Nous connaissons tous quelqu’un qui utilise les conditions météorologiques localisées, en particulier les vagues de froid brusques, comme preuve que le changement climatique n’est pas en train de se produire, qu’il n’existe pas. Cette semaine, cette personne n’est autre que le président des États-Unis, Donald Trump.
Il a utilisé Twitter pour demander : « Qu’est-il arrivé au réchauffement climatique ? » en référence aux températures froides record que les États-Unis ont rencontré à Thanksgiving.
Il est facile et très courant de commettre une erreur dans le domaine scientifique, qui consiste à enregistrer une courte plage de temps dans une région localisée et à l’utiliser pour faire des déclarations générales sur les schémas climatiques à long terme de la planète.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Il semble intuitif que si la planète se réchauffe, les hivers devraient également se réchauffer. Cependant, ce n’est pas le cas. En effet, cette idée n’a en réalité aucun fondement scientifique, et c’est une erreur dangereuse qui peut nuire à la vraie science sur le changement climatique, et la détourner de la réalité.
Brutal and Extended Cold Blast could shatter ALL RECORDS – Whatever happened to Global Warming?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 22 novembre 2018
This is the coldest weather in the history of the Thanksgiving Day Parade in NYC, and one of the coldest Thanksgivings on record!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 22 novembre 2018
En réalité, les études scientifiques démontrent que c’est le contraire qui est vrai : des conditions plus chaudes dans l’Arctique coïncident avec des hivers plus froids. Une corrélation qui démontre que le changement climatique mondial n’est pas aussi intuitif qu’on pourrait l’imaginer.
Vous aimerez également : Trump annule un important programme de la NASA sur les gaz à effet de serre
Une étude réalisée en 2017 par une équipe internationale de chercheurs a révélé que les conséquences de ces hivers plus froids et plus secs réduisaient la productivité des cultures dans les basses latitudes. En ce qui concerne les régions plus éloignées, l’impact du changement de climat de l’Arctique sur la croissance des plantes en zones tempérées n’est pas aussi bien étudié.
El Niño, un courant côtier saisonnier chaud, au large du Pérou et de l’Équateur, est un exemple classique de ce que les climatologues appellent la téléconnexion : lorsqu’une anomalie dans une partie du monde, telle qu’un changement de pression atmosphérique autour de Tahiti, une île du Pacifique, peut être associée à une anomalie distante de plusieurs milliers de kilomètres, telle que la pression autour de Darwin, en Australie.
Au cours des dernières décennies, l’Arctique a connu plus que sa part de réchauffement à cause d’un phénomène appelé amplification de l’Arctique (il s’agit donc du réchauffement plus rapide de l’Arctique, comparé à la moyenne globale). À savoir qu’une perte de glace de mer, des courants océaniques plus chauds et une augmentation de la température moyenne de la vapeur d’eau dans l’atmosphère, ont augmenté deux fois plus vite autour des latitudes septentrionales.
Ces changements ont également été associés à des hivers plus rudes : un phénomène qui peut prêter à confusion pour les personnes qui supposent que le réchauffement climatique signifie forcément que nous pourrons un jour tous abandonner nos gants et nos écharpes en hiver.
Cette recherche récente a démontré comment des températures supérieures à la moyenne dans l’Arctique entraînaient un ralentissement de la croissance des plantes et une diminution de l’absorption de dioxyde de carbone dans les écosystèmes, notamment nord-américains.
L’équipe a confirmé le lien entre les conditions météorologiques anormales en Amérique du Nord et le réchauffement de l’Arctique. Ils ont ensuite utilisé un ensemble de modèles détaillés, appelé CMIP5 (Coupled Model Intercomparison Project Phase 5), pour identifier un lien entre les anomalies et une baisse de la productivité primaire brute.
En d’autres termes, il semble que le réchauffement de l’Arctique engendre également des hivers plus froids et moins pluvieux, ce qui réduira encore davantage la capacité des plantes à absorber le CO2, d’environ 14%.
« Même si nous parlons de l’Arctique, cela a des répercussions immédiates sur les endroits où nous vivons, en plus basse latitude », a déclaré Anna Michalak de l’US Carnegie Institution for Science. Ce que cela signifie en matière de séquestration du carbone, reste à déterminer.
À présent, les chercheurs souhaitent effectuer davantage de recherches afin de déterminer à quel point cet effet peut être généralisé. Il est également peu probable qu’il s’agisse d’une simple relation entre les températures de l’Arctique et les conditions météorologiques en Amérique du Nord, ce qui signifie que davantage de données sont nécessaires pour consolider les modèles existants.
De plus, la recherche pourrait impliquer la nécessité de considérer les cultures résistantes au gel et à la sécheresse, en prévision de nombreux hivers plus froids et plus secs.
Aux États-Unis, certains États tels que la Californie, connaissant déjà des conditions de sécheresse sévères à la suite de faibles chutes de neige. Des stratégies de gestion de l’eau pourraient être mises en place lors de périodes chaudes dans l’Arctique. Dans tous les cas, une chose est certaine : le réchauffement climatique ne connaît pas de frontières physiques. Nous sommes tous dans le même bateau.