Les intelligences artificielles conversationnelles, au-delà de leurs multiples applications, sont désormais particulièrement performantes dans la recherche d’informations. Grâce aux récentes avancées en « raisonnement » (en traitement du langage pour être exact), ces technologies surpassent déjà, dans de nombreux cas, l’efficacité des moteurs de recherche classiques.
Avec l’essor des chatbots et des systèmes d’intelligence artificielle qui les alimentent, une nouvelle ère s’ouvre pour la recherche en ligne : celle de la recherche conversationnelle. Là où les moteurs comme Google reposent sur une logique de mots-clés, obligeant les utilisateurs à formuler des requêtes relativement précises pour obtenir une liste de liens (ou de brefs résumés), l’IA conversationnelle propose une approche plus fluide et intuitive, avec des réponses détaillées si besoin.
En effet, les internautes se retrouvent parfois contraints de consulter plusieurs sites pour dénicher l’information pertinente. L’IA, quant à elle, transforme ce processus. Grâce à sa capacité à interpréter le langage naturel et à contextualiser les requêtes (notamment en prenant en compte les informations fournies précédemment), elle permet aux utilisateurs de poser des questions comme dans le cadre d’une discussion avec un interlocuteur humain. Les réponses, générées sous forme de texte, s’appuient désormais sur diverses sources en ligne, offrant ainsi des résultats précis et personnalisés, sans besoin de naviguer d’un site à l’autre.
Un avenir dominé par le « zéro clic » ?
Si cette méthode de recherche séduit par sa praticité et son accès direct à l’information, elle soulève de vives inquiétudes pour les éditeurs de contenu, notamment les webzines (magazines web) et sites d’information en tout genre. Ces derniers dépendent largement du trafic généré par les moteurs de recherche. Une baisse des clics se traduit directement par une diminution des revenus publicitaires.
La perspective d’un avenir dit « zéro clic », où les utilisateurs obtiendraient leurs réponses directement via des outils d’IA sans consulter les sites sources, effraie particulièrement les éditeurs. Selon un article du MIT Technology Review, cette évolution est fortement redoutée dans le secteur. Un autre point d’alarme concerne le détournement de contenus premium : l’article cite notamment un cas où la plateforme Perplexity aurait diffusé des informations issues d’un article payant du magazine Forbes sans autorisation.
Google face au défi de l’IA conversationnelle
L’émergence de la recherche conversationnelle ne signe pas pour autant l’arrêt de mort des méthodes traditionnelles incarnées par Google. Nombreux sont les utilisateurs qui continuent de privilégier le moteur de recherche classique pour sa diversité de contenus : articles, vidéos, images ou encore actualités. Google a également introduit des réponses directes sur sa page de résultats, permettant parfois de se passer d’un clic vers un site externe.
Pourtant, face à la montée en puissance de l’IA, Google a dû s’adapter. Depuis plus d’un an, le géant propose une fonctionnalité baptisée AI Overview, conçue pour traiter des requêtes complexes et fournir des réponses sous forme de résumés générés par l’IA.
Malgré ces avancées, les chatbots d’IA ne sont pas exempts de critiques. Leur tendance à produire des résultats erronés, voire incohérents – un phénomène surnommé « hallucination » – suscite la méfiance. Les réponses peuvent en outre varier pour une même question, rendant leur fiabilité relative. Ces limites expliquent en partie pourquoi de nombreux utilisateurs restent attachés à Google.
Cependant, l’évolution vers une recherche conversationnelle semble inévitable à long terme. Si les outils basés sur l’IA continuent de progresser en matière de précision et de fiabilité, ils pourraient bien redéfinir les pratiques numériques et, à terme, détrôner la méthode traditionnelle.
L’essor des IA conversationnelles ne redéfinit pas seulement la manière dont nous cherchons de l’information en ligne, mais il bouscule également tout l’écosystème des médias numériques. En automatisant l’accès direct à des réponses précises et par la multiplication accélérée des contenus générés par l’IA, ces technologies menacent de réduire considérablement le trafic vers les sites d’information traditionnels, mettant en péril leurs modèles économiques basés sur la publicité et les abonnements.
Pour mieux comprendre les conséquences de cette technologie sur les éditeurs de contenu et les médias en ligne, découvrez notre article faisant part de notre ressenti sur l’avenir incertain des médias face à l’intelligence artificielle : À cause de l’IA, voici ce qu’il adviendra des médias en ligne.