Au cours des dernières années, les grandes entreprises leaders dans le domaine des technologies digitales, comme Facebook ou Apple, se sont lancées dans le développement de technologies portables ou embarquées afin de toucher encore plus d’utilisateurs. C’est notamment le cas de Google qui s’est récemment lancé dans le développement de plusieurs projets comme des lunettes holographiques et un contrôleur de réalité virtuelle. Mais le plus ambitieux, et étonnant, est certainement le projet SkinMarks qui consiste, via l’impression de tatouages, à transformer une zone de peau en pavé tactile.
Les tatouages, qui sont chargés de capteurs, sont appliqués sur une partie du corps, comme la crête des articulations d’une personne ou le côté d’un doigt. Les capteurs peuvent être déclenchés par des gestes traditionnels de toucher ou de balayage, comme vous le feriez sur votre téléphone. Mais il y a aussi quelques gestes plus spécifiques afin de fonctionner à la surface de la peau. Vous pouvez serrer la zone autour du tatouage ou plier vos doigts ou vos membres pour activer les capteurs.
Un « pavé tactile dermique » adaptable à toutes les géométries
L’avantage d’utiliser votre peau comme interface, écrivent les chercheurs dans un livre blanc de 2017, tire parti de la motricité fine que les êtres humains possèdent naturellement. Être capable de se plier et de serrer est instinctif, donc ces mouvements s’agencent plus naturellement avec cette technologie. Interagir avec votre peau et vos membres signifie également que vous pouvez le faire sans avoir besoin de regarder.
Les tatouages sont réalisés par sérigraphie d’encre conductrice sur du papier tatouage. Le papier est ensuite thermodurci pour pouvoir être appliqué sur la peau. Certains des tatouages prototypes comprennent des dessins ou des affichages lumineux. L’expérience, dirigée par des chercheurs de l’Université de la Sarre en Allemagne, est financée en partie par un Google Faculty Research Award. « Grâce à une épaisseur de tatouage considérablement réduite et une extensibilité accrue, un SkinMark est suffisamment mince et flexible pour se conformer à une géométrie irrégulière, comme les lignes de flexion et les os saillants », écrivent les chercheurs.
L’essor des biotechnologies portables
Google n’est pas le seul géant de la technologie à avoir expérimenté la peau dans des projets similaires. En 2017, Facebook a dévoilé un projet qui pourrait permettre aux gens « d’entendre » et de déchiffrer des mots par des vibrations sur leur peau. Le concept est similaire au braille, dans lequel de minuscules bosses représentent des lettres et d’autres éléments du langage.
Mais au lieu de passer votre main sur ces bosses, vous ressentiriez des fréquences de motifs différents sur votre avant-bras à partir d’une manche portée à votre poignet. L’initiative était l’un des projets phares du Bâtiment 8, le laboratoire de hardware expérimental de Facebook. Après de grandes difficultés, le laboratoire a été fermé un an plus tard.
Mis à part le fait de battre d’autres géants de la technologie comme Facebook ou Apple sur ce terrain, Google est particulièrement motivé à inciter plus de gens à utiliser des appareils portables — ou à les imprimer littéralement sur leur peau — afin de collecter plus de données utilisateurs. La publicité ciblée rapporte à Google plus de 160 milliards de dollars chaque année. Et les toutes nouvelles catégories de données que des appareils comme ces tatouages génèreraient seraient encore plus précieuses.
Vidéo de Google présentant le projet SkinMarks :