L’intimité physique pourrait booster la cicatrisation avec l’aide de l’ocytocine, selon une étude

« …une voie potentielle pour les interventions psychosociales dans les contextes liés à la santé [physique]. » 

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Un essai clinique randomisé incluant 80 couples révèle que les contacts physiques intimes améliorent la vitesse de cicatrisation en étant combinés à l’ocytocine, aussi surnommée « hormone de l’amour ». De plus faibles niveaux de stress ont également été observés chez les couples entretenant des interactions fréquentes et affectueuses. Ces travaux indiquent que les interactions sociales peuvent jouer un rôle dans certains aspects de la guérison physique et mentale.

Des études ont montré que les relations sociales, en particulier les relations amoureuses, sont souvent associées à une meilleure santé globale et à une plus faible mortalité. Ces bénéfices sont davantage associés à la qualité de la relation plutôt que juste le simple fait d’être engagé dans une relation. D’autre part, plus les relations sont stables et durables, plus elles apporteraient de meilleurs résultats psychobiologiques.

Des recherches ont également démontré que des interactions répétées, affectueuses et intimes sont liées à une meilleure santé immunitaire et, par extension, une plus longue longévité. Des expériences menées sur des couples destinées à améliorer la qualité de leur relation ont montré une amélioration des résultats de santé chez les groupes souffrant de cancer, de maladies chroniques et de troubles mentaux.

Les données indiquent que les effets positifs des interactions sociales sont médiés par l’ocytocine. Des expériences ont établi une association entre l’augmentation de la sécrétion de l’hormone et le contact affectueux. L’apport d’ocytocine exogène accroît également la sensibilité tactile et réduit les niveaux de stress.

Cependant, les études examinant ces corrélations chez l’humain sont rares. Afin de combler les lacunes, des chercheurs de l’hôpital universitaire de Zürich et de l’université de Zürich ont exploré les effets des relations de couple de qualité combinées à l’ocytocine sur la cicatrisation. « Il a été démontré que le stress retarde la cicatrisation », expliquent les chercheurs dans leur étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry. « L’étude de la cicatrisation des plaies en tant qu’indicateur de santé physique et substitut d’un système immunitaire sain peut éclairer l’impact des interactions sociales sur la santé », indiquent-ils.

La qualité du lien conjugal : un facteur de guérison accéléré ?

La cicatrisation constitue un marqueur clinique pertinent pour la santé physique et immunitaire, car l’organisme subit des lésions physiologiques nécessitant d’être réparées. Une cicatrisation efficace chez les personnes en bonne santé reflète ainsi leur capacité d’adaptation aux contraintes physiologiques.

Afin d’explorer les effets des contacts intimes et de l’ocytocine sur la cicatrisation, les chercheurs ont effectué un essai en double aveugle sur 80 couples hétérosexuels en bonne santé, âgés en moyenne de 27,6 ans. Les participants étaient pour la plupart actifs professionnellement et diplômés d’une université. Leurs relations duraient en moyenne 4 ans.

Les chercheurs ont créé quatre plaies de succion standardisées sur les avant-bras de chaque volontaire en utilisant une technique de vide et de chaleur qui séparait le derme de l’épiderme. Deux des ampoules formées ont été percées lors d’une première consultation, tandis que les deux autres ont été percées lors d’une consultation de suivi à 24 heures. Chaque participant s’est auto-administré un spray intranasal contenant de l’ocytocine ou un placebo environ 50 minutes après la blessure. Ils ont également reçu des sprays à usage domestique à utiliser deux fois par jour (deux pulvérisations par narine) pendant cinq jours.

Environ 45 minutes après chaque pulvérisation d’ocytocine, les couples étaient assignés au hasard soit à une interaction structurée, la tâche d’appréciation du partenaire (PAT), soit à une interaction non structurée (nPAT). La première tâche consiste en une conversation de 10 minutes au cours de laquelle les partenaires abordent une liste de 23 caractéristiques positives de leurs relations telles que la confiance et l’attention. La seconde est une discussion libre. La fréquence des contacts intimes physiques au quotidien a également été mesurée en distinguant séparément le toucher affectueux et l’activité sexuelle.

Si la gravité des plaies a globalement diminué au bout de sept jours, l’ocytocine seule ou la PAT seule n’ont pas eu d’effet significatif. En revanche, l’ocytocine combinée à la PAT était associée à une meilleure cicatrisation, tandis que la nPAT combinée à l’hormone n’a pas eu d’effet notable.

Même chose pour les contacts intimes. L’ocytocine seule ou l’intimité seule n’a pas montré d’effet significatif sur la cicatrisation. En revanche, des contacts affectueux quotidiens plus fréquents dans le groupe ocytocine prédisaient une meilleure cicatrisation. Quant à l’activité sexuelle, un nombre plus élevé de relations sexuelles quotidiennes dans le groupe ocytocine était associé à une meilleure guérison des plaies.

« Ces résultats suggèrent que l’association de l’administration d’ocytocine à des comportements relationnels positifs pourrait favoriser la guérison physique, offrant ainsi une voie potentielle pour les interventions psychosociales dans les contextes liés à la santé », indiquent les chercheurs.

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Administration d’ocytocine et tâche d’appréciation du partenaire (PAT) : prédiction de la cicatrisation. A. Effet d’interaction entre l’ocytocine et le PAT sur la prédiction des scores de cicatrisation aux temps 1 à 3. B. Même modèle après exclusion de 2 cas influents. T1 : 1 heure après la blessure ; T2 : 24 heures après la blessure ; et T3 : 7 jours après la blessure. nPAT : groupe n’ayant reçu aucune instruction ; revPWAT : outil d’évaluation photographique des plaies révisé. © Ekaterina Schneider

Intimité, cortisol et ocytocine : une mécanique subtile

En analysant la corrélation entre les contacts intimes, l’ocytocine et le stress, les chercheurs ont constaté que l’administration d’ocytocine n’influençait pas de manière notable la probabilité de touchers affectueux ou d’activité sexuelle. En revanche, les niveaux de stress prédisaient le niveau d’intimité, indiquant notamment que les participants ont tendance à être plus affectueux lorsqu’ils sont détendus.

Toutefois, les mesures des taux de cortisol, « l’hormone du stress », ont montré qu’une activité sexuelle plus fréquente était associée à des taux quotidiens de cortisol plus faibles, indépendamment de l’administration d’ocytocine.

Néanmoins, ces observations suggèrent que l’ocytocine ne peut à elle seule agir comme un stimulateur de la cicatrisation ou un réducteur de stress. Elle doit, pour cela, être combinée à des interactions sociales riches et épanouissantes. « Cette étude a montré que le contact physique intime peut réduire la production de cortisol et, associé à l’administration d’ocytocine, favoriser la cicatrisation », concluent les chercheurs.

Source : JAMA Psychiatry
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