C’est un coup dur qui suit la malencontreuse présentation de son nouvel outil à base d’IA : Bard. Alphabet, la société mère de Google, vient d’accuser une chute de 12 points dans ses actions entre le 8 et le 10 février, représentant une perte d’environ 100 milliards de dollars.
C’est ce qu’on peut appeler une entrée en scène ratée. Comme nous l’évoquions dans un article, Google a récemment présenté son nouvel outil conversationnel qui fonctionne grâce à une IA : Bard. Autrement dit, un concurrent de ChatGPT, qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. Le 8 février dernier, l’entreprise a donné une conférence de presse à Paris pour présenter l’outil. Bard ne s’est toutefois pas montré coopératif, et a donné une réponse erronée en plein sous le feu des projecteurs.
La réputation de Google en a aussitôt subi les conséquences, puisque Alphabet, société mère de Google, a plongé en bourse juste après cette mésaventure. La remontée n’est d’ailleurs toujours pas évidente, puisque ce 10 février en début de journée, la baisse est de 12 points. Cette diminution représente plus de 100 milliards de dollars. Il s’agit de la baisse la plus importante depuis octobre dernier, mais fait suite à une augmentation en janvier.
Pour rappel, Bard, comme ChatGPT, est un outil conversationnel. Il suffit de rentrer une requête écrite pour obtenir une réponse construite de sa part, basée sur les masses de données apprises et traitées par l’intelligence artificielle qui fait fonctionner cet outil.
Lors de cette démonstration, plusieurs requêtes lui ont donc été soumises. Parmi celles-ci, l’une d’entre elles visait à montrer à quel point Bard pourrait se montrer un outil éducatif intéressant : « Quelles dernières découvertes de la NASA issues du télescope James Webb puis-je expliquer à mon enfant de 9 ans ? », s’est-il vu demander. L’IA a entre autres déclaré que ce télescope avait permis de prendre les premières photos d’une planète hors système solaire. Une erreur, puisque c’est le Very Large Telescope de L’Union européenne qui a franchi cette étape le premier, en 2004.
Entre fiction et réalité…
C’est suite à cette bévue qu’Alphabet a vu le cours de ses actions plonger. Il faut dire que Google est le moteur de recherche phare actuellement, et a récemment affirmé sa volonté d’implémenter des fonctions alimentées par IA dans sa célèbre barre de recherche. De telles imprécisions ont donc de quoi inquiéter quant aux risques de désinformation. Google a toutefois bien souligné le fait que Bard n’en était qu’à un stade expérimental. Un porte-parole de Google, dont les propos ont été relatés par ABCNews, a indiqué que cette erreur soulignait « l’importance d’un processus de test rigoureux, ce que nous lançons cette semaine avec notre programme Trusted Tester ».
Il faut d’ailleurs noter que toutes les IA existantes, incluant ChatGPT, font encore des erreurs récurrentes. ChatGPT a par exemple prouvé qu’il était assez mauvais en mathématiques. Par ailleurs, elles ont aussi tendance à mélanger des faits existants avec de fausses informations sans faire la distinction. « C’est ce qu’on appelle une hallucination : le robot conversationnel imagine en fait ce qui pourrait être écrit même si ce n’est pas exact », explique alors Claude de Loupy, dirigeant de Syllabs et spécialisé dans les IA génératrices de textes automatiques, dans des propos rapportés par les Echos.
L’événement met en tout cas en lumière les enjeux financiers féroces dissimulés derrière la concurrence entre IA. Les inquiétudes des actionnaires, toutefois, ne sont sans doute pas uniquement liées à cette erreur de Bard. Un rapport, publié la semaine dernière, indiquait également que les ventes d’annonces publicitaires de Google ont diminué par rapport à la période de fêtes de l’année précédente, indique ABC News.