Il existe des preuves solides que les incendies arctiques sans précédent de l’été dernier ont survécu à l’hiver sous la forme de « feux zombies ». Les feux se sont rallumés ce mois-ci, ravageant à nouveau l’Arctique tandis que la neige est en train de fondre.
L’année dernière, des incendies intenses à travers le nord gelé de l’Arctique ont entraîné des émissions de carbone record, qui étaient comparables à celles de la Belgique toute entière, exacerbant de ce fait le réchauffement climatique (qui a rendu possible ces incendies dans un premier temps…).
Maintenant que les températures augmentent dans la région et que la neige recule, l’analyse par satellite des sites de brûlis de l’année dernière et des incendies qui ont éclaté ce mois-ci suggèrent que de nombreux incendies survenant en Sibérie en ce moment sont en réalité des feux zombies.
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Que sont les incendies zombies ?
Des incendies qui survivent à l’hiver ? Il est connu que certains incendies, certes terminés en surface, peuvent conserver un vestige d’activités sous terre : en effet, ces derniers peuvent continuer de brûler profondément dans le sol et couver un feu, même sans montrer des signes visibles d’activité au-dessus du sol. « Nous savons qu’ils sont réels et assez rares. C’est pourquoi voir autant d’endroits potentiels en Sibérie est intéressant : les images satellites sont étonnantes, en particulier celles qui montrent la fonte des neiges immédiatement suivie par des incendies qui apparaissent », explique Thomas Smith à la London School of Economics.
Dans une analyse basée sur les images des satellites Sentinel-2 de l’Agence spatiale européenne, Smith a identifié des empreintes de brûlures d’incendies en 2019 et des points chauds en 2020, et a constaté un chevauchement des incendies de juillet dernier et des feux qui sont apparus immédiatement après la fonte des neiges cette année.
Cela comprend des zones connues de la toundra au nord de la forêt boréale, où la tourbe souterraine pourrait couver le feu durant l’hiver. « Je pense qu’il existe des preuves solides quant aux incendies zombies », dit-il.
La nouvelle concernant ces incendies zombies survient au moment où un rapport de l’Alaska Fire Science Consortium a annoncé, la semaine dernière, que les gestionnaires du service incendie en Alaska avaient constaté que de tels incendies étaient bien plus fréquents au cours de ces deux dernières décennies. De manière significative, compte tenu des flambées record de 2019, les chercheurs ont constaté que les feux zombies étaient plus susceptibles de se produire l’année suivant une année de grands incendies… « Les nouvelles flammes réapparaissent généralement dans les 50 jours suivant la fonte des neiges », ont-ils expliqué.
Si davantage d’incendies survivent ainsi à l’hiver, c’est « une mauvaise nouvelle pour le changement climatique », affirme Smith. « Cela implique une augmentation des émissions nettes de carbone, étant donné que ce type d’incendies, par leur nature, couvent les feux dans le sol et la tourbe, brûlant à travers des réservoirs de carbone à long terme », a-t-il expliqué.
Mark Parrington, du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme au Royaume-Uni, fait écho au risque des effets indirects de tels incendies : « Si ce sont des feux zombies et qu’ils sont assez répandus dans les zones qui brûlaient l’été dernier, alors, dans les bonnes conditions environnementales, il pourrait y avoir un effet cumulatif de la saison des incendies précédente, alimentant la saison à venir et conduisant à un des incendies de longue durée dans la région », a-t-il expliqué.
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Cependant, sans avoir pu analyser les sols de manière précise, Smith estime que nous ne pouvons pas savoir avec certitude s’il s’agit effectivement d’incendies zombies, ou s’il s’agit de nouveaux feux allumés par des gens lorsque la neige a fondu. « Les incendies semblent si répandus et si soudains que j’ai du mal à croire que des humains auraient pu être partout à la fois dans un endroit aussi peu peuplé », estime-t-il. « Une autre raison de penser que ce sont des feux zombies est que le début des feux apparaît par endroits, plutôt que par les lignes ou par périmètres, qui sont plus probables si les gens provoquent un incendie », a-t-il ajouté.
Néanmoins, Anton Beneslavskiy de Greenpeace, en Russie, pense que les incendies intentionnels provoqués par des personnes sont plus susceptibles d’être la cause de ces feux en Sibérie, notant que des enquêtes antérieures ont démontré que la plupart des incendies débutaient près des routes et des sites d’exploitation forestière. Bien que ce dernier pense que les incendies zombies sont également possibles, « il n’y a aucune preuve claire qu’ils étaient à l’origine des incendies de la semaine dernière », a-t-il ajouté.
Comment atténuer les incendies zombies ?
« Une manière d’atténuer les incendies zombies consiste à surveiller davantage le terrain et parvenir à éteindre totalement les feux en hiver », explique Jessica McCarty de l’Université de Miami, en Floride. « La plupart des incendies zombies en Alaska ont été détectés parce que les chasseurs ou les motoneigistes signalent les emplacements au service forestier de l’Alaska. Sans cette information in situ, nous ne les trouverions jamais avec des données satellitaires, car ils sont souvent encore partiellement recouverts de neige », a-t-elle ajouté.