Saviez-vous que vous consommez de l’eau lorsque vous faites une recherche sur internet ? En effet, les centres de données gérés par Google (tout comme ceux d’autres entreprises) consomment de l’eau pour refroidir leurs circuits. La question de « combien » précisément était jusqu’ici restée ouverte. À la fin de l’année 2022, Google a finalement décidé de publier les chiffres de consommation d’eau de chacun de ses centres de données.
Lancer une recherche Google, regarder une vidéo… Même si nous n’en avons pas toujours conscience, toutes nos actions sur Internet sont consommatrices d’eau. En effet, toutes ces recherches et ces contenus sont des données, qui sont stockées dans des « centres de données », ou datacenters. Concrètement, un datacenter est un lieu, une infrastructure, qui accueille de nombreux « gros ordinateurs » pour stocker les fameuses données. « Comme votre ordinateur personnel, les centres de données génèrent de la chaleur et doivent être refroidis par refroidissement à l’air, à l’eau, par réfrigérants ou par une combinaison de ces solutions », explique Google dans un communiqué.
Dire que les données sur cette consommation d’eau étaient un secret complet jusqu’ici ne serait pas exact : des rapports environnementaux avaient été publiés par Google. En revanche, les données sur la consommation exacte de chaque datacenter manquaient. Ce secret avait d’ailleurs donné lieu à une bataille rangée entre le journal The Oregonian et la ville de The Dalles, dans l’Oregon. Le journal avait fini par obtenir les fameux chiffres, et avait rapporté que la consommation d’eau de Google représentait plus d’un quart de toute l’eau utilisée dans la ville.
La question de la localisation peut en effet être clef, car tous les lieux ne font pas face aux mêmes enjeux sur la question de l’eau. « L’information elle-même est du plus haut intérêt public », avait déclaré à ce sujet Ellen Osoinach, avocate de l’Initiative juridique locale du Comité des journalistes pour la liberté de la presse pour l’Oregon, à The Oregonian, qu’elle a représenté dans l’affaire. « Il s’agit d’une ressource communautaire limitée et l’Ouest est en période de sécheresse. Il existe des centres de données dans tout le pays et ici même dans l’Oregon, et la quantité d’eau qu’ils consomment est quelque chose d’incroyablement important pour tous les utilisateurs d’eau ».
15 milliards de litres d’eau
Ben Townsend, responsable mondial des infrastructures et de la stratégie de l’eau chez Google s’est exprimé auprès du New Scientist : il a expliqué que la raison du « secret » était de ne pas révéler la puissance de calcul disponible pour chaque datacenter. Google a désormais diversifié ses technologies de refroidissement et ses localisations. Récemment, l’entreprise a donc décidé de mettre fin au débat et de publier ses données sur le sujet, incluant les chiffres pour chacun de ses datacenters.
Il est donc désormais de notoriété publique que les centres de données de Google consomment plus de 15 milliards de litres d’eau chaque année : soit, explique l’entreprise à titre de comparaison, « l’empreinte eau » de 22 terrains de golf dans le sud-ouest des États-Unis. La consommation moyenne par jour est de 1 703 250 litres d’eau. Il faut ajouter à cette consommation une consommation indirecte : les centrales électriques, selon la technologie dont elles dépendent, peuvent aussi être consommatrices d’eau. Or, les datacenters sont aussi consommateurs d’électricité.
Le datacenter le plus gourmand en eau est celui de Council Bluffs, dans l’Iowa, avec plus de trois milliards de litres consommés, suivi du comté de Mayes, dans l’Oklahoma, avec 2,5 milliards de litres consommés. Ces chiffres paraissent démesurés, d’autant plus dans un contexte où la sécheresse se fait de plus en plus sentir dans certaines zones géographiques. « Nous adoptons une approche soucieuse du climat pour refroidir nos centres de données, tout en continuant à tenir nos engagements de défendre une utilisation responsable de l’eau et de fonctionner avec une énergie sans carbone 24h/24 et 7j/7 d’ici 2030 », affirme pourtant Google.
Aaron Wemhoff, chercheur à l’Université Villanova en Pennsylvanie, a donné son point de vue sur la question auprès du New Scientist. Au cours de ses recherches, il a constaté que les centres de données de Google avaient une efficacité d’utilisation de l’eau d’environ 1,1 litre par kilowattheure d’utilisation d’énergie. Autrement dit, Google serait plus efficace que la moyenne de l’industrie américaine d’environ 1,8 litre par kilowattheure.
Concernant l’eau liée à la consommation électrique, le scientifique a également constaté que les centres de données de Google faisaient mieux que la moyenne, puisqu’il existe une prise en compte de l’impact de la consommation d’eau sur la disponibilité de l’eau dans les zones fournissant leur électricité et leur eau. Toutefois, faire « mieux que la moyenne » pourrait ne pas s’avérer suffisant, dans la mesure où l’industrie dans son ensemble est très consommatrice de ressources…