Le Bitcoin a beau être une monnaie virtuelle, il en va tout autrement de son impact sur l’environnement. Des chercheurs de l’Université du Nouveau-Mexique ont décidé de se pencher sur le problème et de sortir la facture environnementale de la cryptomonnaie. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle est salée.
Pour donner une meilleure idée de l’impact réel du minage de Bitcoin sur l’environnement, les scientifiques ont décidé de le comparer à diverses autres industries. On compare souvent le Bitcoin à de « l’or virtuel ». En réalité, affirment les auteurs de l’étude, son impact est davantage comparable à celui de l’extraction et du raffinage du pétrole, ou encore de la production de viande de bœuf. Autant dire que ce minage pèse lourd dans la balance environnementale. Le résultat de leurs recherches a été publié dans Nature.
Afin de pouvoir établir une comparaison entre ces productions très différentes, les chercheurs se sont notamment basés sur la consommation d’électricité. En effet, le minage de Bitcoin utilise de l’électricité, elle-même produite en majorité au moyen d’énergies fossiles. Ils ont estimé dans leurs calculs que 39% de l’énergie utilisée pour miner du Bitcoin était renouvelable. Tout cela leur a permis de calculer l’impact environnemental de la cryptomonnaie, notamment en matière d’émissions carbone. Afin de rendre la comparaison avec les autres produits plus parlante, ils ont également converti cet impact en coût financier.
Benjamin A. Jones et ses collègues Robert Berrens et Andrew Goodkind ont ainsi rapporté qu’en 2020, l’exploitation minière de Bitcoin a utilisé 75,4 térawattheures d’électricité (TWh). Soit une consommation d’électricité plus élevée que l’Autriche (69,9 TWh) ou le Portugal (48,4 TWh) cette année-là.
Fait troublant, en rapportant la consommation d’électricité à une valeur économique, ils ont même constaté que la production d’un Bitcoin coûtait « plus cher » que sa valeur économique. « À l’échelle mondiale, l’extraction ou la production de Bitcoin utilise d’énormes quantités d’électricité, principalement à partir de combustibles fossiles, tels que le charbon et le gaz naturel. Cela provoque d’énormes quantités de pollution atmosphérique et d’émissions de carbone, ce qui a un impact négatif sur notre climat mondial et notre santé », précise Benjamin A. Jones dans un communiqué. « Nous trouvons plusieurs cas entre 2016 et 2021 où la création d’un Bitcoin est plus dommageable pour le climat que la valeur réelle d’un Bitcoin. En d’autres termes, l’exploitation minière de Bitcoin, dans certains cas, crée des dommages climatiques supérieurs à la valeur d’une pièce. C’est extrêmement troublant du point de vue de la durabilité ».
Le Bitcoin échoue à trois critères de durabilité
Les scientifiques ont retenu trois critères afin d’évaluer la durabilité du Bitcoin. Ils ont cherché à savoir :
- Si les dommages climatiques estimés augmentent avec le temps.
- Si les dommages climatiques dépassent le prix du marché.
- Comment les dommages climatiques en tant que part du prix du marché se comparent à d’autres secteurs et produits de base.
Le Bitcoin a globalement montré des résultats désastreux pour ces trois critères. Entre 2016 et 2021, les émissions d’équivalent CO2 provenant de la production d’électricité pour l’extraction de Bitcoins ont été multipliées par 126, passant de 0,9 tonne par pièce à 113 tonnes par pièce. Les dommages ont connu un pic à 156% du prix des pièces en mai 2020. Pour résumer, on peut dire que chaque dollar US de valeur marchande de Bitcoin généré a entraîné 1,56 dollar US de dommages climatiques mondiaux pendant le mois en question.
« Nous ne trouvons aucune preuve que l’exploitation minière de Bitcoin devient plus durable au fil du temps », conclut Benjamin A. Jones. « Au contraire, nos résultats suggèrent le contraire : l’exploitation minière de Bitcoin devient plus sale et plus dommageable pour le climat au fil du temps. En bref, l’empreinte environnementale de Bitcoin évolue dans la mauvaise direction ». Contrairement à certaines études, les scientifiques se sont concentrés uniquement sur le coût environnemental, ce qui signifie que ce calcul n’inclut pas les coûts économiques de santé que le Bitcoin induit également par la consommation d’énergie fossile.