Bien que l’hypothèse de son origine soit controversée, des chercheurs ont mené une expédition dans le Pacifique pour récupérer des fragments d’Interstellar Meteor 1 (IM1), le présumé premier objet interstellaire connu. L’équipe expéditive a récupéré des sphérules semblant avoir une composition inédite, pouvant peut-être confirmer l’origine du météore. Le verdict devrait tomber dans quelques semaines.
‘Oumuamua ne serait peut-être pas le premier objet interstellaire découvert par les astronomes, dans notre environnement cosmique immédiat. IM1, un météore ayant pénétré notre atmosphère en 2014 pourrait probablement le détrôner. L’objet s’est écrasé dans l’océan Pacifique, au nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Alors que plus de 100 tonnes de poussière et de petits météores frappent la Terre chaque année, la plupart proviennent de comètes de passage, d’astéroïdes ou d’autres planètes du système solaire. Cependant, deux astronomes de Harvard affirment avoir trouvé des preuves indiquant qu’IM1 pourrait provenir d’au-delà de notre système solaire.
Pour le détecter, les chercheurs ont analysé un catalogue de météores repérés par un réseau de puissants détecteurs, utilisés par le département de la défense américaine. Ils ont pu constater que la trajectoire et la vitesse d’IM1 suggéraient qu’il n’était pas gravitationnellement lié au Soleil. La résistance du matériau principal le composant serait également supérieure à celle des 272 autres météores du catalogue. La même méthode a été utilisée pour définir l’origine interstellaire — aujourd’hui confirmée — d’Oumuamua.
Toutefois, les mesures provenaient de capteurs « top secrets » et ne comprenaient pas suffisamment d’informations pour corroborer leur hypothèse. Et bien que la vitesse de l’objet ait été officiellement confirmée par le gouvernement, de nombreux scientifiques sont sceptiques quant à sa provenance supposément interstellaire. Dans le but de confirmer leur hypothèse sur l’origine d’IM1, Avi Loeb et Amir Siraj ont effectué une expédition dans le Pacifique pour en récupérer les fragments.
Une composition inhabituelle
En utilisant les rares données fournies par le gouvernement, Loeb et Siraj sont parvenus à retracer la zone où IM1 s’est écrasée dans l’océan. À savoir que la zone maritime indiquée par la défense américaine fait près de 120 kilomètres carrés. Étant donné que les astronomes ne pouvaient pas ratisser une superficie de cette taille, ils ont développé des méthodes de calcul permettant de réduire l’aire de recherche. Pour ce faire, les données d’un sismomètre se trouvant à proximité ont été prises en compte, ainsi que le profil météorologique au moment de l’atterrissage de l’objet (le 8 janvier 2014 à 17:05:34), son accélération gravitationnelle et d’autres paramètres physiques.
Après avoir délimité l’aire de recherche, les experts y ont ratissé le fond marin à l’aide d’une sorte de traîneau magnétique, attirant toutes les roches ou poussières contenant du fer. Pour trier le tout, différentes sortes de tamis semblables à ceux des chercheurs d’or ont été utilisées.
Après analyses, ils ont pu retenir 40 fragments provenant potentiellement d’IM1. Mesurant environ un millimètre de diamètre, les minuscules fragments métalliques étaient incrustés dans de la cendre volcanique. Selon certains experts, il n’est pas rare de trouver des micrométéorites au fond de l’océan, en raison de leur constante accumulation sur Terre. Néanmoins, Loeb affirme avoir trouvé les sphérules uniquement au niveau de l’aire délimitée du crash, après avoir fouillé d’autres zones servant de témoin.
Des particules météoritiques plus petites pourraient également être présentes dans les échantillons de cendre volcanique récupérés. « La sphérule était magnétique et séparée par un filtre avec une taille de maille comparable, donc potentiellement il pourrait y avoir beaucoup plus de sphérules dans le résidu qui contient des particules plus petites », écrit Loeb sur son blog.
L’équipe d’expédition révèle également que la composition des sphérules était considérablement différente de celles qui ont antérieurement été rapportées pour d’autres météorites. Certains éléments, normalement rares, y seraient abondants, tandis que d’autres sont absents. Par le biais d’une analyse de fluorescence à rayons X, il a été constaté que les fragments étaient majoritairement composés de fer et contenaient un peu de titane et de magnésium, mais le nickel manquait à l’appel.
« Cette composition est anormale par rapport aux alliages fabriqués par l’homme, aux astéroïdes connus et aux sources astrophysiques familières », indique Loeb. La plupart des météorites de fer retrouvées sont en effet composées de 5 à 10% de nickel. Cependant, cette composition ne suffit pas à convaincre ses pairs. L’un d’eux indique qu’il y aurait une grande disparité dans les taux de nickel des météorites précédemment découvertes, en particulier celles retrouvées dans l’océan.
Actuellement, l’équipe de Loeb est sur le retour de son expédition et prévoit prochainement d’effectuer des analyses plus poussées sur la composition des sphérules. Les résultats devraient être disponibles d’ici quelques semaines et pourraient potentiellement mettre fin au débat concernant l’origine d’IM1.