L’armée américaine finance le développement d’une intelligence artificielle capable d’apprendre et prédire l’activité du cerveau de ses militaires, afin de pouvoir exécuter certaines tâches à leur place.
Les progrès réalisés dans l’intelligence artificielle au cours des dernières années permettent son implantation dans de nombreuses technologies. L’armée américaine cherche à exploiter ces possibilités dans le but de s’adapter aux besoins des soldats, pour les aider au mieux dans leurs devoirs.
Des chercheurs du laboratoire de recherche de l’armée américaine et de l’Université de Buffalo aux États-Unis, ont publié cette semaine une recherche qui avait pour objectif d’analyser l’activité du cerveau des soldats durant certaines tâches spécifiques afin de les intégrer dans une IA en améliorant ses algorithme. Le but étant que cette dernière soit capable de répondre dynamiquement à leurs attentes.
« L’armée envisage un futur champ de bataille constitué d’équipes de soldats et de systèmes autonomes. Dans le cadre de cette vision, elle cherche à créer des technologies permettant de prédire les états et les comportements de l’individu afin de créer une équipe plus optimisée », explique le Dr. Jean Vettel, neuroscientifique du laboratoire de recherche de l’armée.
Les scientifiques étudient la coordination entre la structure et la dynamique du cerveau humain afin que l’IA puissent prédire le comportement des militaires et élaborer de nouvelles stratégies d’équipe.
« Dans les opérations militaires, les soldats exécutent plusieurs tâches à la fois. Ils analysent des informations provenant de sources multiples, naviguent dans des environnements tout en évaluant simultanément les menaces, en partageant la connaissance de la situation et en communiquant avec une équipe distribuée. Les soldats doivent donc constamment basculer entre ces tâches, ce qui signifie que le cerveau se déplace rapidement entre les différentes régions cérébrales nécessaires à ces différentes tâches », ajoute le Dr. Vettel.
« Si nous pouvons utiliser les données du cerveau au moment voulu pour indiquer quelle tâche elles accomplissent, l’IA pourrait réagir de manière dynamique et s’adapter pour aider le soldat à mener à bien cette dite tâche ».
Leur stratégie pour le futur développement de l’IA est d’étudier par une approche computationnelle la coordination des différentes régions du cerveau selon les tâches exécutées, afin de comprendre comment cela peut être caractérisé afin d’informer la prédiction comportementale.
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Les chercheurs ont cartographié les connexions entre les différentes régions du cerveau de 30 volontaires en observant le trajet de la substance blanche, un tissu connectant les différentes zones du cerveau et qui varie selon les individus.
Ils ont ensuite converti les différentes configurations obtenues chez chaque volontaire en modèles computationnels, pour simuler ce qui se passe dans le cerveau d’un individu lorsqu’une région est stimulée. Finalement, avec l’aide d’une infrastructure logicielle qu’ils ont développée, ils ont pu mesurer le niveau de synchronisation de l’activité du cerveau à travers les différents systèmes cognitifs.
L’auteure principale de la recherche, le Dr. Kanika Bansal, explique que les connexions varient selon l’âge, l’état neurologique du cerveau, ou encore l’apprentissage (qui les améliorent). Cette recherche a aussi pour but de comprendre ces variabilités et les conséquences du changement des connexions dans l’activité cérébrale. Les résultats obtenus aideront à l’optimisation d’une IA qui pourra non seulement être utile pour l’armée, mais aussi pour diverses tâches de regroupement.
« Alors que le travail a été déployé sur des cerveaux individuels d’une structure cérébrale finie, il serait très intéressant de voir si la coordination de soldats et de systèmes autonomes peut également être décrite avec cette méthode », déclare le Dr. Javier Garcia, neuroscientifique du laboratoire de recherche de l’armée. « Plutôt que la façon dont le cerveau coordonne les régions qui remplissent des fonctions spécifiques, vous pouvez penser à la manière dont cette méthode peut décrire des équipes coordonnées d’individus et des systèmes autonomes aux compétences variées, qui travaillent ensemble pour mener à bien une mission ».