondance des systèmes pour fonctionner de manière sûre et efficace dans un large éventail d’environnements », précise le communiqué.
Le système de l’EZ10 interagit avec toutes sortes de radars, de caméras et de capteurs LIDAR de nouvelle génération, dont il analyse les données en temps réel afin de disposer à tout moment d’une vue à 360 degrés de son environnement. Le haut niveau d’automatisation de l’EZ10 lui permet de fonctionner sans aucun superviseur humain à bord ; le véhicule est contrôlé à distance, ce qui permet d’envisager le déploiement de toute une flotte de véhicules sans recourir à une main-d’œuvre supplémentaire. En outre, un tel service devient complètement flexible : plus ou moins de véhicules peuvent être déployés à la demande, selon les besoins.
Le déploiement progressif de l’EZ10 permettra de sensibiliser le public au potentiel de cette technologie : non seulement un tel service de transports est plus flexible, mais il permet également de pallier le manque d’offres de transport dont souffrent certaines zones urbaines. « Nous sommes à l’aube d’une révolution des transports où les navettes autonomes comme l’EZ10 sont l’avenir », résume EasyMile.