La fertilité des hommes peut augmenter en cas de doute d’infidélité, suggère une étude

Les hommes peuvent adapter leur fertilité en fonction de la concurrence selon une étude
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Les hommes adaptent-ils leur fertilité à la concurrence ? Une étude récente menée par des chercheurs américains suggère que la perception d’une rivalité sexuelle peut influer sur la qualité de l’éjaculat. Selon ces travaux, impliquant des technologies d’analyse de nouvelle génération, le corps masculin ajuste certains paramètres de fertilité en réponse à l’environnement social.

Dans le règne animal, la compétition spermatique est un phénomène bien documenté : lorsque plusieurs mâles rivalisent pour féconder une femelle, leur organisme module la quantité et la qualité de leur sperme. La question se pose alors de savoir si une telle adaptation existe aussi chez l’être humain.

Depuis 1993, les chercheurs explorent cette hypothèse et diverses études ont montré que les hommes produisent des éjaculats plus riches en spermatozoïdes après une période d’abstinence avec leur partenaire. Selon les conclusions de l’une de ces études (Baker et Bellis, 1993), c’est parce qu’une abstinence prolongée peut être interprétée comme un signal de risque accru de concurrence reproductive, du fait de la possibilité d’interactions de la partenaire avec d’autres hommes. Toutefois, cette étude considérait uniquement la durée de l’éloignement comme indicateur de compétition spermatique et utilisait des méthodes d’analyse aujourd’hui dépassées.

En considérant, ces limites, une équipe dirigée par Tara DeLecce, chercheuse postdoctorale et chargée de cours à l’Université d’Oakland, a souhaité réévaluer cette hypothèse en adoptant une approche plus nuancée. En intégrant des indicateurs variés et des outils technologiques plus performants, les scientifiques ont ici tenté de déterminer si d’autres facteurs, au-delà du simple temps d’abstinence ou de séparation, pouvaient influencer la qualité de l’éjaculat.

Parmi ces facteurs, ils ont examiné la perception du risque d’infidélité par les hommes et la présence de rivaux potentiels. Leurs résultats suggèrent que la perception d’une concurrence masculine peut influencer certains aspects de la physiologie reproductive et ainsi la fertilité.

« L’idée que les spermatozoïdes de plusieurs hommes puissent être en compétition au sein de l’appareil reproducteur féminin et que cette compétition soit influencée par des facteurs sociosexuels était pour moi un concept nouveau et inhabituel », confie DeLecce à PsyPost.

Des résultats fondés sur une technologie de pointe

Pour mener cette recherche, les scientifiques ont recruté 34 couples hétérosexuels âgés de 18 à 32 ans, tous en relation depuis au moins trois mois et ayant une activité sexuelle régulière. Afin d’éliminer les variables susceptibles d’altérer les résultats, les chercheurs ont sélectionné des hommes n’ayant ni subi de vasectomie ni suivi de traitement de fertilité, tandis que leurs partenaires ne devaient pas utiliser de contraception hormonale.

L’étude s’est déroulée sur 45 jours, avec sept séances de suivi pour chaque couple. Lors de la première séance, les partenaires ont été séparés et ont rempli des questionnaires évaluant différents paramètres : le temps écoulé depuis leur dernier rapport sexuel, la perception du risque d’infidélité par les hommes, ainsi que la présence de rivaux potentiels dans l’entourage de la partenaire, notamment parmi ses amis et collègues masculins. Des mesures corporelles, telles que la taille et le poids des participants, ont également été relevées.

Au cours de l’expérience, les hommes ont fourni six échantillons d’éjaculat sur six semaines, dont trois issus de rapports sexuels. Pour garantir la fiabilité des résultats, les participants devaient observer une période d’abstinence comprise entre 48 heures et sept jours avant chaque prélèvement. Les échantillons étaient ensuite analysés en laboratoire par le biais d’une technologie de mesure de pointe permettant d’examiner divers paramètres du sperme, notamment sa concentration et la mobilité des spermatozoïdes.

Des résultats inattendus

Contrairement aux études antérieures, les travaux de DeLecce et de son équipe n’ont pas établi de corrélation entre la durée de séparation d’un couple et la concentration en spermatozoïdes de l’éjaculat. En revanche, ils ont révélé que les hommes percevant un risque élevé de concurrence sexuelle – par exemple, en estimant que leur partenaire était entourée d’amis masculins – produisaient des éjaculats plus concentrés lors des rapports sexuels. Ce phénomène n’a pas été observé dans le cadre des éjaculations masturbatoires.

« Contrairement aux travaux de Baker et Bellis en 1993, nous n’avons trouvé aucun lien entre le temps d’éloignement d’un couple et la concentration en spermatozoïdes lors du rapport sexuel suivant », souligne DeLecce. « Nos résultats indiquent que les hommes augmentent leur production spermatique lorsqu’ils perçoivent que leur partenaire interagit avec des hommes considérés comme des rivaux potentiels, suggérant ainsi une adaptation reproductive en réponse au risque de compétition spermatique ».

Ces conclusions suggèrent que la production spermatique n’est pas uniquement déterminée par des facteurs biologiques, mais est également influencée par des éléments psychologiques. En d’autres termes, la perception d’un risque de concurrence pourrait déclencher des mécanismes physiologiques influençant la production spermatique.

Toutefois, cette étude comporte des limites. Notamment, les chercheurs n’ont pas recueilli de déclarations directes des femmes sur leurs activités lorsqu’elles étaient séparées de leur partenaire. « Il est possible que, du point de vue masculin, le simple fait d’être éloigné de sa partenaire suffise à signaler un risque de concurrence. Mais cette perception pourrait être biaisée par l’absence de données objectives sur le comportement des femmes durant ces périodes », précise DeLecce. Les prochaines recherches de l’équipe viseront à approfondir ces observations en explorant un autre paramètre : l’influence d’indices visuels ou sensoriels (évoquant la présence de rivaux potentiels) sur la qualité du sperme.

Source : Archives of Sexual Behavior

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