Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’une sonde martienne nous renvoie un cliché de cratère. Celui-ci est toutefois particulier, s’apparentant davantage à une souche d’arbre géante qu’à un cratère « ordinaire ». Ses dépôts, probablement riches en glace, semblent dater d’une époque révolue de la planète rouge.
Issue d’une mission de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de l’agence spatiale russe Roscosmos, la sonde ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) est arrivée sur Mars en 2016 pour commencer sa mission scientifique en 2018, survolant en orbite la surface martienne à environ 3 km par seconde, à près de 400 kilomètres ! Son point d’observation depuis le ciel lui permet de prendre des clichés à vol d’oiseau à l’aide de sa caméra CaSSIS (Color and Stereo Surface Imaging System).
La nouvelle image ressemblant étrangement à une souche d’un arbre (avec des anneaux concentriques comme relatifs à son âge) vient d’être publiée par l’ESA dans un communiqué. Il s’agit en réalité d’un cratère d’une dizaine de kilomètres de diamètre, photographié dans les vastes plaines septentrionales d’Acidalia Planitia : le lieu d’atterrissage sur la planète rouge du roman et film « Seul sur Mars ». Aussi appelée le « Colorado martien », c’est une région montagneuse riche en structures volcaniques diverses.
Des dépôts riches en glace qui datent d’une époque révolue
Comme souvent, observer de tels clichés permet aux chercheurs de mieux connaître la composition de Mars et l’histoire de sa formation. « Les anneaux des arbres fournissent des instantanés du climat passé de la Terre et, bien qu’ils se soient formés de manière très différente, les motifs à l’intérieur de ce cratère révèlent également des détails de l’histoire de la planète rouge », peut-on lire dans ce même communiqué.
D’après les scientifiques, l’intérieur du cratère est rempli de dépôts « probablement riches en glace d’eau ». Ces derniers proviendraient d’une ancienne époque de Mars, lorsque son inclinaison — ou axe de rotation — était différente et permettait la formation de glace : « Tout comme sur Terre, l’inclinaison de Mars donne lieu à des saisons, mais contrairement à la Terre, son inclinaison a changé de façon spectaculaire sur de longues périodes ».
En effet, selon les astronomes, les nombreuses oscillations dans la rotation de Mars ont fait basculer la planète dans une quarantaine d’âges glaciaires extrêmes et ont permis à d’épaisses couches de glace de se maintenir loin des pôles. Plusieurs sondes spatiales comme ExoMars TGO le relèvent après analyse des clichés qu’ils ramènent.
Par ailleurs, les polygones et fissures retrouvés sur le cratère témoignent de changements de saisons et de températures qui auraient provoqué des cycles d’expansion et de contraction de la glace, conduisant au développement de fractures.
L’histoire de l’eau sur Mars est au cœur des missions du vaisseau spatial, lequel « ne se contente pas de renvoyer des images spectaculaires, mais fournit également le meilleur inventaire jamais réalisé des gaz atmosphériques de la planète, avec un accent particulier sur les gaz importants sur le plan géologique et biologique, et cartographie la surface de la planète à la recherche d’endroits riches en eau », d’après les chercheurs. Dans le cadre d’une deuxième mission prévue pour 2023, le rover Rosalind Franklin continuera à chercher des signes de vie sur Mars, en explorant une région dont on pense qu’elle a abrité un ancien océan.