Des scientifiques de l’entreprise britannique Pulsar Fusion ont testé il y a quelques jours leur dernière innovation en date : une fusée dont le carburant est partiellement composé de déchets plastiques. L’entreprise développe de nombreux projets qui visent à rendre l’exploration spatiale moins polluante… Dont rien de moins que la fusion nucléaire.
On parle aussi de « fusée chimique »… Le terme fait moins rêver, mais il désigne le même système de propulsion récemment testé par Pulsar Fusion. Plus exactement, le carburant utilisé par cette fusée est composé de polyéthylène (HDPE) et de comburant d’oxyde nitreux, qui est injecté dans la chambre de combustion en régulant la pression grâce à une valve de contrôle. Or, le HDPE est utilisé dans de nombreux objets en plastique de la vie quotidienne, comme les bouteilles en plastique. Les sources pour créer le fameux carburant ne manqueraient donc certainement pas.
Les premiers tests ont été effectués à Salisbury, sur la base militaire du ministère de la Défense du Royaume-Uni, COTEC. La fusée est pour le moment restée au sol, mais les scientifiques ont été satisfaits de ses performances. Les fameux « disques de Mach » sont apparus dans la traînée de la fusée. Encourageant, puisque ces motifs apparaissent généralement dans le panache des systèmes de propulsion aérospatiaux. Ils sont la marque d’une très haute température et d’un fort débit massique.
« Nous sommes ravis des tirs d’essai au Royaume-Uni chez COTEC. C’est un moment extrêmement important et nous sommes fiers que cette fusée soit construite au Royaume-Uni », a déclaré Richard Dinan, PDG de Pulsar Fusion. « Avoir un test de fusée britannique sur le sol britannique est nouveau. Pulsar fait partie des rares entreprises dans le monde à avoir construit et testé ces technologies. Nous avons une équipe de scientifiques fantastiques avec une vaste expérience à remercier pour ces jalons ».
Pulsar Fusion veut réaliser la fusion nucléaire
L’objectif de l’entreprise, en créant de telles fusées, est bien entendu d’être capable d’envoyer des personnes aussi bien que des satellites dans l’espace, de façon plus écologique. Les scientifiques ne sont pas les premiers à expérimenter sur ce type de système. On peut aussi noter les tentatives, par exemple, de Virgin Galactic, qui a abandonné le projet suite à un test de vol non concluant, ou encore Skyrora, une compagnie écossaise qui a testé avec succès un carburant à base de plastique recyclé.
Mais leur ambition ne s’arrête pas là, loin de là. Ce projet s’inscrit dans une vaste volonté : faire faire un bond à l’exploration spatiale. Le point clef de cette ambition repose sur leur volonté de faire aboutir un système de propulsion basé sur rien de moins que la fusion nucléaire.
Sur le site de l’entreprise, il est même précisé que leur volonté est de lancer la première source d’énergie à fusion nucléaire en… 2025. « Pulsar est à un stade avancé de la conception de son cœur de réacteur de démonstration, PowerStation, utilisant des paires de combustibles tritium/deutérium. L’entreprise commencera la construction de son prototype de réacteur en 2023 », affirme le résumé du projet.
L’entreprise espère ainsi avoir développé un système de propulsion basé sur la fusion pour 2030. Mais qu’est-ce que la fusion nucléaire, au juste ? En résumé, il s’agit de recréer artificiellement le processus en jeu à l’intérieur du Soleil. En effet, les forces gravitationnelles s’y combinent avec une chaleur et une pression extrêmes, qui écrasent les noyaux les uns contre les autres, libérant ainsi d’énormes quantités d’énergie. Le tout, sans laisser de déchets semblables à ceux qui posent actuellement problème dans la fission nucléaire (le procédé utilisé dans les centrales actuelles).
Une telle source d’énergie, si elle est véritablement mise au point d’ici là, permettrait aux navettes spatiales d’être propulsées bien plus rapidement, mais aussi de ne plus transporter de réserve de carburant. De quoi réduire le temps de voyage vers mars de moitié, selon les propos de Pulsar Fusion. Réaliser la fusion nucléaire est cependant un objectif largement poursuivi depuis des années par la communauté scientifique, et qui lui donne bien du fil à retordre…
Annoncer de tels objectifs à aussi court terme est donc extrêmement ambitieux et semble quelque peu irréaliste. D’autres résultats sont cependant encourageants, puisque le MIT a annoncé en septembre 2021 une avancée majeure en la matière, grâce à la réalisation d’un électro-aimant particulièrement puissant. Les scientifiques de cet institut de renommée mondiale espèrent, eux aussi, des résultats en 2025.
La vidéo du test au sol de la fusée :