En cherchant un partenaire, nous nous appuyons sur certains repères, généralement basés sur le visuel. Des recherches antérieures ont notamment révélé que l’attractivité faciale serait liée à une certaine forme de santé physiologique. Cependant, des chercheurs suggèrent dans une nouvelle étude que l’on ne se fie pas uniquement à nos yeux lorsque l’on recherche un partenaire, et que d’autres sens comme l’odorat peuvent intervenir. Leur étude suggère aussi que les femmes hétérosexuelles peuvent différencier à l’odeur un homme célibataire d’un homme en couple. Toutefois, il n’est pas encore clair si cette différence d’odeur est liée à un taux plus élevé de testostérone (ou d’autres hormones) ou tout simplement à des différences de mode de vie entre les hommes célibataires et ceux en couple.
Il est connu que l’attirance physique fait intervenir tout un phénomène hormonal complexe, influant sur l’attractivité des odeurs corporelles. Des études antérieures ont par exemple montré que les hommes célibataires ont un taux de testostérone plus élevé, et dégagent une odeur spécifique les rendant plus compétitifs lors de la recherche d’une partenaire. Du côté des femmes, un taux d’œstrogènes élevé et de progestérone bas serait signe de disponibilité sexuelle. Plus les concentrations de ce « cocktail » hormonal sont régulées de la sorte, plus elles « sentiraient bon » d’un point de vue masculin.
Il s’agirait d’un mécanisme biochimique naturel, où des signaux chimiques interviennent de sorte qu’une personne puisse s’assurer de la disponibilité d’un partenaire. Ce mécanisme intervient généralement inconsciemment et s’expliquerait par un mécanisme évolutif selon lequel les femmes avaient autrefois tendance à éviter les hommes en couple, car ils avaient ainsi moins de ressources disponibles. Les résultats de l’étude, publiée en 2019 dans Frontiers In Psychology, suggèrent que les fluctuations hormonales liées au fait d’être célibataire ou non sont étroitement liées à la perception de l’apparence et de l’odeur d’une personne.
Les hommes célibataires auraient de « plus fortes » odeurs corporelles
L’étude, dirigée par des chercheurs de l’Université de Macquarie à Sydney (Australie), expose une expérience au cours de laquelle 82 femmes hétérosexuelles âgées de 18 à 35 ans ont été invitées à évaluer les odeurs corporelles et les visages d’hommes hétérosexuels. 50% des femmes participant à l’étude étaient célibataires et les autres en couple. Sur 89 hommes à évaluer au total, les femmes devaient chacune classer trois hommes en couple et trois hommes célibataires. Pour la suite de l’expérience, ces derniers ont été invités à donner des t-shirts qu’ils avaient portés durant 24 heures, et ont dû fournir une photo d’eux.
Les chercheurs ont ensuite découpé les parties les plus transpirées des t-shirts et les ont insérées dans des tubes. En sentant l’odeur de chaque t-shirt, les femmes devaient répondre à des questions telles que : « À quel point aimez-vous ou n’aimez-vous pas cette odeur ? », ou « À quel point cette odeur est-elle sexy ? ». Les portraits des hommes ont également été présentés aux femmes pour qu’ils soient évalués selon leur aspect, leur sensualité, leur intelligence, leur loyauté, leur gentillesse, leur fiabilité, leur masculinité et leur « apparence de bon partenaire ».
En analysant les résultats, les chercheurs ont constaté que les hommes célibataires montraient de plus fortes (ou plus attrayantes) odeurs corporelles aux yeux des femmes, que ceux en couple. Plus l’odeur était appréciée pour un candidat donné, plus l’apparence physique était jugée favorable. Et de façon étonnante, les femmes en couple considéraient les visages d’hommes célibataires comme plus virils, tandis que les femmes célibataires les évaluaient de manière égale. D’après les chercheurs, il s’agirait d’un phénomène lié à l’ovulation.
Bien que les niveaux d’hormones sexuelles n’aient pas été pris en compte dans les expériences, les chercheurs estiment que les résultats sont cohérents avec des recherches antérieures. Ces dernières suggèrent en effet que des niveaux de testostérone plus élevés sont associés à une odeur corporelle plus forte, perçue comme plus masculine.
Il faut néanmoins garder à l’esprit que les odeurs corporelles sont parfois liées au mode de vie, impliquant une meilleure ou une moins bonne hygiène de vie. Il est ainsi possible que les hommes en couple aient une meilleure hygiène de vie que les célibataires, et dégagent ainsi une odeur corporelle moins détectable. Une odeur intense pourrait également être liée à un régime alimentaire mal équilibré.
Toutefois, les hommes ayant participé à l’expérience n’ont pas été autorisés à utiliser des produits d’hygiène au cours des 24 heures où ils ont transpiré dans leurs t-shirts. Des essais plus approfondis sont donc nécessaires pour établir clairement les liens entre les taux d’hormones et les odeurs corporelles.