Le réchauffement climatique est un phénomène observé depuis maintenant de nombreuses années, conforté par des analyses au sol et des données satellitaires. Malgré de forts indices pointant vers une responsabilité de l’Homme dans le processus, il était, jusqu’à maintenant difficile de distinguer rigoureusement l’impact des activités humaines et le réchauffement naturel. Toutefois, une nouvelle étude de grande envergure vient pour la première fois de démontrer que l’Homme est, sans ambiguïté, responsable du dérèglement des saisons.
Après avoir minutieusement analysé 38 ans de données satellitaires, des climatologues ont pour la première fois confirmé que l’Homme est responsable d’un important déséquilibre saisonnier, déréglant progressivement la « marche des saisons ». En tenant compte des incertitudes de mesure, les chercheurs estiment la probabilité à 5 sur 1 million que ces changements soient naturels et non liés aux activités humaines. Les résultats ont été publiés dans la revue Science.
Les climatologues enquêtent sans cesse afin de mettre en évidence des « empreintes » artificielles (liées à l’Homme) dans les données climatiques. Durant les dernières années, ils ont traqué ces empreintes dans les enregistrements de températures annuels et décennaux, dans la chimie océanique, dans les changements rapides affectant l’Arctique, et dans encore bien d’autres domaines. Leur investigation a révélé une irrégularité du rythme saisonnier dans l’atmosphère au-dessus des zones tempérées des hémisphères Nord et Sud.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Vous allez aussi aimer :
Le réchauffement climatique ralentit dangereusement la circulation de l’océan Atlantique
Alors que le réchauffement global n’est plus à démontrer, les étés dans la troposphère réchauffent celle-ci plus vite que les hivers ; ce phénomène ne trouve aucune origine naturelle et ne s’explique actuellement que par la présence de gaz à effet de serre. Les données satellitaires et les modélisations informatiques concernant les changements de température saisonniers s’accordent encore mieux entre elles que lorsqu’il s’agit de jauger la température moyenne annuelle.
Pour chaque année sur les 38 années (1979 à 2016) d’enregistrements satellitaires, Ben Santer et son équipe du Lawrence Livermore National Laboratory (USA) ont sélectionné la température mensuelle la plus basse (creux) et la plus haute (crête).
Dans les premières années, le différentiel s’est progressivement accentué jusqu’à considérablement s’accélérer vers la fin (2016). Santer attire ainsi l’attention sur les déconnexions fréquentes qui sont effectuées entre ces données et le réchauffement climatique, surtout lors de précédentes audiences devant le Congrès par l’administration Trump, qui ont tenté de minimiser la situation.
Bien que les modèles climatiques soient généralement imparfaits, les auteurs ont exploré différentes pistes pour expliquer ces données climatiques et ont ainsi pu réfuter la critique de certains scientifiques climato-sceptiques affirmant que les modèles climatiques surestiment le réchauffement planétaire. « L’explication affirmant que les surestimations du réchauffement sont uniquement dues à une erreur dans la sensibilité des modèles climatiques n’est pas crédible » indique l’étude.
Cinq des six groupes de données satellitaires montrent que le réchauffement climatique au cours des dernières années a dépassé le simple réchauffement naturel. « De nombreuses observations démontrent que le cycle des saisons est en train de changer, et ce n’est qu’un des phénomènes visibles quotidiennement avec la floraison précoce des arbres. Mais jusqu’à maintenant, un tel constat était difficile à distinguer, avec une signification statistique suffisante de la variation saisonnière naturelle » explique Friederike Otto, professeur de climatologie à l’université d’Oxford. Quant à Santer, il conclut en exprimant son inquiétude : « ce n’est pas le genre de chose pour lequel vous souhaitez avoir raison ».