Avez-vous déjà entendu parler de la Grande conjonction ? Non, il ne s’agit pas d’un événement historique politique, mais du rapprochement maximal apparent de Jupiter et Saturne dans le ciel (voûte céleste). Un phénomène astronomique rare, étant donné qu’il se produit tous les 20 ans environ. Mais celle que nous sommes sur le point de vivre (le mois prochain) sera encore plus particulière : les deux astres n’auront pas été aussi proches depuis 1623 ! L’événement est une occasion en or pour les astronomes amateurs et professionnels d’observer les deux planètes en les ayant, tellement qu’elles sont proches, dans le même champ de vision.
La grande conjonction est un phénomène que les astronomes de toutes les époques ont su apprécier, les études des astres dans cette configuration ayant débuté relativement tôt dans l’histoire, notamment par le célèbre astronome Johannes Kepler dans les années 1600. Dans leur rencontre la plus proche depuis 1623, Jupiter et Saturne apparaîtront presque comme un objet lumineux unique dans le ciel nocturne le mois prochain.
Comme à son habitude, Jupiter apparaît toujours brillant et est généralement l’un des objets nocturnes les plus lumineux, mais ces derniers mois, il s’est distingué encore plus que d’habitude par la présence de Saturne, également très lumineux, se situant juste à sa gauche (à l’est). Apparaissant à peu près au douzième de sa brillance, Saturne a accompagné Jupiter de près tout au long de l’année 2020.
Chaque fois que Jupiter et Saturne sont en conjonction — c’est-à-dire lorsqu’ils ont la même ascension droite ou longitude céleste —, on parle de « Grande Conjonction ». Pourquoi ? Tout simplement car contrairement aux conjonctions avec les autres planètes brillantes, ces deux astres se rencontrent rarement. La fréquence moyenne d’occurrence étant le produit de leurs périodes sidérales divisé par la valeur absolue de leur différence. (Rien compris ? Lisez la suite).
La période sidérale
Une période sidérale est définie comme le temps nécessaire à un corps céleste du système solaire pour effectuer une révolution (tour complet) par rapport aux étoiles fixes. La période de Saturne de 29,65 ans multipliée par la période de Jupiter de 11,86 ans donne comme résultat 351,65. En divisant cette valeur par la différence de leurs périodes sidérales, on obtient 19,76 ans. Ainsi, tous les 20 ans environ, Jupiter et Saturne se donnent rendez-vous, et le prochain aura lieu très bientôt : le 21 décembre !
La plupart du temps, lorsque Jupiter dépasse Saturne, les deux astres sont généralement séparés de plus d’un degré. Mais le 21 décembre, cette séparation ne sera que d’un dixième de degré (ou 6,1 minutes d’arc). Pour évaluer la distance qui sépare les deux planètes, vous pouvez vous concentrer sur Mizar, l’étoile centrale située dans la poignée de la Grande Ourse. Une étoile de luminosité plus faible, Alcor, se trouve à seulement 11,8 minutes d’arc.
Une occasion d’observation rarissime
Et pourtant, Jupiter et Saturne s’approcheront à environ la moitié de cette distance. Cela ne représente que 0,102 degré. Sous un fort grossissement avec un télescope amateur moyen, les chanceux pourront voir les deux planètes — Saturne et son système d’anneaux et Jupiter avec ses bandes nuageuses et ses satellites galiléens — simultanément dans le même champ de vision !
Il sera intéressant d’observer comment l’écart entre ces deux planètes va progressivement se réduire au cours des mois de novembre et décembre. Le 1er novembre, elles sont distantes de 5,1 degrés ; le 15 novembre, de 3,8 degrés. Le 1er décembre, elles seront séparées de 2,2 degrés et le 15 décembre, elles ne seront plus qu’à 0,7 degré l’une de l’autre, puis se rapprocheront de 0,1 degré chaque nuit par la suite jusqu’à leur rencontre tant attendue le 21 décembre.
La dernière fois que ces deux planètes sont apparues aussi proches, c’était le 16 juillet 1623, alors qu’elles n’étaient séparées que de 5 minutes d’arc. Le prochain rapprochement à seulement 6 minutes d’arc aura lieu le 15 mars 2080 ! Le confinement rend impossible toute sortie à plus d’un kilomètre pour le moment (jusqu’au 1er décembre minimum), mais peut-être aurons-nous la chance d’être libérés à temps, afin que les passionnés puissent profiter de ce cadeau de Noël astronomique.