Hausse inquiétante du taux de cancer colorectal chez les moins de 50 ans au niveau mondial

Une hausse probablement due aux mauvaises habitudes alimentaires et à l’obésité.

cancer colorectal moins 50 ans
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Le nombre de personnes de moins de 50 ans diagnostiquées avec un cancer colorectal augmente de manière inquiétante au niveau mondial, selon une récente enquête. Alors que les précédentes études indiquaient une augmentation dans les pays à revenu élevé, cette tendance serait désormais également observée au niveau de différents types d’économies, y compris les pays en développement. Cette hausse serait probablement due à l’augmentation des mauvaises habitudes alimentaires et des maladies métaboliques.

Affectant près de 2 millions de personnes par an au niveau mondial, le cancer colorectal est la troisième forme de cancer la plus diagnostiquée et la deuxième cause de décès par cancer. Le taux de survie à 5 ans est d’environ 90 % s’il est diagnostiqué au stade précoce, mais ne dépasse pas 10 % s’il est diagnostiqué tardivement. Alors qu’on pensait initialement que la maladie affectait principalement les personnes âgées, des études ont fait état de l’augmentation du taux d’incidence chez les jeunes adultes (moins de 50 ans), en particulier dans les pays à revenu élevé, tels que l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis.

En revanche, les tendances sont généralement en baisse ou sont stables chez les plus de 50 ans, probablement en raison de la réduction des facteurs de risque (arrêt du tabac et de l’alcool, amélioration du régime alimentaire, etc.) et des efforts de sensibilisation au dépistage précoce. Une augmentation du taux de cancer colorectal chez les jeunes adultes (ou cancer colorectal à apparition précoce) a également été observée en Corée du Sud et à Hong Kong, mais parallèlement à celui des personnes âgées.

Cependant, l’enquête codirigée par l’American Cancer Society indique que la hausse du cancer colorectal à apparition précoce est un phénomène mondial et ne se limite pas aux pays à revenu élevé. « L’augmentation du nombre de cancers colorectaux à apparition précoce est un phénomène mondial », indique Hyuna Sung, scientifique principale en charge de la recherche sur la surveillance du cancer à l’American Cancer Society et auteure principale de l’étude, au Guardian. « Des études antérieures ont montré cette augmentation principalement dans les pays occidentaux à revenu élevé, mais elle est désormais documentée dans diverses économies et régions du monde ».

Une augmentation dans 27 pays sur 50

Dans le cadre leur enquête, Sung et ses collègues ont comparé les tendances de l’incidence du cancer colorectal chez les jeunes adultes à celles des adultes plus âgés, en utilisant les données provenant de 50 pays et territoires différents entre 2007 et 2017. Les informations sur l’incidence de maladie proviennent de la base de données Cancer Incidence in Five Continents Plus du Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS. Les données d’indice de développement humain (le taux de développement des pays basé sur la qualité de vie des citoyens) proviennent du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Selon les résultats, publiés dans la revue Lancet Oncology, les taux de cancer colorectal chez les adultes de 25 à 49 ans ont augmenté dans 27 des 50 pays étudiés. Les plus fortes augmentations annuelles sont observées en Nouvelle-Zélande (4 %), au Chili (4 %), à Porto Rico (3,8 %) et en Angleterre (3,6 %), indiquant la diversité des pays. L’incidence semble augmenter plus rapidement chez les femmes que chez les hommes en Angleterre, en Norvège, en Australie, en Turquie, au Costa Rica et en Écosse.

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Tendances des taux d’incidence du cancer colorectal chez les jeunes adultes (25 à 49 ans) et les adultes plus âgés (50 à 74 ans). © Hyuna Sung et al.

Une hausse due aux mauvaises habitudes alimentaires

Bien que les causes potentielles ne soient pas encore claires, les chercheurs estiment que cette hausse est due à l’augmentation chez les jeunes adultes des mauvaises habitudes alimentaires, de l’inactivité physique et des maladies métaboliques, telles que l’obésité. Cette tendance croissante chez les moins de 50 ans pourrait d’ailleurs conduire à l’augmentation de la prévalence chez les adultes plus âgés, au cours des prochaines décennies.

« L’ampleur mondiale de cette tendance préoccupante souligne la nécessité d’outils innovants pour prévenir et contrôler les cancers liés aux habitudes alimentaires, à l’inactivité physique et au surpoids », estime Sung. « Des efforts continus sont essentiels pour identifier les facteurs supplémentaires à l’origine de ces tendances et pour développer des stratégies de prévention efficaces adaptées aux jeunes générations et aux ressources locales dans le monde entier », ajoute-t-elle.

Toutefois, l’étude comporte certaines limites. Les données sur les taux de cancer colorectal à apparition précoce sont limitées à l’année 2017 et pourraient ne pas refléter les tendances actuelles. Elles proviennent également de registres infranationaux et pourraient ne pas représenter l’ensemble de la population de chaque pays. D’autre part, le taux d’augmentation en Angleterre est étonnamment plus élevé qu’au niveau d’autres pays du Royaume-Uni (1,55 % pour le Pays de Galles, 0,64 % pour l’Écosse et 0,54 % pour l’Irlande du Nord), soulevant des questions sur la fiabilité des données.

« Comparer les données internationales sur les taux de cancer est une tâche difficile, car la qualité et la disponibilité des données varient considérablement, nous devons résister à l’envie de tirer des conclusions hâtives, en particulier lorsque les données sont contradictoires et compliquées », estime David Robert Grimes, professeur adjoint de biostatistique au Trinity College de Dublin, qui n’a pas participé à l’étude.

Par ailleurs, bien que les taux semblent en hausse chez les jeunes adultes, ils restent tout de même faibles en comparaison de ceux des plus de 50 ans. Au Royaume-Uni par exemple, le cancer colorectal représente seulement un sur 20 des cancers diagnostiqués chez les moins de 50 ans. Néanmoins, les chercheurs de l’étude estiment que davantage de sensibilisation et de campagnes d’information sont nécessaires à la fois chez les jeunes et les prestataires de soins de santé, afin de réduire les risques de mortalité.

Source : The Lancet Oncology

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