En novembre 2024, le tout premier cas humain de grippe aviaire H5N1 a été signalé au Canada, plaçant les autorités sanitaires du pays en état d’alerte. Aux États-Unis, le premier décès lié à ce virus a été rapporté plus tôt dans l’année. Ces événements soulèvent des préoccupations sur une éventuelle propagation accrue du H5N1, désormais détecté chez les ouvriers agricoles en plus des élevages industriels. Dans une étude sur l’évolution du virus, des chercheurs texans ont identifié neuf mutations spécifiques chez une personne infectée. Bien que ces découvertes soient préoccupantes, les experts affirment que les traitements antiviraux actuels restent efficaces contre cette souche.
La grippe aviaire, une infection respiratoire hautement contagieuse chez les oiseaux, est particulièrement mortelle pour les volailles. Des cas isolés de transmission aux mammifères, notamment chez les chats, les ours noirs, les lynx et les moufettes, ont également été signalés au fil des années. Toutefois, ces infections ont majoritairement été bénignes.
Aux États-Unis, une évolution notable a été observée en 2024 : pour la première fois, une épidémie de grippe aviaire a touché 925 troupeaux de vaches laitières répartis dans 16 États. L’analyse génétique des échantillons a révélé que les virus impliqués provenaient d’une seule transmission initiale.
Dans les six mois suivant cette épidémie, 66 cas humains de grippe aviaire H5N1 ont été confirmés par les autorités sanitaires américaines. Les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) montrent que 7 % des ouvriers agricoles travaillant dans les exploitations touchées ont été contaminés.
Si les symptômes restent généralement bénins — fièvre, conjonctivite, écoulement nasal et toux —, le décès d’un homme de 65 ans, début janvier en Louisiane, a suscité une inquiétude croissante. Les analyses du virus responsable de ce décès ont révélé des mutations augmentant sa capacité à se lier aux récepteurs respiratoires humains, ce qui pourrait le rendre plus transmissible et dangereux.
Des mutations préoccupantes
Dans la nouvelle étude, publiée dans la revue Emerging Microbes & Infections, une équipe du Texas Biomedical Research Institute a comparé des souches de H5N1 isolées chez un patient infecté au Texas et chez des vaches laitières. Selon le Dr Luis Martinez-Sobrido, professeur à Texas Biomed, « neuf mutations ont été identifiées dans la souche humaine, mutations qui étaient absentes dans la souche bovine. Cela suggère qu’elles sont apparues après l’infection humaine ».
Des expérimentations sur des modèles murins ont ensuite révélé que la souche humaine, appelée rHPhTX, a acquis des capacités accrues à se propager. Chez les souris, elle a provoqué une inflammation et des symptômes plus graves (qu’avec les souches précédentes). Les chercheurs estiment que les mutations observées pourraient accroître le risque de transmission du virus entre hôtes humains.
Malgré cela, les tests menés sur plusieurs antiviraux approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) ont montré que ces mutations n’altèrent pas leur efficacité. « Heureusement, les mutations n’ont pas affecté la sensibilité aux antiviraux approuvés », souligne Ahmed Mostafa Elsayed, auteur principal de l’étude.
Actuellement, l’équipe de Texas Biomed poursuit ses recherches sur les mutations humaines du virus H5N1, dans le but d’identifier celles responsables de sa virulence accrue. Comprendre les mécanismes par lesquels le virus infecte différents mammifères et provoque des symptômes de gravité variable reste un enjeu central. « L’une des priorités majeures est d’éradiquer la grippe aviaire chez les troupeaux de vaches laitières, afin de minimiser le risque de nouvelles mutations et de transmission à l’homme ou à d’autres espèces », conclut le Dr Elsayed.