L’Université de Chicago vient de dévoiler « Glaze », un outil innovant conçu par ses chercheurs. Cet instrument a pour vocation de protéger les œuvres d’art des artistes contre les utilisations non autorisées, notamment dans la formation des modèles d’IA. Glaze vise donc à redonner aux créateurs le contrôle sur leur travail, garantissant ainsi l’intégrité et la valeur de leurs créations face aux avancées technologiques.
« On ne nous a jamais demandé si nous étions d’accord avec l’utilisation de nos images ». Ces mots poignants de l’illustratrice Eveline Fröhlich, exprimés lors d’une interview sur CNN, résument le sentiment de frustration ressenti par de nombreux artistes à l’ère de l’IA. En effet, l’ascension fulgurante de cette nouvelle technologie a vu une multitude de modèles génératifs s’approprier le travail des artistes sans demander leur consentement, sans offrir de compensation, et sans même leur attribuer le moindre crédit.
Cette situation avait déjà atteint un point culminant en janvier dernier, lorsque Midjourney, Stable Diffusion et DreamUp, trois géants de l’IA générative, ont été visés par une plainte collective. Ces entreprises ont été accusées d’avoir formé leurs modèles en utilisant des milliards d’images récupérées sur Internet, sans discernement ni éthique. Face à cette situation alarmante, le nouvel outil Glaze pourrait bien changer la donne. En offrant une protection inédite aux œuvres d’art, il se positionne comme une réponse potentielle à l’envahissement incontrôlé de l’IA, redonnant espoir aux artistes du monde entier.
Une protection subtile, mais efficace
Glaze se présente comme une barrière invisible, mais robuste pour les œuvres d’art. En ajoutant discrètement une couche supplémentaire aux photos numériques, l’outil agit comme un voile caché, modifiant les pixels de l’image de manière si subtile que l’œil humain ne peut discerner les changements. Pour parvenir à cette prouesse, l’outil s’appuie sur des techniques d’apprentissage automatique avancées. Il scrute chaque œuvre d’art, évaluant les meilleures façons de la transformer sans altérer son apparence visuelle pour les humains.
Mais là où Glaze brille vraiment, c’est dans sa capacité à tromper les modèles d’IA. Les changements sont interprétés par les systèmes d’IA comme des variations drastiques de style. Ainsi, une œuvre traitée par l’outil est perçue par l’IA comme étant d’un style artistique totalement différent de l’original. Cette caractéristique est essentielle, car en s’entraînant sur une telle image, l’IA ne parvient pas à saisir le véritable style et l’essence de l’œuvre originale.
Au-delà de la protection, un espoir renouvelé
Pour de nombreux artistes, chaque création est le fruit de longues heures de travail, d’années de formation et d’une passion inébranlable pour leur art. Imaginer que ces œuvres, qui sont souvent protégées par des droits d’auteur, puissent être utilisées sans leur consentement est une source de frustration et, indirectement et à grande échelle, de perte de revenus. Glaze offre aux artistes une bouffée d’air frais, une lueur d’espoir dans un monde numérique où leurs droits semblent constamment négligés.
Mais les avantages de Glaze ne s’arrêtent pas là. À l’ère des réseaux sociaux, où des milliards d’images sont partagées chaque jour, la protection des œuvres contre le détournement est devenue cruciale. Avec l’émergence du « deep-fake », les outils d’IA sont devenus si sophistiqués qu’ils peuvent manipuler des images et des vidéos, faisant apparaître des personnes dans des situations qu’elles n’ont jamais vécues. Glaze, en perturbant la capacité des IA à interpréter correctement les images, pourrait bien être une réponse à ce défi grandissant.