L’entreprise à la tête du célèbre réseau social pourrait bientôt être rebaptisée, une décision a priori motivée par le désir de mettre en avant son rôle majeur dans la construction du métavers — un monde virtuel et persistant, présenté par Mark Zuckerberg comme la plateforme informatique du futur. L’annonce pourrait devenir officielle à l’occasion de la prochaine conférence annuelle Connect de l’entreprise, qui doit se tenir le 28 octobre prochain.
Après presque 18 ans d’existence, la marque « Facebook » serait ainsi reléguée au simple rang d’application, à l’instar d’Instagram, de WhatsApp ou encore d’Oculus, en tant que produit d’une nouvelle société mère dont l’activité semble s’orienter vers le développement du métavers tel que rêvé par son PDG, Mark Zuckerbeg. La société vient d’ailleurs d’annoncer la création de 10 000 nouveaux postes dans toute l’Union européenne pour aider à construire la future plateforme informatique.
En juillet, le PDG déclarait déjà dans une interview vouloir aller au-delà de cette image d’entreprise de médias sociaux, pour évoluer vers une entreprise offrant « un ensemble d’expériences maximalistes et interconnectées tout droit sorties de la science-fiction ». Facebook compte déjà plus de 10 000 employés dédiés à la fabrication du matériel grand public nécessaire au futur métavers — qui ne sera accessible que via des dispositifs de réalité virtuelle et augmentée. Selon Zuckerberg, les casques AR finiront par devenir aussi omniprésents que les smartphones.
Un nouveau nom pour de nouvelles ambitions
Cela fait quelques mois qu’un changement radical se profile — peut-être même que l’idée date du rachat d’Oculus VR en mars 2014, société pour laquelle Facebook a déboursé 2 milliards de dollars. Cet été, Mark Zuckerberg annonçait la mise en place d’une équipe dédiée au métavers. « J’ai l’espoir que d’ici cinq ans environ […] les gens nous perçoivent avant tout comme une entreprise du métavers. […] Je pense que ce sera le prochain grand chapitre de notre entreprise », confiait-il lors d’un entretien.
Plus récemment, le PDG a annoncé que le responsable de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle, Andrew Bosworth, serait promu directeur de la technologie. Enfin, la création de 10 000 nouveaux emplois en Europe ne laisse plus de place au doute : la société affiche nettement sa volonté de casser son image et de se consacrer à son nouveau projet.
Rappelons que le terme métavers a été inventé à l’origine par le romancier de science-fiction Neal Stephenson, pour décrire un monde virtuel grâce auquel les gens peuvent s’échapper d’un monde réel dystopique (un concept parfaitement illustré dans le film Ready Player One, de Steven Spielberg). Pour Zuckerberg, c’est tout simplement l’Internet du futur, un environnement virtuel immersif dans lequel les utilisateurs, munis d’un casque de réalité virtuelle, pourront interagir et naviguer en 3D entre divers mondes persistants et interconnectés.
Selon The Verge, un porte-parole de Facebook a refusé de commenter la rumeur concernant le changement de nom. Mais il semblerait qu’un changement de marque soit assez opportun dans le contexte actuel : depuis les révélations de Frances Haugen — une ex-employée, qui a récemment divulgué des documents internes accablants — suivies d’une panne massive de ses services, l’entreprise est régulièrement la cible de critiques et la confiance de ses utilisateurs s’amenuise.
Sans compter qu’elle fait toujours l’objet d’une plainte de la Federal Trade Commission (FTC) pour abus de position dominante : la FTC demande à la justice d’obliger Facebook à revendre Instagram et WhatsApp et souhaite que les futures acquisitions du groupe soient soumises à une procédure d’autorisation préalable.
Un nouveau nom tenu secret
Si le changement de nom se confirme la semaine prochaine, ce ne sera pas un cas inédit. Rappelons qu’en 2015, Google a lui aussi souhaité se détacher de son indélébile étiquette de moteur de recherche, alors qu’elle avait diversifié ses activités déjà depuis un certain temps ; elle s’est ainsi réorganisée en créant l’entité Alphabet Inc., pour représenter son conglomérat (qui compte aujourd’hui Google Inc., Calico, DeepMind, Fitbit, Waymo, etc.). De même, Snapchat s’est rebaptisée Snap Inc. en septembre 2016, au moment du lancement de ses lunettes de soleil connectées Spectacles.
Est-ce qu’un nouveau nom suffira à redorer le blason d’une entreprise dont l’image est aujourd’hui très dégradée ? Le public sera-t-il prêt à plonger dans cette nouvelle expérience immersive gérée en partie par le réseau social ? The Economist évoquait récemment « un point de non-retour » concernant la réputation de l’entreprise, suite aux déboires cités plus haut, mais cette image négative a surtout été forgée lors de l’élection présidentielle américaine de 2016 et suit le réseau social comme une ombre depuis lors.
Quant au nouveau nom choisi pour l’entreprise, il semble que cela soit un secret très bien gardé. Selon The Verge, il est probable qu’elle soit rebaptisée « Horizon », à l’instar de l’univers de réalité virtuelle développé par Facebook, qui a récemment été renommé Horizon Worlds (anciennement Facebook Horizon) et qui est présenté comme le cœur du métavers.